Bernard E. Jones – Traduction & adaptation Georges Lamoine, Gérard Icart
Cépaduès, Coll. de Midi, 2021, 400 pages, 30 €
Bernard E. Jones (1879-1965), éminent Franc-Maçon de la Grande Loge Unie d’Angleterre, était
membre de la Quatuor Coronati Lodge N° 2076, la plus ancienne des Loges de recherche au monde qui consacre ses travaux exclusivement à la maçonnologie. Connu pour sa rigueur, il reste une autorité largement reconnue ayant écrit sur l’histoire, les croyances et les symboles de la Franc-Maçonnerie régulière et de tradition. À titre d’exemple, son « The Freemasons’book of the Royal Arch » (George G. Harrap & Co. Ltd, London, 1957) est une publication de toute première importance dans la littérature maçonnique anglo-saxonne.
« Freemasons’ Guide and Compendium », en français « Guide & Compendium du Franc-Maçon », est publié pour la première fois en 1950. Véritable recueil rempli d’informations authentiques et détaillées sur une grande variété de sujets liés aux maçons et à la maçonnerie, il a été maintes fois réédité.
Cette dernière livraison des éditions Cépaduès est de très belle facture.
Traduit et adapté par Georges Lamoine, professeur émérite, qui avait déjà transcrit de Bernard E. Jones « L’Arche Royale des Francs-Maçons » (Aureus édition, 2018) – une édition critique et préface de Jean Solis, révisé par Harry Carr (OE) ; une façon aussi de bénéficier de sa sagesse et de ses connaissances – et Gérard Icart, maître d’œuvre de la collection « Transmettre l’Histoire » et Grand Chancelier de la Grande Loge Nationale Française, ce compendium couvre bien plus que trois siècles de Maçonnerie.
Mais qu’est-ce qu’un compendium ?
Le terme littéraire « compendium » tire son origine du latin médiéval compendium ou compenso (peser ensemble, équilibrer). Il signifie primitivement « l’argent qu’on amasse », puis « profit », par la suite une « économie de temps », un « raccourci » et finalement un « abrégé », un « résumé », « un condensé ». Le compendium est donc un écrit qui, le plus souvent, concerne, sous la forme d’une compilation, un corpus de connaissances. Ici, l’Art Royal.
Les six livres qui composent la colonne vertébrale du livre traitent tant des aspects historiques que symboliques. En Loge et même au-delà de la Loge nous conduisant à travers les arcanes de « L’Arche Royale, la Maçonnerie de Marque et les grades alliés ».
John Herron Lepper, P.G.D., bibliothécaire et conservateur de la Grand Loge Unie d’Angleterre, qui signe l’avant-propos, nous l’écrit : « Ce livre a pour but de rendre disponible sous la forme et un format commodes toutes ces avancées dans notre connaissance grâce aux historiens et aux chercheurs maçonniques de ces soixante dernières années […]. Cet ouvrage est unique en ce qu’il fournit au lecteur qui n’a guère le temps de lire beaucoup la substantifique moelle de ce que deux générations de recherches maçonniques ont accompli… »
Avant de s’intéresser à la Maçonnerie opérative, Bernard E. Jones nous donne un bref aperçu de la maçonnerie dite d’architecture vu par les Francs-Maçons – architecture orientale : Égypte, Palestine Grèce, Rome – ainsi que les débuts de l’architecture… puis de celle allant de l’Empire romain, y compris chrétienne au monde anglo-saxon.
Ensuite, c’est le statut du maçon opératif au Moyen Âge qu’analyse l’auteur avant de s’intéresser à celui du maçon itinérant tant en Angleterre qu’en France. Il y eut même un statut du maçon migrant, à la recherche d’embauche sur un chantier à travers l’Europe. Sont passées en revue les nombreuses guildes anglaises – fright guilds ; guilde de Knighten ou des chevaliers ; guildes des marchands et de smétiers – puis françaises à l’époque médiévale ainsi que le Compagnonnage.
La Compagnie des francs-maçons de Londres fait l’objet d’un chapitre tout particulier, analysant l’origine de cette fraternité dont nous trouvons trace bien avant 1376.
Ensuite, l’auteur abordent tout naturellement l’apparition de la maçonnerie spéculative et notamment son émergence la fin du XVIIe siècle et s’interroge même sur une origine éventuellement allemande.
Son Livre III met l’accent sur les Grandes Loges de 1717 à 1813 avec notamment la première Grande Loge en 1717.
Bernard E. Jones pose la question de savoir comment les grades maçonniques nous sont parvenus et combien il y en avait au début. Il décrypte ensuite la réception d’un candidat analysant point par point les différentes phases d’une cérémonie de réception, sans oublier celles des deuxième et troisième grades, ainsi que la légende hiramique. Puis l’auteur décrit ensuite une galerie de tableaux des saints des francs-maçons : les deux Saint-Jean, bien évidemment, mais aussi saint Thomas, sainte Barbara qui peut sembler surprenant, Saint George et les Quatre Martyrs Couronnés.
Quant à tout ce qui touche à la Loge – noms et numéros, constitution, orientation, autel, colonnes, grandes lumières et lumières secondaires, etc. – et les différents Offices, Bernard E. Jones les examine très minutieusement. Nous retiendrons plus particulièrement son explication de la louve du tailleur de pierre, instrument utilisé pour soulever et abaisser les blocs de pierre au cours de la construction.
L’ouvrage s’achève sur une étude des side degrees, car en Angleterre – on ne parle pas de hauts grades – il existe bien sûr des systèmes maçonniques « beyond the Craft » (au-delà du Métier).
Ce livre est d’une grande richesse et deviendra vite votre compagnon de tous les jours.
Nous ne saurions trop le recommander à votre attention car vous ne pourrez guère vous poser de questions dont il ne contienne la solution. Il s’agit bien là, reprenant une des significations possibles du terme compendium, d’un ouvrage rédigé pour notre plus grand profit.