mer 24 avril 2024 - 12:04

La légende d’Elzéard Bouffier : «L’Homme qui plantait des arbres»… comme d’autres, bâtissent des cathédrales

Les Francs-maçons travaillent à l’amélioration de leur être intérieur, mais aussi au perfectionnement de la société dans son ensemble. Par ce récit, nous assistons à la construction d’un temple végétal gigantesque par la volonté inébranlable d’un seul homme. Ce maçon « sans Tablier », libéré de ses passions par les aléas de la vie, entreprend d’améliorer le monde sans aucune attente, ni contrepartie.

Cette histoire se classe sans nul doute dans la catégorie des romans initiatiques.

«L’Homme qui plantait des arbres» 

est une nouvelle écrite en 1953 par l’écrivain français Jean Giono pour « faire aimer à planter des arbres », selon ses termes. Dans ce court récit, le narrateur évoque l’histoire du berger Elzéard Bouffier, qui fait revivre sa région, en Haute Provence, entre 1913 et 1947, en plantant des arbres. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, la nouvelle parvient à inciter le lecteur à croire à l’existence réelle du berger et de sa forêt.

Écrite à la suite d’un concours du magazine américain Reader’s Digest, la nouvelle a eu un retentissement mondial. Elle est aujourd’hui considérée comme un manifeste à part entière de la cause écologiste. En effet, le berger ne parvient pas seulement à créer une forêt : celle-ci a des conséquences sociales et économiques, qui permettent aux villages des alentours d’accueillir de nouvelles familles alors qu’ils étaient menacés de désertification. Avant même l’invention de la notion de développement durable, la nouvelle en donne ainsi une illustration poétique.

La nouvelle véhicule de nombreux messages : écologiques, humanistes, politiques. L’histoire d’Elzéard Bouffier est en effet considérée dans la littérature écologiste comme une parabole de l’action positive de l’homme sur son milieu et de l’harmonie qui peut s’ensuivre. La nouvelle est également une ode au travail, à l’opiniâtreté, à la patience, à l’humilité, et à la ruralité.

Le récit de Giono a donné lieu à un film d’animation canadien du même titre en 1987, réalisé par l’illustrateur Frédéric Back et lu par Philippe Noiret, et qui a obtenu plus de quarante prix à travers le monde.

L’Homme qui plantait des arbres est aujourd’hui reconnue comme une œuvre majeure de la littérature d’enfance et de jeunesse et elle est, à ce titre, étudiée en classe.

Résumé

Le narrateur, personnage anonyme, fait une randonnée dans une contrée située entre les Alpes et la Provence, « délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et Mirabeau ; au nord par le cours supérieur de la Drôme, de sa source jusqu’à Die ; à l’ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du Mont-Ventoux », région désertique où plus rien ne pousse excepté la lavande. Il campe alors auprès d’un « squelette de village abandonné », au milieu d’une « désolation » sans pareille, où pourtant la vie a jadis existé. Après une nuit de repos, il reprend son chemin mais manque bientôt d’eau. Il fait par chance la rencontre d’un berger silencieux nommé Elzéard Bouffier, qu’il prend, au début, pour « le tronc d’un arbre solitaire ». Celui-ci lui propose de passer la nuit chez lui. Le narrateur est impressionné par la bonne tenue de la demeure, bien construite en pierre, au toit en bon état, bien différente de l’abri précaire dont bien des bergers se contentent. Son estime à l’égard du berger augmente encore lorsqu’il constate la propreté du logis, le soin mis à entretenir, nettoyer, repriser… mais surtout combien calme et sereine est la vie de cet homme qui vit seul en compagnie de son chien et de son troupeau de moutons.

Alors que la nuit s’avance, le narrateur observe le berger occupé à examiner, classer, nettoyer puis sélectionner, « un tas de glands ». Il en choisit finalement cent, qu’il met de côté, puis va se coucher. Le lendemain, le narrateur, intrigué, demande au berger s’il lui est possible de demeurer chez lui une journée de plus. Le berger accepte puis prend la route avec son troupeau et son sac de glands. Le narrateur décide de suivre un chemin parallèle à celui du berger afin d’observer ce qu’il compte faire de ses glands. Ce dernier s’arrête enfin sur une petite clairière désertique et, à l’aide d’une « tringle de fer », fait un trou dans lequel il met un gland, puis rebouche le trou. Le narrateur comprend qu’Elzéard Bouffier plante des chênes et, ce jour-là, il en plante cent, « avec un soin extrême ». Engageant de nouveau la conversation, le narrateur apprend qu’Elzéard plante depuis trois ans des arbres : « Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille était sortis. Sur ces vingt mille, il pensait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n’y avait rien auparavant ».

La passion de cet homme consiste donc à planter des arbres, dans une parfaite solitude. Le narrateur ne parvient cependant pas à lui donner un âge. Le berger entreprend de planter d’autres essences, parmi lesquelles des bouleaux, des hêtres et des frênes. Il entend métamorphoser la région en plantant des milliers d’hectares de surface sylvicole. Le lendemain, le narrateur quitte la compagnie du berger et l’année suivante il est appelé sur le front de la Première Guerre mondiale. Pendant quatre années passées dans les tranchées, il oublie Elzéard Bouffier et son incroyable passion. Mais, lorsqu’il décide de faire à nouveau une randonnée dans la région, le souvenir du berger silencieux lui revient.

Il retrouve le planteur, qui a changé de métier et qui est maintenant apiculteur (ses moutons étant en effet une trop grande menace pour ses plantations). Celui-ci lui fait visiter sa nouvelle forêt dont les chênes datent de 1910. La création d’Elzéard fait alors « onze kilomètres de long et trois kilomètres dans sa plus grande largeur » et impressionne le narrateur qui a le sentiment d’avoir sous ses yeux une œuvre de création divine : « Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme – sans moyens techniques – on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction ». Le milieu a littéralement changé et, même, la reproduction des arbres se fait dorénavant toute seule, le vent aidant à disperser les graines. La transformation de la contrée s’opère si lentement que personne ne s’en aperçoit.

Dès 1920, le narrateur rend régulièrement visite au berger solitaire, il constate ainsi la propagation des arbres, en dépit de quelques infortunes. Elzéard plante même d’autres essences, comme des érables. En 1933, le berger reçoit la visite d’un garde forestier, ce qui témoigne de l’importance de la forêt ainsi constituée au fil des années. Pour accélérer son projet, Elzéard Bouffier décide de fabriquer une maison afin de vivre au milieu des arbres. En 1935, le narrateur rend visite au berger en compagnie d’un ami garde forestier, à qui il dévoile le mystère de cette « forêt naturelle ». Ce dernier jure de conserver le secret et voit en Elzéard Bouffier un homme qui a trouvé par cette activité « un fameux moyen d’être heureux ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est décidé de commercialiser le bois de la forêt, pour produire le charbon de bois qui alimentera les voitures à gazogène. Le projet avorte toutefois car la région est trop éloignée de tout circuit logistique. Le narrateur revoit une dernière fois le berger, en juin 1945. Ce dernier a alors 87 ans et il continue sa tâche de reforestation. Autour de lui, la région est revenue à la vie, notamment le village de Vergons où les habitants sont désormais plus nombreux, et surtout prospères et heureux. Ainsi, « plus de dix mille personnes doivent leur bonheur à Elzéard Bouffier ». Le narrateur a une dernière pensée pour le berger, sa générosité et son abnégation, qui font de sa réalisation « une œuvre de Dieu ». Enfin, « Elzéard Bouffier est mort paisiblement en 1947 à l’hospice de Banon »

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