mar 23 avril 2024 - 21:04

ITALIE : Franc-maçonnerie et l’art de bien penser

De notre confrère italien expartibus.it

Vénérable Maître : « Dans quel but nous réunissons-nous ? »
1er Surveillant : « Pour construire des Temples à la Vertu, creuser des prisons sombres et profondes pour le vice et travailler pour le Bien et le Progrès de l’Humanité. »
(Rituel d’ouverture du premier degré
)

Le multifacette Vittorio Dublin, conteur numérique et producteur d’effets visuels, nominé à plusieurs reprises et lauréat d’un David di Donatello, dans un brillant article sur Facebook, parle de la soi-disant « règle du dixième homme », trivialement connue sous le nom d’approche de l’avocat du diable , technique qui sert à contrer les effets néfastes de la pensée dite de groupe qui risque souvent de devenir une pensée conventionnelle, ou, pire, dans nos sociétés de masse, une pensée unique.

Il écrit d’ailleurs :

« La pensée de groupe émerge dans des situations de communauté sociale composée de personnes qui se caractérisent par des échelles de valeurs similaires, les personnes au sein du groupe « s’aiment » et ont tendance à rejeter toute initiative perçue comme un élément potentiel de perturbation dans le maintien de l’équilibre du Groupe ; les membres individuels du groupe ne veulent pas voir couler le bateau, car cela pourrait nuire aux relations personnelles qu’ils entretiennent avec les autres membres du groupe. C’est pourquoi, il n’est pas rare d’observer des tentatives visant à ridiculiser les pensées de contestation. »

L’observation, très intéressante, parce qu’absolument focale et pertinente sur le caractère potentiellement formateur de la voie latomiste, est une bonne occasion d’élargir le thème et d’essayer de comprendre. En résumé, la franc-maçonnerie est-elle aujourd’hui capable de se situer, comme elle l’a fait déjà dans le passé, en tant que think tank opérationnel, en s’appuyant sur son propre noyau initiatique ? Peut-elle apporter l’innovation de la pensée à la croissance du monde contemporain ?

Dans cet approfondissement « éclair » , j’aborderai le sujet des pré-requis psycho-aptitudes nécessaires pour concrétiser cette possibilité dans la relation de groupe.

Le sens critique interne/externe (dixième homme, conscience de soi, observation de soi, conscience-miroir, exercice de l’arrêt de la mémoire gurdjieffienne) est fondamental dans le développement initiatique du « projet homme ».

Chaque élément des composantes constitutives de l’être humain doit s’équilibrer dans une recherche continue d’équilibre dynamique. La « pensée de groupe », comme l’illustre Dublin, est un exemple clair d’un « métal » conditionnant, d’une pensée commune aplatie et faussement rassurante. L’emprunt d’un psychisme « étranger », coulé et installé dans les recoins les plus cachés de l’esprit.

Heureusement, il existe la pensée des individus qui entrent dans une relation saine et fructueuse les uns avec les autres. cela permet de se transformer en contamination constructive, où chacun accueille et élabore, en respectant sa propre identité. Il respecte les positions, les idées, les différents points de vue, pour construire une pensée plus large, plus créative et plus avancée, selon le modèle bien connu du trinôme hermétique père – mère – fils.

Le seul danger réel est la rencontre, dans la Loge, avec une pensée compétitive, clivante, agressive, anarchique et débridée, générée par des individus à faible degré de développement évolutif. Un fruit très amer et une condition très répandue provenant de dysfonctionnements éducatifs, de paresse mentale, d’infantilisme, de paranoïa et de solipsisme égoïste.

Autant de facteurs qui minent la capacité à raisonner et à travailler ensemble pour le bien commun. L’enjeu aujourd’hui plus que jamais, est primordial, dans un contexte tel que celui actuel où nous sommes menacés par des catastrophes collectives susceptibles de mettre en péril la survie de l’humanité elle-même.

D’où la nécessité d’accueillir au sein du groupe initiatique des Ordres avec des pré-requis rigoureux pour un développement sain, ou du moins acceptable, du moi.

Comme l’écrit Rémi Boyer dans « La Franc-Maçonnerie – Une spiritualité vivante » :

Certaines sociétés initiatiques sont thérapeutiques. Mais pas ceux de type maçonnique. En ce qui concerne les ordres maçonniques ou apparentés, il ne faut jamais accepter, même dans une structure extérieure, une personne en difficulté, une telle personne relève de la compétence de la psychothérapie ou de la psychiatrie.

D’autre part, une société initiatique externe a une fonction de conciliation. Elle contribue à aider la personne à se réconcilier avec elle-même, son environnement, le monde, son univers.

Supposons qu’il soit plus facile d’aborder la recherche lorsque la personne est stabilisée, lorsque le « moi » est construit. Avant de vaincre la personne, la même chose doit être complétée. (…) Une loge résiste mal à l’entrée d’un déséquilibré. C’est un catalyseur, un dynamiseur de dysfonctionnements potentiels dans le groupe.

Jamais comme dans ce passage historique, dans un monde de plus en plus connecté, global, interdépendant, où « le moindre battement d’ailes d’un papillon est capable de provoquer un ouragan à l’autre bout du monde », n’est-il indispensable d’équilibrer le sens de l’ab-la liberté résolue et narcissique, avec le sens du bien commun pour élaborer ensemble des solutions nouvelles et efficaces.

Aujourd’hui même, j’ai été frappé par une phrase citée par un site français consacré aux études maçonniques :

Et si la liberté et l’égalité se font la malle N’oubliez pas… il nous reste la Fraternité.

Et si la liberté et l’égalité se blessent, n’oubliez pas… nous avons toujours la Fraternité.

Mais cette Fraternité, nous n’avons pas à l’appliquer à une seule Loge, à une famille, ou à un groupe particulier fermé et autoréférentiel. Il faut le faire à toute l’humanité afin de fabriquer l’Universel Adam Kadmon. Personne ne se sauve seul.

1 COMMENTAIRE

  1. “Aujourd’hui même, j’ai été frappé par une phrase citée par un site français consacré aux études maçonniques :
    Et si la liberté et l’égalité se font la malle N’oubliez pas… il nous reste la Fraternité.”
    Si la liberté et l’égalité se font la malle, il n’y plus de franc-maçonnerie.
    Malheureusement, la pensée unique et, ce qui va avec, la censure se développent sur les sites maçonniques.
    http://www.hiram.be vient de me censurer pour une troisième fois, une de trop. J.L.Turbet, en tant qu’administrateur de deux sites de fesses-bouc m’a banni. Pourtant, mes propos étaient modérés mais ne correspondaient pas aux convictions des “gérants”.
    La fraternité supporte mal l’intolérance. Même elle « s’est fait la malle ».

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