jeu 28 mars 2024 - 11:03

l’automne l’équerre, l’hiver le poids de la balance

Taishang : “Très élevé” ; “sublime” ; qui est attaché au Tao (Ric 4621 et 4271) Gan : ce qui est produit sur les actions du Ciel et de la Terre par les actions humaines (Ric 2529) Ying : Récompense ou châtiment attaché à chacune des actions humaines (Ric 5821) Bian : livre ou traité (Ric 4034) Ce qu’on traduit généralement par “Le livre des peines et des récompenses »

 « On suit la raison quand on ne foule pas les chemins de la perversité. Lorsqu’on a un cœur compatissant pour tous les êtres vivants. Quand on évite de faire du mal aux insectes, aux plantes, aux arbres. Ne pas tirer des flèches aux êtres qui volent dans les airs. Ne pas poursuivre ceux qui courent sur la terre. Ne pas détruire les terriers des animaux ou les trous des insectes. Ne pas effaroucher les oiseaux qui sont dans les arbres. Ne pas boucher les ouvertures où les oiseaux vont nicher. Ne pas renverser les nids. Ne pas blesser les femelles qui portent ou casser les œufs dans les nids. Ne pas disperser les épis naissants et ne pas gaspiller ceux qui sont déjà murs. Ne pas tailler ou couper sans nécessité. Ne pas immoler d’animaux sans avoir égard aux rites établis. Ne pas jeter et faire perdre les cinq espèces de grains. Ne pas nuire et faire de mal aux animaux. Ne pas lâcher des courants d’eau ni faire du feu sans précaution. Ne pas se servir de poison pour faire mourir les animaux ou les plantes. Ne pas tuer sans motif tortues, lézards et serpents. Ainsi l’homme véritablement heureux dit le bien, voit le bien, fait le bien. En un jour il réunit trois sortes de biens. Comment peut-on donc ne pas pratiquer la vertu ? ». Zhang Zhai (1020 1078) « A l’origine, l’esprit de tout homme au monde ne diffère en rien de celui de l’être réalisé ».

l’automne- l’Equerre”


« Dès que l’égoïsme vient s’interposer et que les désirs matériels viennent l’obstruer, ce qui était grand devient petit et ce qui circulait librement se bloque ». *
*“Etre Réalisé” littéralement Zheng Ren ou « Etre Rectitude » donc « Etre Droit » ce qui correspond littéralement à quelqu’un qui s’est lui-même “rectifié” et qui a donc atteint un niveau de compréhension lui permettant une “action juste”.


Plusieurs précisions : Ren correspond, en chinois, à la personne humaine dans son ensemble et non dans son individualité. Nous nous sommes habitués à traduire Ren (ou Jen) par homme auquel nous ajoutons majuscule. Ren c’est donc l’Homme comprenant la femme, l’enfant, le vieillard. Donc l’homme élargi (comme on élargit un prisonnier en le laissant libre de ses mouvements et en levant la contrainte par corps). Mais malheureusement ce Zheng Ren est souvent traduit par “le saint” avec ou sans majuscule. Et au masculin. Ren ne possède pas de genre. Il est à, la fois, comme (le) Taiji qui est la manifestation du Tao à la fois Yin et à la fois Yang (CF Etiemble dans la préface de Philosophes taoïstes 1 à la Pléiade !).

Je préfère donc traduire, simplement, par être (éventuellement par être humain).
Etre suffit.
Un Etre
Etre.

Une fois encore dans le système chinois “être” suffit et ne se conjugue pas.
“L’homme suit son destin comme le veau suit sa mère” affirme un dicton populaire chinois.
L’homme avec ou sans majuscule est-il donc un veau ?
Cela fait penser à ceux qui “croient en Dieu”.
Quel manque de confiance car si ils croient c’est qu’ils n’en sont pas persuadés.
Dieu se suffit à lui-même et n’a probablement que faire qu’on croit ou pas en lui.
Il en va de même pour (le) Tao.

Il convient d’élargir la bienveillance.

 Voici un texte de Wang Yangming (Wang Shouren) (1472 1529 qui se voulait le successeur de Confucius et qui est classé par les sinologues comme un « néo-confucianiste ».
Il convient pour lui d’ « élargir la bienveillance tout en maintenant une certaine rectitude ».

« L’Etre réalisé est celui qui conçoit Ciel/Terre et la multitude (myriade) des êtres comme un seul corps. Il considère le monde comme une seule famille et le pays comme une seule personne. Quant à opérer des distinctions entre les objets et une séparation entre le moi et l’autrui c’est le propre de l’être mesquin. Que l’Etre réalisé conçoive le Ciel/Terre et la multitude des êtres comme un seul corps ne procède pas d’une intention délibérée ; c’est la nature de l’être humain et de son esprit qui l’unit foncièrement à Tao (on dirait en Occident à l’univers tout entier ! note GC). L’être mesquin est diminué par son étroitesse de vue et de cœur. C’est ainsi que même cet être mesquin à la vue d’un enfant sur le point de tomber dans un puits ne peut réprimer un sentiment d’effroi, son sens de l’humain faisant alors corps avec celui de l’enfant. Certes l’enfant appartient à la même espèce que cet être humain. Mais devant les cris pitoyables et les airs apeurés de bêtes sur le point d’être tuées, il ne pourra pas d’avantage supporter ce spectacle, sa bienveillance (humanité) faisant corps avec les bêtes. Mais ces bêtes sont proches de l’être humain. Or à la vue de plantes menacées de destruction, il ne pourra s’empêcher de ressentir de la commisération, sa bienveillance faisant corps avec les plantes. Les plantes sont malgré-tout des êtres vivants. Mais même devant des débris de tuiles et de pierres d’anciennes habitations, il sentira son cœur se serrer, sa bienveillance faisant corps avec ces débris. Tous ces sentiments même le cœur de l’homme le plus mesquin ne saurait y échapper car il est simplement humain ».

Etre simplement humain c’est déjà simplement tout un sacré programme.Concernant Confucius il est dit « Lorsqu’il était jeune il devait nourrir ses parents âgés et il était donc contraint de chasser et de pécher mais il ne tirait jamais sur un oiseau posé ni n’utilisait de filet pour pécher afin de respecter la vie. Lorsqu’on voit comment Confucius était bon avec les animaux étant jeune on imagine son amour de l’Etre Humain à un âge avancé » (Commentaires  III 1). La Chine Antique n’oppose pas la protection des animaux à l’amour des êtres humains, au contraire. Les deux sont indissociables.

Georges Charles

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Georges Charles
Georges Charles
Georges Charles, né à Paris en 1950, est un expert français des arts martiaux japonais et chinois. Depuis 1979, il est le maitre héritier et successeur en titre de l’école de boxe chinoise de l'interne san yiquan (du style xingyiquan). Auteurs de nombreux ouvrages, il est un pionnier des arts martiaux en France.
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