ven 26 avril 2024 - 22:04

Communautarisme

Le communautarisme, me semble-t-il, est en train de diviser les nations. Déjà par une utilisation perverse du vocabulaire !

J’accepte mal, pour ma part, cette distinction des êtres par la négative que nous a précisément amené le communautarisme (exacerbé, j’entends), du juif et non-juif, du musulman et non-musulman, du catholique et non-catholique, du pratiquant et non-pratiquant, etc, etc. Par extension, par dérive, nous arrivons au voyant et non-voyant ! Et en quelque sorte au “communauta…risque” ! Parce qu’ainsi, on constate ce que le “non” contient de minoration voire d’annulation de l’être, qui ne serait pas dans une norme (au vrai, une supériorité) créée de toutes pièces ! Et le plus souvent, non sollicitée par les intéressés eux-mêmes, mais fabriquée par les leaders communautaristes qui entraînent leurs collègues !

On parviendrait alors à cette absurdité que si l’on n’appartient pas à un cercle communautaire aujourd’hui…on n’est rien ! Je suis un “non-quelque chose” ! Comme si nous n’étions pas tous des homo sapiens ! Et on oublie aussi dans tout çà, que, sans faire de nationalisme imbécile, nous sommes en France, d’abord et chacun, je veux dire avant tout : français ! Dans une France composée, comme un champ de fleurs, de diverses variétés ! Quelle tristesse, s’il n’y avait qu’une sorte de fleur ! Merci à Dame Nature !

Ce comportement communautariste n’est bien sûr pas nouveau. Quand j’étais jeunot, dans mon Quercy d’enfance, les autochtones avaient pour distraction le samedi soir de se constituer en bandes, à partir de leur commune d’appartenance : les “Figeac” contre les “Cahors” se repéraient à l’entrée des bals locaux et moult bières plus loin, s’affrontaient à coups de poings, voire malheureusement, de couteaux et de fourches ! Pour se réconcilier dans la semaine, civilité et travail obligent… et recommencer le samedi suivant ! J’étais consterné par ces affrontements, à la fois parce que je ne voulais pas prendre parti et parce que j’avais peur, bien sûr ! La violence ne date pas d’aujourd’hui…

La maturescence venue, je constate que le “droit à la différence”, quand il est perverti, nuit finalement à l’égalité. Dès lors je revendique le “droit à l’indifférence”. J’entends ici que je ne souhaite pas brandir de signes distinctifs et qu’on me laisse tranquille dans la masse, et dans la mesure où je ne nuis à personne. C’est à dire que l’on respecte et aide si besoin le citoyen que je suis – comme j’aiderais moi-même mon alter ego, quel qu’il soit – blanc, jaune ou noir, hétéro, homo, handicapé, ou “né ailleurs”.

Je n’aime pas non plus être « reconnu » – expression bien spécieuse – je préfère être “considéré” en tant que personne ! Encore que le mot “personne” dans son double sens positif et négatif (une curiosité de la langue française !), me fasse préférer ici le vocable “individu” !

De la sorte, me semble-t-il, considéré donc aimé, il est bon de se sentir Homme parmi les Hommes !

2 Commentaires

  1. C’est un mot qui est devenu maléfique et on le cite comme la cause de bien des travers sociétaux. Pourtant tout être humain appartient à une communauté ; la franc-maçonnerie est elle-même une communauté , aussi bien au niveau de la loge que dans son aspect universaliste ! La société elle-même n’est-elle pas un enchevêtrement de communautés ? Que la vie communautaire débouche parfois sur des excès et le sectarisme est aussi une réalité mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ?
    La communauté est à la base de la socialisation ; elle protège l’individu et permet d’envisager un avenir !

    • tout à fait, on parle aussi de communauté nationale pour parler du peuple français. L’usage du mot communauté est devenu malheureusement un terme renvoyant à ce que nous sommes trop précisément et in fine il exclut.
      à tel point qu’aujourd’hui on utilise de plus en plus le terme de fraternité plutôt que de communauté maçonnique.

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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