jeu 25 avril 2024 - 01:04

La Franc-Maçonnerie en ESPAGNE : Ses deux courants, marqués par les loges britanniques et françaises

De notre confrère espagnol elcierredigital.com – Par Maria Jesus Navarro

Amando hurtado, franc-maçon appartenant à la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique de France, explique à “elcierredigital” la différence entre les deux obédiences.

La Grande Loge d’Espagne est la plus connue des obédiences franc-maçonne espagnole. La récente élection qui a désigné comme « Grand Maître », Txema Oleaga, a mis l’accent sur l’association qui n’est cependant pas la seule à représenter ce courant.  La rédaction a contacté Amando Hurtado, membre de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique de France qui fait partie de la Franc-Maçonnerie Française, aussi appelée « irrégulière ».

Le nom de la Grande Loge d’Espagne est le premier qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque la franc-maçonnerie en Espagne. Récemment, les élections au poste de Grand Maître de cette association – qui ont été remportées par le sénateur du PSOE Txema Oleaga – ont révélé l’appartenance maçonnique de certains personnages publics, des politiciens et des avocats et ont mis en évidence l’institution, qui n’est cependant pas la seule.

« Il y a six obédiences maçonniques différentes en Espagne autres que la Grande Loge d’Espagne » , a expliqué Amando Hurtado , un Maçon appartenant à la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique de France. « La Grande Loge d’Espagne est un obédience maçonnique qui en Espagne n’a jamais été le courant traditionnel, bien qu’aujourd’hui il soit plus fort, car ils ont des politiciens et des gens très bien formés. Mais ce n’est pas la seule forme espagnole de franc-maçonnerie », poursuit-il.

Début de la franc-maçonnerie en Angleterre et en France

« La franc-maçonnerie est une institution philosophique, philanthropique et progressiste au niveau international, avec environ 300 ans d’ancienneté et dont l’objectif est de participer à l’amélioration morale et intellectuelle des hommes et des peuples en cherchant à obtenir la fraternité universelle ». C’est ainsi que la Grande Loge d’Espagne définit la franc-maçonnerie.

Ses 300 ans d’ancienneté remontent à l’année 1717 au Royaume-Uni . C’est là que les gentlemen londoniens ont fondé la Grande Loge d’Angleterre, un espace dans lequel ses membres (de différentes croyances religieuses) pouvaient librement partager leurs préoccupations et leurs idées. Afin de réaliser son développement personnel, la franc-maçonnerie est divisée en groupes appelés loges  qui sont sous les auspices des grandes loges nationales.

Après la fondation de cette loge, comme l’explique Hurtado à elcierredigital.com , “en 1751, à Londres, des membres de la Grande Loge d’Angleterre considérèrent que la franc-maçonnerie était déchristianisée, ils adoptèrent donc le nom de  ‘The Ancients’, bien qu’ils étaient plus modernes que les premiers, mais les modernes étaient supposés avoir déformé le christianisme.

Ces deux loges, séparées pendant des années,  « fusionnèrent en 1813 à la suite des guerres napoléoniennes. La position anglaise était complètement anti-napoléonienne et le besoin d’une fusion s’est fait sentir parce que « les anciens » étaient considérés comme pro-napoléoniens parce qu’ils étaient comme la franc-maçonnerie française », commente Hurtado. 

En conséquence, la Grande Loge de l’Angleterre Unie est formée. C’est l’actuelle Grande Loge dirigeante de la franc-maçonnerie régulière britannique.

Amando Hurtado, franc-maçon de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique de France.

Cependant, selon Hurtado, la franc-maçonnerie existait avant la création de la Grande Loge et a établi ses débuts en France avec l’ exil de Jacques II du Royaume-Uni vers les terres gauloises. « La franc-maçonnerie est passée en France avec les Stuarts qui y ont émigré. James Stuart, James II, quand il a été détrôné, est allé en France et avec lui sont venus des gens des loges d’Angleterre. En France, ils ont continué à travailler comme ils l’avaient fait en Angleterre. Ils ne dépendaient donc pas de la Grande Loge (qui n’était pas encore créée) ». Ainsi la Première Grande Loge de France fut formée en 1728 et elle changea son nom en Grand Orient de France en 1773.

« Il y a deux loges qui ne partagent pas les mêmes rouages ​​: l’école anglo-saxonne, qui est celle à laquelle appartient la Grande Loge d’Espagne, et l’école française, qui est celle à laquelle la franc-maçonnerie espagnole a toujours appartenu, jusqu’à la venue de Franco » explique Amando Hurtado.

Avec le régime de Franco vint la persécution des francs-maçons qui provoqua, après 40 ans de dictature, l’implantation de la branche britannique de ce courant : « La franc-maçonnerie britannique est ce qui s’est établi plus tard ici, en 1982 . Elle a été établie ici sur la base d’une loge française qui était à Barcelone » , ce qui a donné naissance à l’actuelle Grande Loge d’Espagne, confirme Hurtado.

Loges françaises et loges britanniques, différences

Comme précisé sur le site du GLE, « pour être membre il faut être un homme, âgé de plus de 21 ans, sans distinction de nationalité, de groupe social ou de religion, avoir un minimum de capacité à comprendre les notions philosophiques de l’Ordre et disposer d’une science, d’un art, d’un commerce ou d’un revenu ». Paroles confirmées par Hurtado : « Pour entrer dans la Grande Loge d’Espagne, vous pouvez avoir la religion que vous voulez, mais vous devez avoir une religion ».

Selon le Maçon, cette règle qui régit la Grande Loge d’Espagne vient des Britanniques , qui ont établi que « la première condition pour être Maçon dans une loge, dans la Grande Loge de l’école anglo-saxonne, est de croire en Dieu. Croire en Dieu et avoir un livre révélé. »

Grand Orient de France rue Cadet à Paris

Par contre, la partie française n’est pas d’accord avec celle-ci, elle dispose d’une « liberté absolue de conscience et de croyance ou de non-croyance » , selon Hurtado. Les Français sont ainsi régis par « l’article premier de la constitution de la première Grande Loge maçonnique, qui dit qu’il n’y a de religion que la naturelle. Et que les francs-maçons ne doivent appartenir à aucune religion mais à la religion naturelle, qui recherche l’honnêteté et la sagesse ». Ce principe est responsable du fait que dans les loges guidées par le courant français, les femmes et les athées peuvent être membres.

Hurtado considère l’évolution de la franc-maçonnerie d’une grande pertinence : « La franc-maçonnerie est un mouvement vivant , ce n’est pas une image fixe du XVIIIe siècle. Et je suis d’accord que la tradition est très intéressante, car la tradition apporte quelque chose. Nous apportons des choses du passé, mais tout le passé n’est pas valable dans le présent. Il est utile pour arriver au présent » , avoue-t-il.

Le franc-maçon explique également que la franc-maçonnerie « est une initiative qui se développe à partir de la Royal Society britannique , avec Newton, et qu’elle rend possible la liberté de penser et réunir un groupe ayant différentes opinions. Et c’est un mouvement œcuménique » dont la forme de réflexion se fait « à travers des symboles, parce que le symbole favorise l’imagination et est très ouvert. Un symbole peut avoir deux interprétations, comme il peut en avoir vingt ».

Compte tenu de tout cela, deux courants principaux coexistent dans la franc-maçonnerie  : le régulier , celui gouverné par la loge britannique ; et l’irrégulier , gouverné par les Français. Deux parties différentes au sein d’un même mouvement.

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