jeu 25 avril 2024 - 12:04

Fêtes de Noël : ça va piquer!

J’ai l’impression que le motto du moment est « fin d’année, nouvelles restrictions ». Avec les décisions des hauts conseils scientifiques (encore que l’on pourrait débattre du terme science, mais c’est une autre histoire), ce sont davantage de restrictions que nous devons vivre, avec la menace d’un emprisonnement collectif pour notre bien. Ainsi, on n’a plus le droit au bureau d’organiser des « moments conviviaux ».

Bon, pour les gens qui partent en retraite ou quittent leur poste après des années de service, c’est dommage de finir comme ça. Mais bon, impératif de santé, tout ça, tout ça. Protéger la santé, c’est une chose, mais quid de la santé mentale ? Je sais que cette question ne peut pas intéresser un sociopathe comme ceux qui nous dirigent, mais quand je vois à mon bureau toujours plus de collègues qui craquent, je m’inquiète.

Je m’inquiète aussi d’un travers du discours politique : « les restrictions sont de la faute aux non-vaccinés ». Certes, ne pas vouloir se vacciner contre une maladie grave et contagieuse alors qu’on en a la possibilité relève de l’irresponsabilité, mais on en vient à oublier le véritable problème : l’état de nos hôpitaux, fonctionnant à plein régime en mode normal à cause d’une politique de santé dévoyée, orientée vers le chiffre et la rentabilité. Nos hôpitaux sont incapables de prendre en charge une catastrophe de type pandémie ou accident d’avion, trop de lits ont été fermés au nom d’un impératif de rentabilité douteux.

Cette même politique implique de continuer la fermeture de lits, encore maintenant, mais chut, il ne faut pas le dire. C’est tellement mieux et tellement plus sain d’accuser une minorité quelconque et aisément identifiable, en l’occurrence les non-vaccinés. Et ça coûte moins cher ! Enfin, financièrement… Politiquement, on en reparlera.

Autre restriction : la fermeture des boites de nuit et de tout ce qui peut occasionner un contact et transmettre le vilain méchant variant (dont l’identifiant sonne comme celui d’un homme politique que je méprise particulièrement pour l’ensemble de son oeuvre). Non pas que je fréquente beaucoup les boites de nuit, j’ai même horreur de ça, mais pour ceux qui en ont besoin pour décompresser et socialiser, sans compter ceux qui en vivent, c’est un coup dur, difficilement justifiable. Par contre, la surpopulation dans les transports reste moins dangereuse aux yeux du décideur public que les thés dansants… Va comprendre !

Et bien évidemment, pas de feu d’artifice, ni de rassemblement, ni de réveillons organisés : trop dangereux. Moins que d’aller au bureau, visiblement… D’ailleurs, à propos de bureau, il est à prévoir que les patrons pourraient faire vérifier le passe vaccinal de leurs agents. Donner davantage de pouvoir de police à des personnes non compétentes qui vont se prendre pour des flics, le rêve !

Dans un autre registre, en voulant passer emprunter des films à la médiathèque de mon quartier, quelle n’a pas été ma surprise de me voir demander mon passe sanitaire par un type patibulaire, plus proche du nervi que du bibliothécaire (ce que son langage m’a confirmé). J’ignorais que la lecture publique pouvait être dangereuse, plus que la fréquentation des bureaux en tout cas. Je ne pensais pas non plus que l’on pouvait plus se contaminer en empruntant des livres et des films, ou éventuellement en travaillant en bibliothèque que dans un open space après avoir fréquenté des transports sales et surchargés.

En voulant aller au cinéma, ça devient rituel : je dois montrer mon passe sanitaire et donc exhiber non seulement mon identité mais aussi une donnée médicale à des tiers normalement non compétents, voire très douteux.

La semaine dernière, en allant en Loge, même chose : un accueil aussi sympathique que dans une boite de nuit ibizienne par un individu tenant plus du videur du Macumba ou du sbire de maffiosi que du gardien sérieux… Même chose, passe sanitaire avant tout. Par contre, étrangement, les mots de passe (ou démonstration d’un Schibboleth quelconque) pour entrer n’étaient pas nécessaires. Heureusement que les gens sont honnêtes ! Vous imaginez un faux Frère avec, chose ô combien gravissime, un faux passe sanitaire ? Quel bonheur que d’avoir de braves gens pour veiller à notre sécurité sanitaire. Bon, pour la lutte contre l’intrusion de personnes douteuses, il y aura peut-être deux ou trois pistes d’amélioration mais c’est une autre histoire.

Heureusement, il reste encore des endroits sérieux où la bonne foi n’est plus à démontrer, où l’on n’est pas présumé coupable par principe. Ces saints lieux, nous en avons tous à proximité de chez nous : les églises et, ce qui revient au même, les meetings politiques. Autrement dit, au nom de la liberté d’opinion, qui est un bien précieux et de la non moins précieuse liberté de conscience, il reste possible d’aller écouter les prêches politiques et religieux en grand nombre et sans restriction aucune, alors que le droit fondamental à la culture est restreint par l’emploi ce cet outil douteux qu’est le passe sanitaire.

Quel bonheur que d’aller écouter des inepties ou des prêches truffés de croyances élevées au grade de connaissance (pour un approfondissement de ces notions, mon ouvrage Ethique et athéisme – Construction d’une morale sans dieux est toujours disponible chez Numérilivre). Avec une telle mansuétude, la démocratie et la construction d’un destin commun basé sur la raison et la tempérance sont sauvées !

Au final, pourquoi m’embêter à aller écouter des conférences d’universitaires, aller au cinéma ou au théâtre (voire au dojo pour me défouler) et terminer au restaurant quand tout est réuni dans des meetings d’hommes politiques? En effet, on y retrouve tout ce qu’il faut pour passer une bonne soirée: communion, petits fours, traits d’esprit, haine et castagne!

Dommage que nous ayons interdiction de parler politique ou religion dans nos Loges, ça nous épargnerait bon nombre de tracasseries administratives! Mais peut-être est-ce là le problème : contrairement à ce que nos détracteurs (y compris prêtres et hommes politiques) affirment, nous ne sommes pas une secte, ni une organisation religieuse et encore moins un parti politique. Nous sommes des associations d’hommes libres et éclairés, même si j’en doute souvent. Nous tombons donc sous le coup de la loi, aussi stupide et contestable soit-elle. Cette loi bricolée qui autorise l’accès aux prêches et à la croyance et qui restreint l’accès à la culture, véritable rempart contre le dogmatisme aveugle et l’endoctrinement.

Bonne fêtes quand même et profitez bien de la messe de minuit.

Je vous embrasse.

PS : n’étant ni médecin ni décideur public, il ne m’appartient certainement pas de vous dire d’aller vous faire vacciner. Par contre, en l’absence d’une vision claire d’en haut, je ne puis que vous conseiller de consulter un vrai professionnel de santé, qui vous répondra toujours mieux qu’un charlatan de réseaux sociaux ou de site de désinformation. Par ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur la galaxie anti-vaccin, je vous encourage à visionner le récent documentaire d’Arte, disponible ici. Vous y découvrirez les intérêts très douteux de certains promoteurs de l’anti-vaccination qui ne sont guère que des charlatans.

Josselin
Josselin
Josselin Morand est ingénieur de formation et titulaire d’un diplôme de 3e cycle en sciences physiques, disciplines auxquelles il a contribué par des publications académiques. Il est également pratiquant avancé d’arts martiaux. Après une reprise d’études en 2016-2017, il obtient le diplôme d’éthique d’une université parisienne. Dans la vie profane, il occupe une place de fonctionnaire dans une collectivité territoriale. Très impliqué dans les initiatives à vocations culturelle et sociale, il a participé à différentes actions (think tank, universités populaires) et contribué à différents médias maçonniques (Critica Masonica, Franc-maçonnerie Magazine). Enfin, il est l’auteur de deux essais : L’éthique en Franc-maçonnerie (Numérilivre-Editions des Bords de Seine) et Ethique et Athéisme - Construction d'une morale sans dieux (Editions Numérilivre).

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