Sixième et dernière paramita, la sagesse est la conclusion de toutes les autres paramitas. Elle est le point de confluence où nous devons arriver quand nous avons « travaillé » « digérer » les cinq autres.
La sagesse que l’on pourrait traduire par la faculté de voir la réalité telle qu’elle est. Ainsi, on peut agir au mieux et éviter illusions et déceptions. Il est important de transformer le plus petit acte en pratique spirituelle, en application des paramitas.
Le point de départ est l’intuition de la réalité, qui nous incite à approfondir, à développer notre sagesse. La sagesse et l’illusion sont deux versants de la même réalité car s’il y a esprit d’éveil, effort vers la sagesse, c’est parce que notre nature de bouddha « pousse » en nous pour se manifester. Le bodhisattva stimule l’esprit d’éveil de chacun qui est la manifestation de la nature de bouddha.
Il y a deux niveaux de sagesse :
* La compréhension ordinaire qui est le discernement qui fonctionne dans la dualité et qu’on utilise pour éclairer nos erreurs, nos illusions. Par exemple, quand Bouddha recommande à son fils Rahula de discerner les effets de son action avant d’agir. Les quatre Nobles Vérités sont le produit de cette sagesse de discernement.
* Prajna, est la sagesse intuitive et radicale qui perçoit la vacuité des phénomènes comme une évidence, qui la perçoit directement pour tout ce qui existe. (cf. Abidharma) On pourrait penser par exemple, que le Nirvana serait un Dharma qui échapperait à la loi de causalité et à la vacuité. Mais ce n’est pas le cas, car l’éveil implique de laisser tomber même le Nirvana. La vacuité est la totale interdépendance de tous les phénomènes et le Nirvana n’existe donc qu’en fonction du Samsara et réciproquement. La Prajna Paramita est l’intuition de la vacuité de tous les contraires.
Elle désigne les choses telles qu’elles sont c’est à dire non enfermées dans nos conceptions mentales. Cela implique qu’il existe un réel indépendant de notre pensée, mais on ne peut rien en dire, par définition.
La Prajna Paramita est une pratique seulement si elle est vraiment pratiquée car rester juste au niveau d’une conception n’est pas une paramita. Cela signifie que dans sa vie quotidienne, on ne doit jamais oublier que toutes choses sont sans substance, et pratiquer ainsi le lâcher prise.
(Se référer au Genjokoan commenté par Maître Deshimaru, ou bien à Gensha : « ce corps est vacuité, d’où vient cette douleur ? Qui a mal ? »)
Elle permet la discrimination juste. On peut aussi distinguer plusieurs types de sagesse:
· la sagesse ultime: celle qui réalise le non-soi des personnes et des phénomènes, la vacuité. On développe cette sagesse sur la base de méditations et d’un travail sur l’absence d’existence inhérente des phénomènes avec l’aide du calme mental acquis par la concentration. C’est l’antidote direct à l’ignorance fondamentale, la clef de la libération.
· la sagesse conventionnelle: c’est la sagesse de la médecine, des arts et des sciences de l’astrologie. C’est une compréhension juste dans différents domaines du savoir. Au-delà d’une simple compréhension théorique, la sagesse permet une appréhension exhaustive et globale de ce qu’il faut savoir sur l’art concerné. Cette sagesse est donc importante pour ne pas se tromper, tant dans l’application d’une méthode que dans les réponses à donner aux questions diverses ou face, dans le cas de la sagesse de la médecine, à un désordre psychique ou somatique.
· la Sagesse bénéfique aux autres: elle se traduit par la connaissance des différentes dispositions, des motivations des êtres, etc. Il s’agit d’une aptitude particulière à comprendre les autres de façon très pointue, à mieux répondre à leurs besoins et à leurs attentes.
Et je terminerais par les paroles de Thich Nhat Han :
Dans le Bouddhisme Mahayana, on dit que Prajna paramita est la mère de tous les bouddhas. Tout ce qui est bon, beau et vrai est né de notre mère prajna paramita. Elle est en nous, il nous suffit de la toucher pour qu’elle se manifeste. La voie juste est la Sagesse.
Ida Radogowski
Ida a créé avec d’autres personnes LA LETTRE DES DEUX VOIES pour favoriser des échanges et des liens entre Francs-Maçon (nes) qui sont déjà dans une démarche bouddhiste ou qui souhaite connaître un peu mieux le bouddhisme.
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