On évoque plus que jamais la personnalité d’un despote non éclairé qui mène actuellement une poutine de vie à l’Europe entière et nombre d’experts qui partagent la syllabe « psy » à des titres divers se relaient en France, sur les plateaux de télévision, pour assurer, la voix grave et la main sur le cœur, que le « dictateur personnel » – qui est ainsi monté en grade, depuis qu’il n’est plus seulement considéré comme un autocrate corrompu – serait un dangereux paranoïaque présentant, toutefois, un moindre risque par rapport à un psychotique profond… Dieu soit loué !
C’est pourquoi l’ancien tchékiste (soit dit par filiation historique et en référence à sa propension marquée pour le sadisme… qu’il a largement prouvée sur d’autres théâtres d’opération !) se sent, le pauvre, fort menacé, au point qu’il effleure du doigt le bouton rouge qui ferait exploser la planète. Il ne faut pas le contrarier ; sinon, il redouble de colère et l’on risque les pires représailles. Ce n’est pas, pour autant, qu’on peut se contenter de marcher sur des œufs car il ne connaît pas de limites. Apparemment, il n’entend ni n’articule qu’un langage : celui de la force. À défaut de pouvoir lui passer une camisole du même nom, on doit lui montrer une inflexible volonté, afin de l’amener à la table des négociations, malgré sa trop improbable sincérité.
Je me suis interrogé, ces jours-ci, sur la familiarité qu’entretiendrait la criminologie avec la kremlinologie, au-delà des hasards de la paronymie et de la disparition même du régime soviétique, transformant, en quelque sorte, ce domaine d’étude en celui d’une malédiction endémique : je m’en rapporte aux démonstrations du très médiatique ancien Grand Maître du Grand Orient de France, Alain Bauer, qui fait pédagogiquement la jonction.
Alors, oui, la franc-maçonnerie qui éduque à l’écoute de l’autre, à l’apprentissage mutuel, à la tolérance et au respect, se situe aux antipodes de la paranoïa. Elle parie sur l’Homme et prône son droit à déterminer son destin, sans atteinte à la liberté d’autrui. Nous savons, Mes Sœurs et Mes Frères, que, loin d’être une panacée, elle n’en demeure pas moins un bon traitement.
Je laisse à chacun le soin de savoir lire. J’espère, pour ma part, user d’assez de subtilité pour que mes propos, furtivement ironiques, ne soient jamais frappés à l’emporte-pièce. J’ai repris les symptômes les plus flagrants sur lesquels se fondait ce concert d’opinions surgissant tout à coup dans cette actualité tragique et, dans ce billet qui s’efforce de conserver à peu près le même style, je m’en suis servi comme d’un tremplin pour montrer que la franc-maçonnerie combat par nature tout risque de paranoïa, en pratiquant des vertus républicaines qui s’opposent point par point à tout régime dictatorial. Voilà ce sur quoi je voulais insister. “Comprenne qui voudra,” comme disait Georges Pompidou, dans un tout autre contexte, citant le célèbre poème de Paul Éluard…
Avant d’appliquer le mot paranoïa à un homme ou une femme politique, il faudrait l’appliquer à beaucoup en Europe dans le cadre de ceux qui gouvernent.
Attention aux clichés et ne pas être le lave plus blanc de la culture.