jeu 25 avril 2024 - 00:04

50 nuances d’égo, et moi et moi et moi, franc-maçon.

Les postes en vue se voient dans la société actuelle occupés de manière croissante par des narcissiques, et il en va de même dans nos loges. Passons les types en revue afin de mieux les repérer et d’agir en conséquence.

On nous l’a dit et redit :  chez nous les francs-maçons, nous aimons l’humilité, et parmi les métaux à laisser hors du temple figurent l’ambition et le goût du pouvoir. Mais, malgré cela, nous voyons un peu trop fréquemment des frères ou sœurs un peu trop remuants sur les colonnes, qui entraînent un groupe de suiveurs dans leur bruyant sillage et endommagent la sérénité des travaux et la cohésion de l’atelier. Narcissiques, ils ne cachent même pas que selon eux les règlements ça s’applique aux autres et que les passe-droits ont été inventés pour eux.

Les mesures en neurosciences ont récemment repéré dans le cerveau des narcissiques une activité plus faiblarde des zones de l’empathie que chez les personnes autres. Chez eux, l’empathie semble remplacée par une capacité à bien comprendre les sentiments de leurs interlocuteurs, ce qui leur permet d’être de parfaits manipulateurs.

Cette présence nette des narcissiques est en fait importée dans nos loges, à peine freinée par nos filtres au recrutement, depuis la société civile dans laquelle ils sévissent lourdement, et jusqu’aux dirigeants politiques : voyons Trump, Boris Johnson, Bolsonaro, etc.

A côté de ces « gagnants » il existe aussi des « vulnérables », ou « frustrés », qui étaient au départ, eux aussi, souvent des enfants-rois auxquels jamais un non n’était opposé, donc dans l’exigence du tout – tout de suite. Une partie d’entre eux s’est heurtée à quelques dures fins de non-recevoir ;  ces chocs tardifs créent une frustration permanente pour ces individus n’ayant pas intégré la notion de limite dans leur enfance. Les frustrés auront tendance à vivre leur toute-puissance par procuration, en adulant des populistes, qui voient ainsi grossir les rangs de leurs adeptes, d’où l’accession au pouvoir de plusieurs d’entre eux.    

Une variante des frustrés est celle des complotistes. La rivalité dans la recherche de la célébrité fait considérer toutes les autorités en place ( politique, entreprises, scientifiques…) comme des ennemis à abattre, et rien de tel que découvrir que ces ennemis cachent des intentions peu avouables derrière leurs discours trop politiquement corrects.

Complotistes ou pas, les vulnérables vont retrouver tous leurs ennemis sur les réseaux sociaux et en découdre : autre manière de vivre une toute-puissance de substitution.

Il existe encore une autre nuance de ces personnages aux égos boursouflés :  les personnalités clivantes. A la recherche de la lumière qui leur est due, certains narcissiques, pour montrer leur unicité, s’engagent sur des « chemins alternatifs ». Ils partagent avec les frustrés ce rejet du « système », qu’ils trouvent trop bien huilé, et dénoncent aisément les privilégiés qui en profitent honteusement.

Les tests psychosociologiques montrent que ceux qui adhèrent le plus aux théories du complot sont aussi ceux qui croient détenir des informations originales et rares. Le désir d’unicité se repaît de thèses décalées, qui peuvent augmenter la célébrité : on songe là à un célèbre professeur marseillais .

De tout ce petit monde bigarré, nous avons des échantillons dans nos loges,  comme l’a détaillé notre frère Pierre Audureau dans son «  une franc-maçonnerie dévoyée par l’égo ».   

Il est important de rappeler que plusieurs des comportements déviants cités ci-avant se déroulent de manière partiellement inconsciente : les zones du cerveau intervenant dans l’empathie sont moins actives que les autres.

Aussi c’est d’abord fraternellement que nous devons réagir si la personne est membre de nos ateliers. En enquête, par contre, il est utile de repérer ces individus et de bien se poser la question des dégâts qui pourraient suivre un recrutement.

Et vous, rappelez-moi en quoi vous êtes si unique ?

2 Commentaires

  1. Le franc-maçon devant être à la pointe de la chasse aux dogmes, son seul tord est d’avoir raison trop tôt. Et voilà que même ses confrères veulent le taxer de complotisme ou d’avoir des ambitions coupables. La démarche n’est ni fraternelle ni maçonnique. C’est du conflit que nait la paix, c’est du choc des silex que nait l’étincelle, c’est du choc des idées que nait la lumière de la voie. Le franc-maçon n’est pas un individu “stérilisé” qui n’ose pas affirmer ni s’affirmer.

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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