ven 29 mars 2024 - 10:03

“Visitez” la maison de René Guénon à Blois

« Visitez la ville de Blois » nous invite le site officiel de l’office de tourisme de Blois – Chambord : Le Château Royal de Blois, Visites & Balades à Blois, La Maison de la Magie, La Fondation du Doute, La Halle aux Grains, La Maison de la BD, Muséum d’histoire naturelle, etc. Que sais-je encore ?

Mais, rien sur la maison du célèbre René Guénon (1886-1951), pourtant né à Blois, aussi connu sous le nom d’Abd al-Wâhid Yahyâ, figure inclassable de l’histoire intellectuelle du XXème siècle.

Et pourtant presque chaque obédience possède à la matricule, sa Respectable Loge portant le nom du philosophe.

Effectivement, René Guénon est généralement présenté dans les dictionnaires et encyclopédies comme un « philosophe ». Marie-France James, essayiste canadienne, docteur ès-lettres de l’Université de Paris et vice-présidente du Centre d’information sur les nouvelles religions de Montréal, le définit même comme un « érudit franc-maçon et ésotériste ».

Concernant la maison où il est né, je ne dispose pas d’adresse et rien dans la rue Croix-Boissée ne permet de s’en faire une idée. Une « rue René Guénon » donne dans la rue Croix-Boissée ; elle a été créée, comme les bâtiments qui la bordent, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, sans doute après élimination des bâtiments existants.

A ce jour, en l’état actuel des recherches, rien ne permet de savoir s’il y a un rapport avec sa maison natale.

74, rue du Foix à Blois, la maison occupée par la famille Guénon entre 1894 et 1931.

Pour ce qui concerne la maison qu’il a occupée plus tard, l’adresse au 74, rue du Foix semble être la bonne. C’est une maison somme toute très banale, à priori du XIXe siècle, mais peut-être plus ancienne. Cette demeure a fait l’objet de rares travaux depuis cette époque comme la lucarne de toit, le revêtement. Elle héberge désormais un avocat, inscrit au Barreau de Blois, spécialiste en droit public, qui reçoit en son cabinet. Un logement semble être intégré à l’ensemble.

Si toutefois nous nous reportons à l’ouvrage de Claude Leymarios Blois en 100 dates (Tours, Editions Sutton, 2012) on y découvre que le Général Léopold Hugo, membre des Loges “L’Amitié” d’Aix-en-Provence et “La Concorde” de Bastia, et père du célèbre écrivain Victor avait acheté une maison au 73 rue du Foix, et Claude Leymarios précise « actuel n°65 » ; Victor y viendra en 1825 avec sa petite famille (il en parle dans une lettre de 1864 où il décrit le Vieux Blois et sa visite chez son père). Alors si l’ancien 73 est aujourd’hui le 65, le 74 est-il toujours le 74 ? D’autres maisons de ce côté de la rue peuvent prétendre à cette ancienneté.

Cela mériterait un temps d’investigation beaucoup plus long…

Par ailleurs, il nous est permis de douter. De tout.

René Guénon

En effet, Paul Chacornac nous dit que René Guénon après son mariage a installé sa famille à Paris, dans le petit appartement qu’il occupait depuis 1904 au 51 de la rue Saint-Louis-en-l’Île, dans le IVème arrondissement. Paradoxalement, l’ouvrage de Claude Leymarios qui ne nous précise pas les numéros de rues à Blois nous dit que René Guénon s’est installé à Paris au 54 de la rue Saint-Louis-en-l’Île. Alors que penser : 51 ou 54 ?

Concernant Blois et René Guénon, voici la version de Paul Chacornac (1884-1964), éditeur et un écrivain français, dans La vie simple de René Guénon” (Paris, Éditions traditionnelles, illustrations de Pierre Chaux, 1957 ; rééd. 1958 ; 1996) :

« … C'est à Blois, rue Croix-Boissée, dans le faubourg de Vienne, sur la rive gauche de la Loire, que naquit le 15 novembre 1886, René Jean Marie Joseph Guenon, d'une très bonne famille de la bourgeoisie catholique. Son père, Jean-Baptiste Guenon, architecte, et sa mère, née Jolly, étaient tous deux d'origine blésoise. Le jeune René fut ondoyé le 4 janvier 1887 et baptisé le 15 novembre de la même année en l'église paroissiale de Saint-Saturnin.
Quelques années plus tard, vers 1894, son père, alors architecte-expert de la Société d'Assurances « La Mutuelle de Loir-et-Cher » acquit, au 74 de la rue du Foix, dans le faubourg du même nom, sur la rive droite de la Loire, une maison avec jardin qui devint pour René Guenon la vraie maison familiale où il retournera presque chaque année jusqu'à son départ de France[…] L'année 1912 devait également marquer un changement dans la vie privée de René Guenon. Chaque année, à l'époque des vacances, il se rendait à Blois pour y retrouver ses parents et sa tante, Mme Duru. Cette dernière, devenue institutrice libre à Montlivault, petit village à dix kilomètres de Blois […] En octobre 1918, René Guenon rentra en France et alla avec sa femme s'installer à Blois dans la demeure de la rue du Foix ; quelque temps après, il fut nommé professeur de philosophie au collège de cette ville, tandis que le Dr Lesueur, revenu lui aussi d'Afrique du Nord, était nommé conservateur du château. »

Que notre Bien Aimé Frère Pascal D. soit, ici et maintenant, remercié pour la photo de la maison de René Guénon et pour sa très large contribution à ce texte.

La maison occupée par la famille Guénon entre 1894 et 1931 est sise à Blois, 74 rue du Foix et non dans la rue René Guénon située entre la rue Croix Boissée et rue Pierre Mosnier.

Source : site officiel de l’office de tourisme de Blois – Chambord

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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