Successeur provisoire d’Hamed Bakayoko à la tête de la Grande loge de Côte d’Ivoire, l’avocat d’affaires Sylvère Koyo devrait réformer les textes qui régissent l’institution maçonnique. Il aura seulement un an, pour assurer cette tâche jugée titanesque.
Sans attendre la fin du deuil maçonnique de trois mois, les frères de la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI) ont donc désigné un remplaçant au premier ministre décédé Hamed Bakayoko, en attendant la prochaine assemblée générale de l’obédience.
Depuis un mois, l’avocat d’affaires Sylvère Koyo assure l’intérim du Grand maître de la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI), décédé le 10 mars. Selon nos confrères de JeuneAfrique, il assurera cette fonction durant un an. Un temps court pour réaliser la réforme en profondeur des textes de son obédience maçonnique. Elle voudrait revoir totalement la durée du mandat, qui ne serait plus comme actuellement, mais limitée dans le temps. D’autres sources estiment qu’il a été désigné pour gérer les affaires courantes et maintenir en éveil la Grande Loge.
Le Franco-ivoirien Sylvère Koyo est familier des arcanes de l’État pour avoir conseillé plusieurs gouvernements. Ancien Grand maître de la province du sud-est, rapporte JeuneAfrique, il avait été élu en 2017 député Grand maître (soit le numéro deux de la GLCI), après le décès de de Cadio Come Justin Joseph Coffie alias Pomelie Coffie en novembre 2016. Il aurait ainsi développé un important réseau, sur lequel il s’appuierait dans le cadre de ses nouvelles fonctions.
Une franc-maçonnerie plurielle
Fruit d’une longue histoire liée au fait colonial, la franc-maçonnerie en Côte d’Ivoire est une constellation d’obédiences réparties entre obédiences dites « régulières » et obédiences dites « libérales et a-dogmatiques ».
Pour Francis Akindès, professeur de sociologie à l’université Alassane Ouattara, l’aventure maçonnique ivoirienne a commencé en 1930 avec la création à Abidjan d’une loge affiliée au Grand Orient de France (GODF), nommée « Fraternité africaine». En 1957, la Grande Loge de France (GLDF) ouvrait une première loge à Abidjan appelée « Concorde universelle ».
Un an après l’indépendance, en 1961, le projet de fusion des loges promu par le GODF et la GLDF, aboutit enfin. Fraternité africaine, affiliée au Grand Orient de France, et trois loges affiliées à la Grande Loge de France – Concorde universelle et Fraternité Indépendance à Abidjan et Unité et progrès à Bouaké – fusionnèrent pour créer une nouvelle obédience nationale appelée la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI).
Selon les documents que nous avons pu consulter, née officiellement en 1989, l’actuelle Grande Loge de Côte d’Ivoire se réclame de la Franc-maçonnerie Régulière et revendique des liens étroits avec la Grande Loge Nationale Française (GLNF) et la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA).
À ce jour, la GLCI compterait, plus de 2000 membres, dont des ministres, des magistrats, des hommes d’affaires ou encore des officiers généraux, comme des anonymes.