jeu 28 mars 2024 - 11:03

Respects, je suis votre obligé

La Franc-maçonnerie est un corps qui oblige ; un de ses premiers devoirs est le respect.

Cette utilisation du mot respect recouvre à la foi la notion d’obéissance aux règlements de son obédience, mais aussi au respect de ses divers engagements (assiduité, paiement des cotisations, pacifications des rapports humains ; le mot respect apparaît 27 fois dans les Règlements du Droit Humain).

La pratique du rituel nous oblige à marquer le respect de différentes manières : se déganter pour prêter serment ; s’adresser par le vouvoiement au Vénérable (vénérable vient du latin venerabilis, qui mérite le respect) et le nommer comme tel; saluer dans un certain ordre soit la lumière montante, soit la hiérarchie entre le vénérable et les deux Surveillants en rentrant ou sortant de la loge une fois les travaux ouverts ; accueillir les dignitaires avec un faste plus ou moins lumineux en fonction de leur grade ; procéder à la sortie du temple dans l’ordre hiérarchique des fonctions des membres présents, etc.

Le rituel est le maître de chacun en loge. L’adhésion en conscience au formalisme de la gestuelle, aux rôles des officiers, aux règles de comportement comme se tenir sur sa colonne ou comme celle de la triangulation de la parole, à la vêture tablier/gants, bref à la tenue, est une marque de respect d’une façon d’être franc-maçon.

Nous naissons maçons en laissant sur le parvis notre passé et notre respectabilité profanes. L’Apprenti retrouve un autre respect en loge en la reconnaissance de ses frères et sœurs qui l’acceptent pleinement comme l’un des leurs. Si leur respect lui est acquis, c’est bien le respect de lui-même qu’il doit aussi découvrir. Se dépouillant de ses éclats, l’apprenti s’engage dans une recherche de lui-même pour découvrir la voie qui lui correspond tout en le plaçant dans l’édifice collectif. Dans ces seules conditions, il évoluera en respectant ce qu’il est, et non de ce qu’on attend de lui, idéalement avec la bienveillance des membres de sa Loge. Seul celui qui se connait, se respecte et considère tous ses frères  – et toutes ses sœurs – avec un égal égard, peut transmettre un message clair sur lui-même et sur les valeurs qu’il partage.

Le respect est une philosophie de vie à part entière. Il résulte d’une réflexion sur le sens de sa propre vie et de celle des autres. Respecter c’est donner le droit à l’existence à l’autre, de tout autre que l’on pourrait appeler le Respect universel.

arte.tv/fr/videos/093473-005-A/gacha-gacha-5-9/

La Franc-maçonnerie s’affirme comme une spiritualité de la liberté, mais «pour être libre, il ne suffit pas de se libérer de ses chaînes, il faut vivre en respectant et en augmentant la liberté des autres[1]».


[1] Nelson Mandela

Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

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