C’était le temps du commencement
Rien n’était de ce qui serait.
Tout était en idée
et l’idée n’avait pas de chair
et la chair n’était pas.
« Or la terre était vide et vague,
les ténèbres couvraient l’abîme,
un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. »
La lumière n’était pas encore séparée de la nuit
et il n’y avait de couleur que le gris.
Comme rien n’était, il n’y avait de sens à rien ;
tout était pareil à l’inconnu puisque le Verbe ne l’avait pas nommé.
Pourtant l’Esprit de bienfaisance flottait dans l’innommé.
Et Dieu en ressentit la présence en soi,
comme un dessein qui lui demandait à parler.
Il dit : « Que la Lumière soit partagée ! »
Et il en fut ainsi.
Alors Dieu créa le ciel et la terre,
Il créa tout ce qui est dans le ciel,
depuis les oiseaux jusqu’au firmament,
avec le soleil qui éclaire le jour
et la lune qui préside à la nuit,
avec les étoiles et les planètes qui servent de signes,
tant pour les fêtes que pour les jours et les années.
Il créa tout ce qu’il y a sur la terre,
Les végétaux et les animaux,
Les fruits et les sources,
l’océan et les poissons,
le bruissement de l’air et les couleurs de l’arc-en-ciel,
l’amour dans la vie.
Et Dieu vit que cela était bon.
Soudain, Il éprouva le désir d’en faire don
parce que là se trouve la plénitude.
C’est pourquoi il créa l’homme à Son image,
la femme aussi comme chair de sa chair.
Et Il leur donna le pouvoir de gouverner
tous les animaux qui sont sur la terre
et les herbes portant semence
et les arbres qui ont des fruits portant semence ;
Il leur accorda aussi l’intelligence de la nature
pour qu’ils puissent la soumettre et dominer sur elle ;
Il les dota enfin de mémoire
pour acquérir l’expérience et transmettre la tradition ;
(on dit aussi qu’Il leur donna un roseau pour inventer la musique) ;
mais ce qu’Il leur confia surtout ce fut la Parole de la création
pour qu’ils puissent créer à leur tour, comme Lui-même avait créé.
Et,
par six fois,
il y eut un soir et il y eut un matin,
car l’ouvrage était long et l’attention extrême.
Et le septième jour,
ayant vu que Son œuvre était bonne,
ayant considéré que tout ce qu’Il avait fait était très bon,
Il se reposa,
car il a chômé le septième jour après tout Son ouvrage de création.
Au lever du huitième jour,
après avoir contemplé Son travail à nouveau
Il s’interrogea :
Il avait donné à l’Homme de quoi se nourrir,
mais comment pourrait-il dominer la nature ?
Il aurait besoin d’outils, il ne pouvait pas se passer d’outils
pour affronter ce que Lui-même avait créé afin que s’accomplisse le cycle des saisons,
le vent et la pluie, le chaud et le froid.
Et Il vit que si l’Homme aurait bien les moissons et la vigne,
le pain et le vin,
pour célébrer Son nom,
il aurait d’abord besoin d’une maison.
Alors,
Son œuvre étant presque achevée,
Il offrit à l’Homme Ses propres outils :
la Règle et le Compas,
l’Équerre et le Levier,
la Perpendiculaire,
le Ciseau et le Maillet,
ainsi qu’un bâton de voyageur qu’Il avait taillé de Ses mains.
Puis, l’ayant accompagné jusqu’à la porte du Ciel
il lui donna la Liberté
et lui dit : « Va ! Franc-maçon ! »
* * *