ven 19 avril 2024 - 12:04

ESPAGNE : L’Espagne a une dette envers ses francs-maçons

De notre confrère espagnol laregion.es

La franc-maçonnerie a subi plus de persécutions en Espagne que dans les autres pays européens. Encore aujourd’hui, elle est excrétée par une partie de la société qui colporte toutes sortes de clichés infondés.

Le contrôle étroit de la structure sociale et des valeurs dominantes fait par l’Église catholique a été un facteur de rejet de la franc-maçonnerie. Pourtant, un certain nombre de prêtres et d’évêques catholiques étaient aussi francs-maçons. Lorsque le prêtre catalan Sardà i Salvany écrivit en 1884 son essai « Le libéralisme est un péché », il identifia dans les valeurs libérales les dangers que les secteurs plus traditionalistes du catholicisme associent à la franc-maçonnerie. Pas en vain, le libéralisme et la franc-maçonnerie sont des réalités qui avancent en parallèle, dans tout l’Occident, depuis la pensée des Lumières.

Évidemment, tous les libéraux ne sont pas maçons, pas plus que tous les maçons ne sont pas libéraux, mais la zone d’intersection entre ces deux mondes est assez large et ses résultats sont particulièrement fructueux. Jusqu’à la transition espagnole des années 70, des slogans tels que « Suárez al pared por rojo y por mason » (il faut coller au mur Adolfo Suárez rouge et maçon) sont encore entendus en Espagne. De toute évidence, le premier président démocrate après le régime franquiste – et le dernier secrétaire national du Mouvement – n’avait rien de “rouge”, et il n’est pas connu pour avoir été initié dans une loge. Ce slogan du peuple nostalgique du régime précédent donne une idée précise de la façon dont en Espagne, tout ce qui représentait l’ouverture et la modernisation du pays, ou simplement la consolidation des institutions libérales , a souvent été étiqueté comme maçon.

L’Espagne n’a jamais manqué d’auteurs conservateurs et nationalistes qui ont utilisé la franc-maçonnerie comme épouvantail. Il convient de souligner l’indicible Ricardo de la Cierva comme l’un des plus prolifiques. Cet historien se permet de définir la franc-maçonnerie comme « une secte satanique dont le but est la destruction de l’Église catholique », rien de moins. Heureusement, seule une petite partie de la société et même du conservatisme espagnol ou latino-américain garde aujourd’hui cette obsession ancestrale contre les francs-maçons.

Le dernier discours, celui d’un Franco presque mourant, résonne encore dans notre société, depuis le balcon du Palais royal de Madrid : « En Europe, une conspiration maçonnique de gauche de la classe politique s’est armée » contre l’Espagne. (Suite de l’article dans sa version originale)

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