lun 25 novembre 2024 - 08:11

Quel est le symbolisme du pain ?

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

La terre qui engendre le blé, l’eau qui pétrit la farine, l’air qui favorise la levée, le feu qui la cuit contribuent à sa naissance. Terre, Eau, Air, Feu : les quatre éléments primordiaux se rejoignent dans l’aliment primordial de l’histoire humaine : le Pain. Un poème, on peut dire, auquel le ciel et la terre ont mis la main.
Cesare Marchi

Le pain, un symbole de recherche de pureté.

Souvent, parmi les frises des cathédrales, vous pouvez voir le moulin et l’homme qui recueillent la farine. À première vue, cela semble une scène commune, en réalité, elle transmet un savoir alchimique et spirituel. Dans un sens symbolique, le moulin mystique est l’instrument par lequel une sagesse du passé devient sagesse du présent.

La nourriture mystique qui conduit à la transmutation de l’Être est le “Pain”, c’est-à-dire le “Pain de Vie”, symbole de la Nouvelle Conscience dont Jésus, sous les traits du Grand Initié et non seulement en tant que fils de Dieu , était le porteur pour le transmettre “à ceux qui sauront l’accueillir, les soi-disant Hommes de Bonne Volonté”, capables de dompter leur Ego.

Le pain apporte avec lui des souvenirs, des valeurs symboliques, des traditions qui vont au-delà de la simple alimentation du corps ; il nourrit aussi l’esprit. C’est sa particularité : être à la fois nourriture et signe.

Dans les différentes typologies, il véhicule des messages et des significations culturelles à travers ses formes, qui peuvent être variées : symbolique géométrique, végétale, florale, anthropomorphique, astrale, iconographie gréco-romaine et judéo-chrétienne.

Les cultures antiques donnent au pain une symbolique forte

Histologiquement et religieusement, les cultures méditerranéennes, font allusion à une nourriture privilégiée, mais aussi au don le plus fréquent que l’homme fait à Dieu. Depuis l’Antiquité, le pain est un aliment sacré qui est introduit dans les rituels et les liturgies.

Dom Pernety écrit ces mots sur la fermentation et le symbolisme du pain :

Le ferment est dans le travail comme le levain est dans la panification. Le pain ne peut être fait sans levure, tout comme l’or ne peut être fait sans or. L’or est donc l’âme de ce qui détermine la forme intrinsèque de la pierre.

Nous n’avons pas peur d’apprendre à faire de l’or et de l’argent, comme le boulanger qui fait du pain, qui n’est qu’un mélange d’eau et de farine moulée et fermentée et ne diffère l’un de l’autre que par la cuisson.

De même, la médecine dorée n’est qu’une composition de terre et d’eau, c’est-à-dire de soufre et de mercure fermentés avec de l’or ; mais avec un or renouvelé. Car de même qu’on ne peut pas faire de levain avec du pain cuit, de même l’or ne peut pas être fait avec de l’or vulgaire, tant qu’il reste de l’or vulgaire.

Le mercure, ou eau mercurielle est cette eau, le soufre cette farine qui devient aigre avec une longue fermentation devenant levure, avec laquelle on fait de l’or et de l’argent. De même que la levure se multiplie éternellement et sert toujours de matière à faire du pain, la médecine philosophique se multiplie aussi et sert éternellement de levain à faire de l’or.

Le symbolisme du pain a une valeur sacrale

On peut saisir sa valeur sacrée à partir d’un simple constat : partout sa production, sa préparation et sa consommation s’accompagnent de gestes, de prières, de formules et de rites de propitiation et d’action de grâces.

En franc-maçonnerie, le symbolisme du pain a un rôle fondamental.

Le Néophyte, dans le Cabinet de Réflexion, trouve du pain et une cruche d’eau, qui rappellent le concept d’Essentialité, capable de satisfaire les besoins de la vie matérielle. En fait, le Sage se contente toujours du nécessaire, n’aspire jamais au superflu.

Le pain occupe une place de première importance dans le beau rite de l’Agape, conservé jusqu’à aujourd’hui par la Tradition initiatique, aux valeurs alchimiques, magiques, astrologiques, qui initie aux mystères hermétiques célébrés les jours solsticiaux et équinoxiaux, pour affirmer et consolider l’opérationnel travail intérieur et bénéfique pour son humanité cellulaire et, par conséquent, pour toute l’humanité en général ; nous mangeons en compagnie, “cum Panis” , pour transmuter la nourriture matérielle en énergie spirituelle. La franc-maçonnerie conserve et transmet cet office sacré de l’amour eucharistique aux nouvelles générations de frères !

Comme Repas Sacré, les aliments consommés, en particulier le Pain et le Vin, ont des significations symboliques analogiques avec des éléments vrais et réels qui se rencontrent dans le corps humain.

Pour confirmer, je citerai quelques phrases du Maître prononcées lors de la Dernière Cène :

Je suis le Pain de vie, le pain vivant descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Maintenant, le pain que je donnerai, c’est ma chair. Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas de vie en vous. Car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.
Giovanni, 48 et suiv.

Prenez, mangez : ceci est mon corps…
Mattia 26,26

La Transmutation créatrice du pain

Dans le passage de l’Evangile le Mathieu, clairement l’invitation faisait référence à “son propre pain”, comme principe créatif, de couleur blanche, avec l’arôme du pain fraîchement cuit ! Énergie déjà transmutée et sublimée.

Dans le rite Agape on utilise le cuit sans sel, comme celui mangé par les juifs fuyant l’Egypte, sans goût et sans levain. Le pain sans levain est lié à l’initiation solaire et à son mystère de mort et de résurrection.

Le rompre est l’un des gestes les plus significatifs du participant au rite Agape, car, par analogie, il représente se faire en deux et offrir une partie de soi à son frère. Il est aspergé de sel, symbole de Sagesse, et l’initié assis à droite fera de même avec son voisin et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il boucle le cercle.

Avec cet échange énergique commence le rite, dans lequel tous les participants sont des « prêtres officiants », exactement comme Jésus l’a enseigné à ses disciples ; Lui, en tant que le plus humble des Maîtres, considérait tout le monde d’égal à égal; puisque le rite de l’Agape était choral, les membres participaient de la même manière et dans cette “communion des âmes”. Le symbolisme du pain est la plus grande énergie d’Amour à se révéler, c’est-à-dire dans la Beauté Agape – l’Esprit Saint !

1 COMMENTAIRE

  1. Le mot pain est issu du latin panis, dérivé du sanscrit pâ, nourrir. Il est étroitement associé à la symbolique du blé.
    Vers 1850-1800 avant J.-C., les premières récits bibliques évoquant le pain sont mentionnées dans la Genèse 3,19 lorsque Adam fut chassé du jardin d’Éden, il lui est dit : «C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre d’où tu as été pris.»
    C’est au cours de la civilisation sumérienne (5000 à 2230 av. J.-C.) que remonte l’écrit le plus ancien concernant la fabrication du pain levé. À Sumer, les boulangeries étaient rattachées aux temples ; là, étaient préparés les gâteaux utilisés pour les rituels du temple. Selon l’historien George Contenau, ces boulangers «préparaient les gâteaux sacrés que les dévots de la déesse Ishtar [l’Inanna babylonienne] émiettaient et laissaient pour ses colombes». Le grain était considéré comme la personnification d’Inanna et la farine était une substance sacrée tirée de son corps.
    L’Égypte avait assimilé le pain et le blé avec la lumière, les cycles de vies et l’éternité. Ainsi, manger le pain consistait à se nourrir du mystère universel, du triomphe de la vie sur les forces destructrices de la mort. Une inscription des pyramides déclare qu’en mangeant du pain, un défunt «avale l’esprit, avale le savoir et l’intelligence du dieu».
    Pour les Grecs, le pain et le vin sont les signes d’une existence libérée de la sauvagerie. La «vie au blé moulu», supposant la domestication de la terre et l’organisation du temps et des saisons, est ainsi complémentaire de la maîtrise des forces obscures que représentent les puissances d’ivresse et de folie. L’une et l’autre constituent les conditions d’un équilibre (toujours précaire) de civilisation.
    Dans sa longue histoire, jusqu’au XVIIIe siècle, le pain, l’aliment de base, était le symbole du sacré, de l’espoir, de la justice et de la stabilité.
    Le compagnon est celui qui partage le pain. Le repas en commun est l’acte communautaire par excellence. Il est le signe et la source de l’unité. Il signifie l’union fraternelle des participants qui se nourrissent de la même substance et qui la répartissent équitablement. Il opère cette unité au moyen de l’action elle-même de réunion et de partage et au moyen de l’absorption d’une substance identique qui, intériorisée, transfigurera chacun des participants. Le partage du pain occasionne l’incarnation de la substance, en vertu du principe que nous devenons ce que nous mangeons : «Mangez du pain, mangez Osiris, le dieu gain pousse, Osiris renaît.»
    Le pain se dit en hébreu לחם de valeur 78. Partager en deux (39) il devient le kouzou (כוזו), la mise en mouvement du tétragramme (en faisant avancer d’un pas chaque lettre du יהוה cela donne כוזו de valeur 39) mais aussi la rosée tal (טַל de valeur 39).
    Parce qu’il y a partage du pain et du vin, il y a surgissement par l’éthique de la métaphysique, secret de l’eucharistie. À remarquer qu’en hébreu, «je suis avec [le] pain» (י 10 + י 10 + ם 40 + ו 6 + ל 30 + ח 8 + מ 40 ) a pour valeur guématrique 144 de même valeur que l’expression אחלקה qui veut dire «Je partagerai». C’est ce qu’Emmanuel Lévinas développe magistralement dans son livre Le temps et l’autre.
    Au centre de la pensée kabbaliste, il y a le pain quotidien, le pain azyme, le pain du ciel et le pain de la honte (écouter le développement Grand est le manger par Marc-Alain Ouaknin : (youtube.com/watch?v=FYCXMftPadI)
    Le pain est présent dans le cabinet de réflexion. Il prend sens comme nourriture des Mystères, comme triomphe de la vie sur la mort comme dans le tombeau égyptien, comme dans la résurrection évoquée dans la Bible ; oui, pareille à la rosée du matin est ta rosée: grâce à elle, la terre laisse échapper ses ombres (Isaïe 26,19 טַלֶּךָ אוֹרֹת טַל כִּי).
    Remarquons que le sel (מלח) et le pain (לחם), en hébreu ont la même valeur guématrique,78, et sont des anagrammes l’un de l’autre.

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