ven 19 avril 2024 - 18:04

Les templiers : pour en finir avec les légendes

Sur les templiers, circulent des histoires plus ou moins délirantes : société secrète, bâtisseurs de cathédrales, trésor caché… De quoi m’inciter à une mise au point sur le plus étrange des ordres militaires et religieux du Moyen Âge.

De notre confrère decoder-eglises-chateaux.fr – Par Laurent Ridel

Il y a un point sur lequel nous serons tous d’accord : l’histoire des chevaliers du Temple est fascinante. Déjà à leur époque, ils faisaient causer : le pape avait donné le droit à ces religieux de verser le sang ! Leur chute est digne d’une tragédie de Corneille : le roi de France Philippe le Bel organise une machination contre eux. Jusque là puissant et riche, l’Ordre du temple s’écroule en quelques années. Le pape le supprime tandis que le roi fait brûler certains dignitaires, dont le grand-maître Jacques de Molay.

Depuis plusieurs mois, je reçois des mails de lecteurs (vous, peut-être) qui me font part de leur scepticisme. Ils ont lu des livres ou regardé des vidéos internet affirmant des choses encore plus surprenantes sur les templiers : les cathédrales ont été financées par eux ; ils ont laissé des traces dans plusieurs églises, que le clergé a essayé d’effacer ; des localités comme Rennes-le-Château ou Gisors conservent bien caché leur trésor…

Qu’est-ce que je pense de toutes ces théories ? Elles me désolent. Leur auteurs font preuve d’une inculture historique, d’un esprit critique inégal, d’une logique bancale et d’un aveuglement, qui me laissent pantois.

Aujourd’hui, je remets donc les pendules à l’heure. Au risque que l’article fâche quelques lecteurs.

Précisément je passe en revue et démonte 9 idées reçues.

sceau du Temple
Les deux faces d’un sceau templier. A gauche, deux chevaliers montent le même cheval. A droite, la représentation du Temple du Seigneur. Cette église de Jérusalem correspond à une mosquée transformée en édifice chrétien par les croisés. Les templiers lui doivent son nom.

L’article étant assez long, je conseille aux plus pressés de piocher dans la liste ci-dessous les sujets qui vous intriguent le plus.

Les templiers sont des moines chargés de défendre les lieux saints

Presque. Disons que dans la liste des idées reçues, cette affirmation n’est pas la plus absurde. Je reconnais que moi-même, j’aurais souscrit à cette phrase avant d’entamer la rédaction de cet article.

Néanmoins, elle n’est pas rigoureuse sur le plan du vocabulaire : on ne peut pas qualifier les templiers de moines[1]. Ils ne s’enferment pas dans un monastère où ils se consacrent à la prière et à la méditation. Au contraire, ils vivent au contact du monde. Ils gardent des forteresses, gèrent leur approvisionnement et bien sûr combattent.

A défaut d’être moines, définissons-les plutôt comme des religieux. Ils font vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté. Vêtus d’une robe blanche, ils suivent une règle qui insiste sur la prière, sans qu’elle soit omniprésente dans la journée. Car la mission de l’ordre du Temple consiste surtout à défendre les États latins fondés par les Croisés en Orient. Dont le royaume de Jérusalem, dans lequel sont concentrés les lieux saints.

Mais, au cours du XIIIe siècle, les Mamelouks musulmans remportent victoire sur victoire. Ils grignotent le petit royaume si bien que les templiers sont chassés de Jérusalem, de Bethléem et de Nazareth. Leur mission d’origine devient donc caduque. Et ça ne s’arrange pas. En 1291, les chevaliers du Temple perdent leurs dernières forteresses en Terre sainte ; ils se replient sur l’île de Chypre où ils établissent leur quartier général.

Malgré ces revers, ils conservent leur fortune puisque leur principales propriétés se trouvent en Europe occidentale, notamment dans le royaume de France. Justement, nous allons nous concentrer sur des questions franco-françaises.

Roman de Renart
Renart, le héros du roman médiéval éponyme, prend le double habit : à gauche, celui des Hospitaliers, à droite celui des Templiers. Les ordres du Temple et de l’Hôpital étaient les deux plus importants ordres militaires et religieux du Moyen Âge. Manuscrit Renart le Nouvel par Jacquemart Giélée, XIVe siècle, Français 372, Gallica/BNF.

Les commanderies étaient des châteaux-forts

Quoi de plus naturel d’imaginer les chevaliers du Christ, surnom des templiers, habiter dans des châteaux ? Ils vivaient plus exactement dans des commanderies.

L’historien Jousserand évalue leur nombre en France à 300-350[2] en France. « Pour la plus grande part, il s’agissait d’établissements ruraux à vocation agricole. Installées souvent sur une hauteur […] les commanderies, sans être fortifiées, possédaient des murs de clôture assez hauts pour résister à des attaques de brigands ; leurs bâtiments se distribuaient autour d’une cour rectangulaire »[3]. Pas de quoi impressionner une armée.

Commanderie templière d'Arville
La commanderie d’Arville (Loir-et-Cher), l’une des mieux conservées de France. L’église, à droite, est contemporaine des templiers. Les tours sont postérieures. Daniel Jolivet, sur Flickr.com, licence creative commons ## CC BY 2.0

Cette absence de fortifications se comprend bien : le rôle des commanderies n’était pas militaire mais économique. Elles servaient, par le biais d’activités diverses (notamment l’exploitation des terres), à rassembler les fonds pour le combat en Orient. L’argent était nécessaire pour nourrir les chevaliers, bâtir des châteaux, acheter des chevaux…

Par contre, en Orient et en Espagne, les chevaliers du Temple occupaient de véritables châteaux. Dans ces zones frontalières, il fallait résister aux offensives des musulmans.

je viens de démonter deux idées-reçues au final assez innocentes. Arrivent maintenant le tour des fantasmes.

Les cathédrales gothiques ont été bâties grâce au financement des templiers

Dans un article « Les cathédrales, qui paya la facture ? », j’ai déjà développé ce sujet. Je me contenterai ici de reprendre cette citation de Jean-Louis Biget, historien : « la construction des cathédrales a été massivement financée par la fortune personnelle des évêques et de leurs chanoines »[4].

L’écrivain Louis Charpentier (1905-1979) est à l’origine de cette idée impliquant les templiers dans le financement des cathédrales[5]. A mes yeux, c’est un homme particulièrement admirable pour avoir, sans relâche, multiplié les théories fumeuses sur les sites religieux en général.

cathédrale de Chartres
La cathédrale de Chartres. Il n’y a pas eu besoin de l’argent des Templiers pour la bâtir.

Au sujet des cathédrales, Louis Charpentier semble avoir oublié un détail : leur définition. Une cathédrale est l’église possédée par l’évêque et desservie par une communauté de chanoinesPourquoi les Templiers donneraient de l’argent pour des monuments bénéficiant aux évêques et aux chanoines ?

Ce geste généreux est d’autant plus improbable que leurs relations sont plutôt fraîches. Les templiers ne sont généralement pas leurs amis. On peut percevoir cette tension à travers ce fait mis en avant par l’historien Michel Miguet[6] : en Normandie, l’ordre du Temple reçoit des donations de toutes les couches de la société médiévale, sauf de la part des prélats (à une exception près).

Il faut bien comprendre que loin d’être uni derrière la bannière du Christ, le clergé du Moyen Âge est fracturé par des rivalités : les réguliers (les moines essentiellement) contre les séculiers (ceux qui vivent dans le siècle) ; les cisterciens contre les clunisiens ; les templiers contre les hospitaliers… Chaque groupe estime être plus vertueux que l’autre et mieux servir Dieu. Chaque groupe concurrence l’autre pour capter la générosité des fidèles. Dès qu’on a conscience de ce contexte, la thèse qui affirme l’implication financière des templiers dans les constructions d’un groupe rival (les évêques et les chanoines) devient absurde.

Les templiers étaient de grands architectes

Il suffit de visiter des commanderies templières pour constater les limites de leur art de bâtir.

Sauf exceptions, leurs églises sont modestes. Les plus importantes atteignent une longueur d’une quarantaine de mètres. Pas de quoi faire de l’ombre aux 151 m de la cathédrale de Chartres.

Ensuite, les historiens de l’art n’ont noté aucun caractère précurseur dans leurs édifices religieux : ils n’ont inventé ni la coupole ni la croisée d’ogives ni l’arc brisé ni les tirants métalliques ni les arcs-boutants… Je serai un tout petit plus nuancé sur leurs châteaux.

Enfin, nous ne connaissons pas de noms d’architectes templiers.

commanderie templière de Libdeau
Chapelle templière de Libdeau, en Lorraine, XIIe siècle. Un rectangle de 18 m de long sur 8. Marc Baronnet/wikimedia Commons

Les églises templières se distinguent par leur architecture originale

L’architecte Viollet-le-Duc a popularisé cette idée selon laquelle les églises templières affectent une forme circulaire[7]. Et ce dans le but de faire référence à l’Anastasis, la célèbre église de Jérusalem, bâtie en forme de rotonde sur le tombeau du Christ.

En vérité, ce plan éminemment symbolique concerne « une infime minorité » des églises templières[8]. En prime, il n’est pas « l’apanage des templiers »[9]. Pour preuve, la fameuse chapelle que Charlemagne élève dans son palais d’Aix-la-Chapelle. Cette rotonde, non seulement n’a rien à voir avec l’ordre du Temple, mais lui est antérieure de trois siècles !

Alors à quoi ressemblent les églises templières ? Eh bien, à rien de spécial. Elles sont tristement banales. Ce sont, en très grande majorité, des petits édifices rectangulaires à chevet plat ou en abside. Leur nef, voûtée en berceau, est dépourvue de bas-côtés[10]. Autrement dit, les églises templières se confondent avec la plupart des églises paroissiales qui parsèment la campagne.

chapelle de Montmajour
L’église Sainte-Croix de Montmajour (Bouches-du-Rhône) d’après le Dictionnaire d’architecture de Viollet-le-Duc. Sa forme vaguement ronde (tétraconque plus exactement) et sa dédicace pourraient faire croire à une chapelle templière. Non, les templiers n’y ont probablement jamais mis les pieds. D’après sa localisation dans un cimetière près d’une abbaye et son plan, c’est une chapelle de cimetière[11].

Pour repérer les sites templiers, il suffit de chercher sur les murs certains symboles tels que la croix templière

Vous avez sûrement déjà croisé cette croix particulière, souvent peinte en rouge : ses bras, de taille égale, s’élargissent à partir du centre. Autrement dit, une croix pattée.

Par pitié, arrêtez de les appeler croix templière. Car, autant François Mitterrand n’avait pas le monopole du coeur, autant les templiers n’avaient pas le monopole de la croix pattée. Ce type de motif, courant, compose de simples croix de chemin, surmonte les pignons d’églises de village, ou est peint sur leurs murs. C’est juste un signe chrétien.

D’ailleurs les templiers ne se signalaient pas systématiquement par cette croix pattée. Ils étaient aussi identifiés par une simple croix grecque (une croix non pattée aux branches égales), voire potencée ou fleuronnée[12].

bûcher des templiers
Deux représentations de l’exécution des templiers en 1314 à Paris. Notez qu’à gauche l’une des victimes porte une croix potencée, c’est-à-dire que les bras se terminent en T comme une potence, alors qu’à droite, elle porte une croix pattée. Preuve de la coexistence de signes variés pour reconnaître les chevaliers du Temple. Manuscrit Des cas des nobles hommes et femmes de Jean Boccace, XVe siècle, Français 226 et 229, BNF/Gallica

Pour identifier un site templier, le moyen le plus fiable n’est pas de partir sur les chemins, à la recherche de croix soi-disant « templières », mais de fouiller les archives. Contrairement à une idée reçue, les documents templiers n’ont pas brûlé avec les templiers ou n’ont pas été cachés. Vous les trouverez bien rangés aux archives départementales ou nationales (précisément dans les séries M et MM consacrées aux ordres militaires et hospitaliers). Bien sûr, tout n’a pas survécu, destin partagé par tous les documents du Moyen Âge. Cependant, ces fonds suffisent à identifier beaucoup de sites et de terres templières.

abbatiale de Conques
Les croix pattées et inscrites dans un cercle coiffent les pignons de nombreuses églises comme ici l’abbatiale de Conques (Aveyron). Ce détail architectural n’en fait pas pour autant un site templier ! Conques était une abbaye bénédictine.

Les templiers formaient une société secrète

Cette image se forge plus de 400 ans après la disparition du Temple !

Sa source se trouve chez les francs-maçons. Au XVIIIe siècle, certains membres à la recherche d’une origine prestigieuse, se proclament les descendants spirituels des templiers[13]. Dans cette optique, il faut que les templiers aient survécu à la condamnation par Philippe le Bel puis aient transmis leurs savoirs de génération en génération. Une survie qu’on imagine forcément clandestine : la perspective du bûcher obligeait à la prudence.

Ce glissement de l’histoire vers le mythe est d’autant plus tentant que certaines pratiques templières, parfaitement attestées, dégageaient une aura de mystère. Par exemple, il était interdit de divulguer le texte de la règle templière[14]. Chaque nouveau frère entrant dans l’ordre devait passer par une cérémonie ritualisée[15]. De quoi évoquer l’initiation maçonnique.

D’autres faits troublants éveillent l’imagination. Les templiers vivaient en Orient, région réputée abriter une sagesse ancienne, antérieure au christianisme. Leur siège était censé occuper le site de l’ancien temple de Jérusalem, construction mythique du roi Salomon. Or, ce temple abrita l’Arche d’alliance, coffre renfermant les Tables de la loi remises à Moïse. Et peut-être davantage… Bref, l’Ordre du Temple était lié à trop d’objets et de lieux symboliques pour ne pas cacher un passé bien plus profond que l’histoire « officielle » l’écrivait.

hugues de Payns et bataille de croisés
Deux templiers, Hugues de Payns, le fondateur et Geoffroy de Saint-Omer devant le roi de Jérusalem Baudouin II. En bas, le prince d’Antioche défait et tué dans une bataille. Remarquez en haut que la croix sur l’habit templier est cette fois de type grec. Guillaume de Tyr, Histoire des Croisades, manuscrit Français 9081, fol. 132, XIIIe siècle, Gallica/BNF.

Tout ce terreau a nourri les fantasmes. Fantasmes sortis – je le répète – assez récemment, le XVIIIe siècle. La littérature a prospéré dessus en entretenant, développant et enrichissant le mythe. L’un des derniers avatars étant le Da Vinci Code du romancier Dan Brown. Du monde des livres, la légende templière a gagné d’autres genres culturels. En jouant au jeu vidéo « Assassin’s Creed », j’ai eu la surprise de découvrir que l’histoire fantasmée des templiers en composait la trame narrative.

Résultat, le grand public, moi compris, baignons dans ce milieu. A force d’en entendre les échos, il peut passer pour un discours historiquement vrai.

En fait, attribuer aux templiers un culte du secret est bien commode pour de nombreux auteurs : il ouvre les portes à tous les délires en les justifiant. Les historiens ne trouvent pas de sources écrites accréditant le financement des cathédrales par les templiers ? Évidemment puisqu’ils agissaient discrètement. Vous ne saviez pas que les templiers avaient découvert le Graal et l’Amérique ? Normal puisque l’information était seulement divulguée entre eux. Vous ne soupçonniez pas que telle église appartenait aux templiers ? Naturellement, puisqu’il faut être un initié pour en décoder les symboles.

Ils ont caché leur trésor au château de Gisors

Le Temple était assurément riche. Sur ce sujet, pas de légende. Issu de donations et d’achat, le patrimoine de l’ordre dégageait d’importants revenus. Depuis le règne de Philippe Auguste, leur maison de Paris conservait le trésor royal.

Après l’arrestation des chevaliers du Temple, où est passé le magot ? La question passionne les chasseurs de trésor depuis le début du XXe siècle.

Pourtant la réponse est simple : dans les mains des officiers du roi, comme tous les autres biens saisis.

Malgré cette évidence, on comptabiliserait en France « soixante-cinq sites susceptibles d’avoir accueilli ou de receler » leur trésor[16]. Parmi eux, le château de Gisors, à la limite de la Normandie et la Picardie.

Château fort de Gisors
Le château de Gisors (Eure), site d’une chasse au trésor

La petite histoire raconte que, anticipant une arrestation massive, des templiers auraient fui Paris avec trois charrettes au contenu mystérieux. Direction l’Angleterre où les frères savaient que le roi ne les menacerait pas. Or, sur la route de la Manche, se trouve Gisors[17].

Au XXe siècle, cette coïncidence excite l’esprit de Roger Lhomoy, le jardinier-guide du château. Il creuse dans la motte du donjon puis déclare être tombé sur une chapelle souterraine. A l’intérieur, 30 coffres en métal précieux ![18]. Au début des années 1960, la municipalité de Gisors fait donc intervenir des archéologues. Déception : ils ne trouvent rien.

L’affaire aurait pu se terminer là mais le journaliste Gérard de Sède, friand de bonnes histoires, diffuse le témoignage de Roger Lhomoy. Il trouve une oreille attentive chez André Malraux, alors ministre des affaires culturelles. L’armée (!) conduit à son tour des fouilles mais fait officiellement chou blanc. Beaucoup pensent cependant que le trésor a bien été trouvé puis confisqué par l’État pour payer une dette envers les États-Unis.

Quelle histoire ! Mais tout ceux qui se sont enflammés sur ce site normand auraient dû se poser cette question : pourquoi, diable, les templiers auraient enterré leur trésor à Gisors, alors château royal et donc aux mains de Philippe le Bel et de ses officiers ? C’était se jeter dans la gueule du loup. Les templiers étaient-ils si bêtes ?

Ils ont caché leur trésor à Rennes-le-Château

Si le trésor des templiers n’est pas à Gisors, il est peut-être à Rennes-le-Château, modeste village languedocien de 91 habitants.

Car Rennes-le-Château se trouve sur la route de l’Espagne, autre asile pour les templiers pourchassés en France.

Surtout, parce qu’un trésor semble bien avoir été trouvé.

À la fin du XIXe siècle, le curé du village, Béranger Saunière, est soudainement devenu riche au point de financer les travaux de l’église, la construction d’une villa et d’afficher un train de vie aristocratique. L’origine de cet enrichissement interroge. Selon des témoins, il a trouvé sous le pavement de l’église une sépulture, des parchemins et une marmite remplie de pièces d’or et d’objets de culte. D’où venait ce trésor ? Que contenaient ces parchemins ? Les hypothèses fleurissent à partir des années 1950 : trésor de Blanche de Castille, des cathares, des Wisigoths ou laissé par un ancien curé[19].

L’histoire intéresse notamment Pierre Plantard (1920-2000), fondateur du prieuré de Sion, ordre initiatique de chevaliers du XXe siècle. Il fait le lien avec les templiers. Les parchemins contiendraient un secret dont la révélation ébranlerait l’Église catholique.

Une affirmation que relaie le livre L’or de Rennes, oeuvre de l’incontournable Gérard de Sèze, journaliste déjà à l’œuvre à Gisors. Note pour les Bretons : malgré son titre, cet ouvrage ne concerne pas votre région.

Diable de Rennes-le-Château
Le diable dans l’église de Rennes-le-Château. L’abbé Saunière lui a-t-il vendu son âme ? Andy Hay sur Flickr.com.

Dès lors, le village attire les amateurs d’ésotérisme et les chercheurs de trésor : l’abbé Saunière en a peut-être laissé un peu. L’église, entre autres, est finement analysée. Son architecture et sa décoration contiendraient-elles des indices de localisation ou d’explication ? Malgré les fouilles (parfois clandestines) et les détecteurs de métaux, tout le monde est rentré bredouille, même les propriétaires qui ont succédé à l’abbé Saunière.

Reste à comprendre l’origine de sa fortune. L’explication a vite été trouvée. Le prêtre se livrait à un trafic de messes. « Les comptes de l’abbé de Rennes-le-Château montrent en effet qu’il a touché l’argent correspondant à plus de cent mille messes entre 1893 et 1915 ! Comment penser qu’il ait pu toutes les célébrer ? Saunière fut condamné par un tribunal ecclésiastique » explique l’historien Thierry Leroy[20].

De toutes ces histoires, je dois reconnaître qu’à défaut de vérité, elles sont divertissantes.


↑1Demurger Alain, Les templiers: une chevalerie chrétienne au Moyen âge, Paris, Seuil, coll.« Points Histoire », 2014, p.32. Beaucoup de notes renverront au travail d’Alain Demurger. Sans surprise puisque c’est le plus grand spécialiste français des templiers
↑2, ↑3Philippe Josserand, « Les Templiers en France : histoire et héritage », Revue historique, 669-1, 2014, p. 179. En ligne
↑4Biget Jean-Louis, « Recherches sur le financement des cathédrales du midi au XIIIe siècle », Les cahiers de Fanjeaux, 8, 1974, p. 127‑164
↑5Louis Charpentier, Les mystères de la cathédrale de Chartres, Robert Laffont, 1966.
↑6Miguet Michel, Templiers et hospitaliers en Normandie, Paris, CTHS, coll.« Mémoires de la Section d’archéologie et d’histoire de l’art », n˚ 6, 1995, p.27
↑7Viollet-le-Duc Eugène, Dictionnaire français de l’architecture, art. Sépulcre
↑8Lambert Élie, « L’architecture des Templiers », Bulletin Monumental, n°112-1, 1954, p. 7
↑9Demurger Alain, Les templiers: une chevalerie chrétienne au Moyen âge, Paris, Seuil, coll.« Points Histoire », 2014, p.168
↑10Demurger Alain, Les templiers: une chevalerie chrétienne au Moyen âge, Paris, Seuil, coll.« Points Histoire », 2014, p.170
↑11Lambert Élie, « L’architecture des Templiers », Bulletin Monumental, n°112-1, 1954, p. 36-37
↑12Demurger Alain, Les templiers: une chevalerie chrétienne au Moyen âge, Paris, Seuil, coll.« Points Histoire », 2014, p.61
↑13Hélary Xavier, Les Templiers: leur faux trésor, leur vraie puissance, Paris, Pocket, coll.« Pocket », 2019, p.206-209
↑14Hélary Xavier, Les Templiers: leur faux trésor, leur vraie puissance, Paris, Pocket, coll.« Pocket », 2019, p.75
↑15Hélary Xavier, Les Templiers: leur faux trésor, leur vraie puissance, Paris, Pocket, coll.« Pocket », 2019, p.88-91
↑16Cassard Jean-Christophe, L’âge d’or capétien: 1180-1328, Paris, Belin, coll.« Histoire de France », 2011, p.713
↑17Cassard Jean-Christophe, L’âge d’or capétien: 1180-1328, Paris, Belin, coll.« Histoire de France », 2011, p.712
↑18Site de la ville de Gisors
↑19Amiel Christiane, « L’abîme au trésor, ou l’or fantôme de Rennes-le-Château », dans Claudie Voisenat (éd.), Imaginaires archéologiques, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2008, p. 61‑86. En ligne
↑20Leroy, Thierry, Les Templiers : légendes et histoire, Imago, 2007

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