Nous francs-maçons adorons le Un : ne citons que la chaîne d’Union . Il en existe des raisons profondes.
Nous discutions l’autre jour entre frères et sœurs, et je fus frappé par ces paroles : « Ne crois tu pas qu’il y a un seul grand Tout ? »
Je ne pus m’empêcher de jouer au mécréant scientiste en répondant : « Et pourquoi pas deux ? »
Tout de même, si je puis me permettre, en franc-maçonnerie, « Un » c’est le Mot-compte-triple. On le rencontre dès le premier grade avec la synthèse qui clôt thèse-antithèse avec un retour à l’unité.
On le rencontre encore dans la chaîne d’union forgeant l’unité locale d’une loge. La même unité se retrouve, en globalisant, dans l’universalité de l’ordre, et dans l’unité spirituelle créée par la fraternité…bref la liste symbolique est longue.
Nos doxas contemporaines reviennent quelque peu en arrière par rapport à cet unitarisme : éloge de la (bio)diversité, de l’enrichissement par la diversité ( Saint Ex, si tu nous regardes..) , de l’Altérité…
Pouvons nous expliquer ce succès du Un ?
Et ceci sans vouloir faire de pub pour ce chouette journal qu’est le « Un » d’Eric Fottorino et ses équipes ?
Grattons un peu.
D’abord, rappelons nous que nous aimons les images et les histoires simples et nettes. Simples, ça veut dire faciles à comprendre, avec les bons ( moi ) et les mauvais ( d’autres ) . Nettes, ça veut dire qu’il n’y a pas de trous dans la narration, pas de phénomènes non expliqués.
Pourquoi ce goût des belles histoires ? Parce qu’elles servent à rassurer, et qu’il est donc nécessaire qu’on ne laisse pas de zone d’ombre susceptible d’abriter un démon prêt à fondre sur nous.
OK donc, mécanisme de protection contre l’angoisse : une histoire lisse unique = tout a son explication et je n’ai rien à craindre.
Et si on reprenait nos vieux grimoires que sont les écrits d’un certain Sigmund Freud ? Celui-ci ramenait beaucoup de nos dadas à des problèmes ( réels ou supposés ) subis dans l’enfance, et en particulier le manque d’amour.
La réaction inconsciente de l’enfant en manque d’amour est ( disait le père Sigmund ) de vouloir retourner dans le sein maternel pour y retrouver chaleur et protection : en somme recréer l’Unité originelle… tiens tiens.
Alors, qu’en pensez vous ?