De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano
La statue de Minerve orne les temples maçonniques. Elle est placée près de la chaire du Vénérable Maître, avec celle d’Hercule et de Vénus qui contribuent à définir une sorte de « triade maçonnique ».
Selon le mythe, Athéna, assimilée par les Latins à Minerve, serait née “pleinement armée” de la tête de Zeus. Platon, dans ‘Cratilo’ , à propos de la déesse, attribue à Socrate la définition de “theu noesis“, qui signifie “pensée divine“, et déclare qu’Homère a représenté en elle le “nous“, c’est-à-dire l’esprit, et le ” dianoia », c’est-à-dire l’intelligence. Ajout de la formule « a theonoa », puisque « theonoe » signifie « intelligence divine », un sens tout à fait cohérent avec le concept et le rôle qu’occupe le Vénérable Maître dans la Loge.
Vénérée à la fois par les Étrusques et les Romains, Minerve était célébrée par les premiers le 19 mars, tandis que les seconds attribuaient deux jours fériés, les 19 et 23 mars, les deux dates étant, sans surprise, placées dans le mois dédié à Mars, le dieu intermédiaire de la triade romaine archaïque.
Elle était honorée aux côtés du dieu de la guerre comme preuve des relations symboliques et opératoires étroites qui existent entre les voies initiatiques qui prennent respectivement pour support le métier ou l’exercice des armes.
Minerve résume les deux sens, puisqu’elle n’est pas seulement proposée à l’Art et à la Science, mais a une fonction belligérante trop clairement exprimée par la possession d’instruments symboliques typiques de Mars : le bouclier et la lance.
Il incarne la sagesse de Jupiter lui-même, de la tête duquel il est sorti et de lui il a tiré la foudre, expression de la volonté divine sagement orientée.
On l’appelle aussi Pallas, en tant que dépositaire du palladium, une pierre tombée du ciel, sorte de Graal ante litteram , qu’Énée aurait apporté de Troie à Rome, préservant ainsi le dépôt de la tradition, assurant sa légitimité à une civilisation. C’est aussi pour cette raison qu’il est placé dans les Temples Maçonniques, pour vouloir garder, par sa présence, la Franc-Maçonnerie dans le monde à tout moment.
Sa disposition dans le temple n’est pas accidentelle : parmi ses attributs il y a celui de combat, mais avec des caractéristiques différentes de celles de Mars ; tandis que le premier représente la guerre comme la restauration de l’ordre, le second comme la destruction.
Penser à ses attributs militaires vient à l’esprit, tout d’abord, la lutte intérieure contre les “vices” et les “passions” que l’initié est tenu d’affronter sans relâche, visant à unifier et intégrer les “pouvoirs” initialement dispersés de sa propre individualité. .
En même temps, cependant, cette lutte ne peut que s’étendre à l’ensemble du milieu dans lequel se situe cette individualité car il s’agit en réalité d’une seule et unique « guerre », qui correspond d’ailleurs au travail constructif que le franc-maçon est appelé à jouer sur lui-même et donc, simultanément, sur le chantier du monde.
Dans le rituel maçonnique d’ouverture et de fermeture des travaux du temple, il appartient au Vénérable Maître qui célèbre la Sagesse :
Que la Sagesse éclaire notre Travail.
Que la Lumière de la Sagesse demeure dans nos cœurs.
La Sagesse dont on parle dans le domaine ésotérique est un savoir initiatique traditionnel et non une simple érudition historico-philosophique. Cette dernière agit plutôt comme un corollaire préparatoire à la Connaissance, entendue comme illumination spirituelle.
Partant de la racine étymologique de Minerve, il est mis en relation à la fois avec l’esprit, à la fois avec l’espèce humaine, et avec les facultés rationnelles.
La raison est le mode proprement humain de l’intelligence.
L’intuition intellectuelle peut être définie comme surhumaine parce qu’elle est une participation directe à l’intelligence universelle, qui, résidant au cœur, au centre de l’Être où se trouve le point de contact avec le Grand Architecte de l’Univers, le pénètre de l’intérieur. elle l’éclaire de sa lumière, qui rayonne dans tout l’être dans tous ses degrés et modalités.
Ce passage est d’une grande importance à des fins initiatiques et nous permet de comprendre l’attention qui, dans la voie maçonnique, est accordée au développement et à l’intégration corrects de tous les aspects individuels, en particulier de la raison, car cette faculté, seulement si elle est bien dirigée, est en mesure de refléter, dans la sphère humaine, les principes universels de la franc-maçonnerie.
La nature de la fonction de Minerve peut alors être considérée, de ce point de vue, comme “l’intelligence universelle” telle qu’elle se reflète et “se situe” dans l’être humain.
Sagesse, force et beauté.