Images de la réalité et réalités de l’imaginaire
René Cintré-Éditions Ouest-France, 2022, 282 pages, 23 €
Présentation de l’éditeur
Le Moyen Âge est très bavard sur l’animal, porteur de symboles à vocation moralisante et source de nombreux mystères, quant à sa biologie. L’auteur étudie ici tous les animaux familiers (ours, loup, cochon, chien, chat, oiseaux, abeilles, insectes…), leurs représentations allégoriques et leur rôle dans la vie de tous les jours (chasse, nourriture, peurs…), mais aussi les « habitants de l’imaginaire » (onocentaure, manticore, phénix, licorne, griffon, dragon, basilic, aspic, sirène…). Son travail nous éclaire sur les mentalités du Moyen Âge mais aussi sur le quotidien d’hommes à la fois très proches et très éloignés de nous.
Biographie de l’auteur
René Cintré, originaire de Fougères, professeur d’histoire à la retraite, travaille, depuis plus de quarante ans sur la période du Moyen Âge. Ancien professeur agrégé, docteur ès Lettres spécialisé en paléographie française, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la thématique des marches du royaume de France et du duché de Bretagne au Moyen Âge. Particulièrement attentif aux aspects de la vie ordinaire, ses travaux l’ont souvent amené à croiser le chemin des animaux peuplant le paysage et l’univers mental des habitants des villes et des campagnes au XVe siècle.
[NDLR : Dans son Jeux, réjouissances et distractions au Moyen Âge (Ouest-France, 2018), René Cintré présentait déjà un aspect très important de la société médiévale et nous racontait les jeux qui peuvent représenter aussi différents rites de passage liés aux âges de la vie et ses grandes étapes.
Nous lui devions, en 2012 et déjà chez le même éditeur, un Bestiaire médiéval des animaux familiers où, dans ce mythique Moyen Âge, l’auteur s’attachait à étudier les animaux familiers (ours, loup, cochon, chien, chat, oiseaux, abeilles, insectes, etc.), ainsi que leurs représentations allégoriques et leur rôle dans la vie de tous les jours.
Ce magnifique volume et ses nombreuses illustrations couleurs, qui peuvent le classer en beau-livre, font que ce Bestiaire du Moyen Âge-Images de la réalité et réalités de l’imaginaire couvre l’ensemble du monde animalier. Certains gardent encore en mémoire le Bestiaire du Moyen Âge (Éditions du Seuil, 2011) de l’historien médiéviste Michel Pastoureau.
Cette récente édition, comme une esquisse d’inventaire, prend en compte l’ensemble du monde animalier. N’oublions pas que certains animaux nous « contemplent » depuis plusieurs millénaires.
À commencer par ceux des textes bibliques. Du Veau d’or, symbole de l’idolâtrie, à l’âne et le bœuf de la Nativité, bestiaire de Noël où les animaux ont été les premiers témoins de la naissance du Christ, sans oublier ce navire construit sur l’ordre de Dieu, l’arche de Noé afin de sauver du Déluge, en plus de sa famille, toutes les espèces animales.
Et sous l’animal, il y a le symbole !
L’ouvrage s’ouvre sur « Des animaux comme ‘’figures d’exemple’’… » comme une introduction générale à la découverte des romans – Roman du Renard ; Roman de Fauvel – et des fables – Les Fables de La Fontaine ; Les Contes de Perrault – constatant que notre vision de l’animal réels ou imaginaires, pour ne pas dire de la bête, reste toujours prisonnière de notre héritage passé.
René Cintré passe en revue les meilleurs amis de l’homme, y compris ceux d’une basse-cour pour nous faire passer à un monde plus volatil avec les oiseaux de bonne et mauvaise « signifiance » que sont colombe, oie, héron, coq, cygne, paon, chouette, etc.
Par ailleurs, souvenons-nous que les enlumineurs médiévaux rendent grâce au Créateur en peignant les merveilles du monde animal. Certains animaux incarnent souvent l’affrontement entre le bien et le mal. Un bestiaire médiéval réalisé pour l’éloge du Créateur et l’édification du chrétien…
L’auteur nous conte les différentes histoires, récits fabuleux, croyances ou anecdotes de ces monstres, visibles, invisibles, hybrides ou non.
Récemment encore, le numéro 120 des Cahiers Villard de Honnecourt-Un regard différent sur la spiritualité… était intitulé Le bestiaire des Francs-Maçons et nous posait question sur le rapport entre animaux – phénix, aigle, pélican, agneau, serpent, colombe, chien, coq, etc. – et Art Royal.
Ou comment le bestiaire prête aux animaux personnalités et sentiments, parfois comparables à ceux des hommes. Pour servir d’exemple ? Une découverte passionnante et originale du monde animal et de ses enseignements.]