De notre confrère l’Alsace – Par par Clément TONNOT
Pierre-Marie Adam, Grand maître de la Grande Loge de France, a donné hier vendredi une conférence au Pôle média culture à Colmar. L’occasion de lever quelques idées reçues sur une franc-maçonnerie qui suscite toujours autant de fantasmes.
Ancien commissaire de police aux Renseignements généraux, Pierre-Marie Adam est depuis 2018 le Grand maître de la Grande Loge de France (GLDF), une des plus importantes obédiences maçonniques du pays avec 33 000 membres – la deuxième derrière le Grand Orient et ses quelque 50 000 adeptes. Non mixte, libre en matière de croyance religieuse, la Grande Loge se présente comme « un pôle de référence d’une franc-maçonnerie de tradition, de spiritualité et d’humanisme ».
Pierre-Marie Adam, ça veut dire quoi, aujourd’hui, être franc-maçon ?
Cela veut dire réfléchir sur ce qu’on est et ce qui nous motive. S’intéresser ensuite au sens que nous devons donner à notre existence et à l’action que nous devons avoir dans le monde. Tout cela est soutenu par une réflexion spiritualiste, une espèce de conscience morale universelle. On cultive des valeurs humanistes : le respect de l’autre, la liberté, l’égalité, la fraternité, tout ce qui participe à construire une communauté humaine bienveillante et harmonieuse. Et cet humanisme est porté par la croyance que nous devons nous dépasser : sortir de ce que nous sommes pour être plus et mieux.
La franc-maçonnerie sort de l’ombre depuis plusieurs années. C’est le but de cette série de conférences ?
Nous sommes toujours regardés avec suspicion. C’est pour ça que nous essayons de faire comprendre que nous sommes un courant de pensée, peut-être plus discret que d’autres, mais avant tout des gens normaux qui essaient de donner du sens à leur existence. On essaie de démythifier et démystifier ce qu’est la franc-maçonnerie.
« Un objectif de bienfaisance, pas de trafic d’influence »
Vous traînez toujours l’image d’un réseau d’influence…
Oui, la franc-maçonnerie est un réseau, mais avec un objectif de bienfaisance, pas de trafic d’influence. Nous avons nos règles et nous sanctionnons les mauvais comportements. Ceux qui viennent pour de mauvaises raisons sont souvent vite partis, car ils se rendent compte qu’on les sert moins qu’un club de tennis… Mais c’est vrai que cette image nous colle à la peau. Ça et le goût du secret, où le soupçon naît de notre discrétion. Il n’y a qu’à regarder les marronniers dans les hebdomadaires sur le pouvoir des francs-maçons, qui font toujours vendre.
La franc-maçonnerie souffre-t-elle de la crise de l’engagement collectif ?
Nous avons perdu environ un millier de frères suite à la pandémie, mais les départs ont été en partie compensés par de nouveaux initiés. Le confinement a plutôt réveillé le besoin de spiritualité et l’envie de trouver du sens à son existence. Il y a une vraie demande chez les jeunes, les trentenaires, d’une recherche spirituelle qui ne soit pas dogmatique, imposée, mais qui permette à chacun de se réaliser.
Pour celles et ceux qui ne connaissent aps la biographie de Pierre-Marie Adam, voici quelques éléments, sauf erreur ou omission de ma part.
Né à Maubeuge (Nord) il y a 76 ans, Pierre-Marie Adam vit près de Valenciennes.
Père de deux enfants, son épouse en a elle cinq (donc sept au total). Il a travaillé presque toute sa carrière dans la police, notamment au sein de la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG), souvent appelée Renseignements généraux (RG).
Il est ensuite chargé de mission pour la Sécurité et la Prévention à Maubeuge, puis directeur de cabinet à Vandoeuvre-lès-Nancy. A la base, il a une formation en philosophie (maîtrise), en droit public et en droit pénal.
Initié en 1983 dans la Loge « Les Droits de l’Homme », à l’Orient de Maubeuge, Pierre-Marie Adam fréquente désormais surtout la Loge « L’Arche du Hainaut » à Valenciennes. Il a successivement été membre du Jury Fraternel, instance de justice maçonnique (2003-2009), puis a été Grand Secrétaire Adjoint (2009-2011) et Grand Secrétaire (2011-2012), avant d’occuper l’Office de Grand Orateur (2013-2016) et la charge de premier Grand Maître Adjoint en 2017.
Lors du Convent de la Grande Loge de France le 16 juin 2018, notre Frère Pierre-Marie a obtenu 418 voix (51,2 %) et Thierry Zaveroni 398 (48,8 %). Reconduit depuis, il occupe toujours cette haute charge.