Diane Perry naît en 1943 et grandit à Londres. Enfant, elle éprouve un ardent désir de solitude et de perfection ainsi qu’une attirance particulière pour l’Asie. Livres et reportages lui font découvrir le bouddhisme. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait. Elle l’adopte.
À vingt ans, elle part pour l’Inde, puis rejoint l’est du Tibet où elle rencontre son maître spirituel et décide de se consacrer aux enseignements de son guide avec constance et détermination. Désormais, elle est Tenzin Palmo. Trois semaines à peine après cette rencontre, elle est l’une des premières Occidentales à être ordonnée nonne lors d’une cérémonie dont les femmes ne pouvaient bénéficier dans la plupart des pays bouddhistes. Elle-même est l’unique nonne parmi les cent moines du monastère tibétain où elle vit et affronte la discrimination sexuelle. Isolée mais incroyablement déterminée, elle fait le vœu d’atteindre l’Éveil – l’état de Bouddha – en tant que femme et d’améliorer le sort de ses consœurs.
Elle se retire donc dans une petite grotte du Lahoul, à la frontière indo-tibétaine, à quatre mille mètres d’altitude. Les montagnes et la neige la coupent du reste du monde.
Elle a trente-trois ans. Douze années durant, elle va se consacrer à d’intenses méditations, assise dans le petit caisson traditionnel réservé à cet exercice, jamais allongée. Dehors le froid est intense. Ses visiteurs les plus fréquents sont les animaux sauvages. Un petit potager lui fournit de quoi se nourrir l’été et, le reste du temps, elle mange des lentilles et du riz. Mais à aucun moment, ni quand elle manque mourir de faim, ni quand elle reste prisonnière d’une avalanche de neige, elle ne désespère ni même regrette son entreprise. Cette retraite la rend heureuse. Et tous les amis ou les curieux qui lui rendent visite après une si longue période d’isolement s’émerveillent de son épanouissement, de sa sérénité, de sa disponibilité.
Diane Perry fut professeure en Inde avant de devenir Jetsunma Tenzin Palmo. Jetsunma est un titre honorifique décerné par les plus hautes autorités spirituelles tibétaines.
Depuis, elle parcourt le monde à la recherche de fonds pour construire un couvent destiné aux femmes en quête de perfection spirituelle. Puisant à la source de sa propre sagesse mais n’élevant jamais son expérience au rang de modèle, elle donne des conférences destinées à tous ceux qui cherchent à pratiquer le bouddhisme et se heurtent aux obstacles que semble y opposer la civilisation occidentale.
Elle est, la figure la plus emblématique des pratiquantes du bouddhisme tibétain dans le monde. Et cela à deux titres, le plus prestigieux d’abord, sa pratique en tant que nonne bouddhiste durant douze ans dans un ermitage à plus de 4000 m d’altitude, dans une solitude totale durant les sept longs mois d’hiver.
L’exigence de sa pratique, sans équivalent chez d’autres Occidentales ou Occidentaux et chez l’écrasante majorité des moines tibétains, lui confère une autorité particulière.
Son second titre de gloire est la force et la détermination avec lesquelles elle parcourt le monde depuis des années afin de réunir des fonds en vue de restaurer la lignée disparue de yoginis de la secte kargyupta à laquelle elle appartient et de créer un lieu de pratique destiné spécifiquement aux femmes.
Car elle a connu de grandes difficultés, en tant que femme, pour recevoir des enseignements de la part de moines qui les lui refusaient, mais lui prédisaient qu’avec le mérite qu’elle devait s’efforcer d’acquérir, elle allait sûrement un jour obtenir la grâce de renaître dans le corps d’un homme.
Il est très significatif de noter qu’elle a refusé de prendre la tête du monastère qu’elle a établi dans le Nord de l’Inde. Un homme qui aurait accompli le dixième de ce qu’elle a fait se considèrerait sans problème comme apte à enseigner et à diriger les autres. C’est peut-être cette humilité qui prive les femmes de modèles dont elles ont tant besoin.
Il faut absolument lire le livre écrit sur elle par Vickie Mac Kenzie, heureusement, pour une fois, traduit en français : Un ermitage dans la neige (aux Editions Nil).
Ce livre qui a été publié en France il y a plus de 3 ans n’a pas été largement diffusé dans le milieu bouddhiste.
C’est bien dommage, peut-être dérange-t-il car il ose parler ouvertement de la discrimination et du sexisme dans le bouddhisme, particulièrement dans le bouddhisme tibétain, un sujet généralement évité dans les médias bouddhistes où le désir de montrer la richesse de cette tradition incite à en minimiser, voire en ignorer les imperfections — notamment à l’égard des femmes : réalité dont justement nous voulons débattre.
Des centaines de centres Tibétains ont vus le jour en Inde depuis l’invasion du Tibet. Combien y en a-t-il qui soient destinés aux nonnes ?
En France, les monastères sont réservés aux adultes pratiquants et sont mixtes, bien qu’à notre connaissance, toujours dirigés par des hommes.
C’est moins vrai dans les pays anglo-saxons où des nonnes dirigent des centres tibétains importants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Tenzin Palmo est anglaise.
Il faut se demander si le principal obstacle pour les femmes n’est pas un manque de confiance en leurs capacités, d’où la nécessité vitale d’avoir des modèles vivants comme Tenzin Palmo.
Article largement inspiré par le site « bouddhisme au féminin ».
Ida Radogowski
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Pour aller plus loin :
- la vie quotidienne comme pratique méditative
- Commentaires sur la méditation (avec le Dt Jacques Vigne)
- 3 enseignements
“elle allait sûrement un jour obtenir la grâce de renaître dans le corps d’un homme.”
Il me semble que c’est le Bouddha lui-même qui a édicté ce principe que la dernière incarnation avant le nirvâna soit dans le corps d’un homme ?
“les monastères … sont mixtes, bien qu’à notre connaissance, toujours dirigés par des hommes.”
le bouddhisme vietnamien semble plus évolué. A Fréjus, l’importante pagode boudhiste a été dirigée longtemps par une bonzesse, que j’ai rencontrée. A noter que lorsqu’elle est partie, elle fut remplacé par un moine dont la gestion fut tellement douteuse qu’il a fallu une expulsion par voie de justice pour que la communauté retrouve la paix… preuve de l’excellence de la direction par une femme ?
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