J’étais en Loge hier soir, et nous avons travaillé à un degré où il est question de « décider par [soi-même] des [ses] opinions et de [ses] actions » ou encore de «[n’accepter] aucune idée que vous ne compreniez et ne jugiez vraie». Ce travail m’a rappelé mon jeune temps d’étudiant, alors que je fréquentais des proches du Cercle de Zététique de mon université. Zététique ? Mais qu’est-ce donc ? Outre les 25 points minimum que rapporte ce mot au Scrabble, la zététique est tout simplement l’art du doute. Une forme d’autodéfense intellectuelle. Le zététicien doute de tout, vérifie tout et recoupe tout. A la longue, ce peut être fatigant pour l’entourage. Mais réellement salutaire. J’ai été très heureux de constater que la démarche maçonnique dans le degré auquel j’ai travaillé ressemblait beaucoup à la démarche zététique.
Des esprits chagrins pourront accuser le zététicien d’encourager des formes de négationnisme ou de révisionnisme. Ce qui est une erreur. Le zététicien s’intéresse aux faits, et sait les reconnaître. Le révisionniste ou le négationniste chercheront à démonter un fait, et en présenter une version conforme à leur idéologie. Ainsi, l’historien négationniste Robert Faurisson, militant antisémite notoire, a cherché à démontrer que la Shoah n’avait jamais eu lieu, suivant ainsi son idéologie et refusant la rigueur qui sied aux travaux universitaires. Ses travaux ont été bien évidemment démontés, tant les preuves matérielles et les témoignages allaient contre l’hypothèse qu’il cherchait à démontrer.
Comme le zététicien s’interroge sur tout, il va forcément remettre en question toute doxa officielle et être classé parmi les hérétiques. A titre personnel, et en bon maçon écossais que je suis, je suis toujours très mesuré sur les dogmes qu’on essaie de me faire intégrer. Prenons par exemple le dogme d’urgence climatique (i). On nous martèle depuis des années que notre civilisation dégrade l’environnement et provoque un changement climatique. Soit. Posons-nous quelques questions : qui le dit ? Les militants écologistes, porteurs de biais divers, les hommes politiques, également porteurs de biais. Il existe aussi un consensus du GIEC (groupement d’experts spécialistes du climat) pour dire que l’activité humaine perturbe les saisons. Soit. Seulement, comme le disait Denis Diderot, « une hypothèse n’est pas un fait », et la science n’est ni consensus ni démocratie. Seuls comptent les faits. Et étant donné la très grande complexité des phénomènes géophysiques et atmosphériques, personne n’est encore en mesure de démontrer quoi que ce soit. Pire, les équations de Lorenz utilisées en météorologie portent en elle une immense sensibilité aux conditions initiales, pouvant engendrer des projections très différentes (ii). C’est d’ailleurs grâce à ces considérations sur la pluie et le beau temps que nos politiciens ont créé le scandaleux marché du carbone, ou spéculation sur le droit à polluer. Un marché juteux, un ensemble de politiques publiques basés sur des hypothèses non vérifiées. De quoi faire hurler le zététicien ou le franc-maçon que je suis.
Par ailleurs, de plus en plus d’infographies ou vidéos circulent, véhiculant toutes un message culpabilisant : tout est de la faute du citoyen lambda. Nous serions tous complices de cette autodestruction collective. Nous devrions donc renoncer à prendre l’avion ou la voiture, ou changer nos habitudes de consommation. Pourquoi pas ? D’ailleurs, depuis quelques années, on voit fleurir des labels « bons pour l’environnement » pour nous guider dans nos choix. Il est vrai que nous pouvons désormais choisir entre un produit manufacturé fabriqué par des enfants dans des conditions atroces et pas bonnes pour l’environnement ou un produit manufacturé fabriqué par des ouvriers payés travaillant dans des conditions décentes (iii). Quel choix en effet ! Il est juste regrettable que ces labels soient une vaste arnaque orchestrée par les lobbies de l’industrie pour nous donner bonne conscience en faisant nos achats. Ciel, j’ai péché ! Vite, je vais acheter un certificat d’indulgence à base de paquets de chips à l’huile de palme estampillés « développement durable » pour apaiser ma conscience.
En attendant, en osant remettre en cause le changement climatique, je m’exclus de moi-même des gens bien pensants, puisque je suis catalogué chez les climato-sceptiques. Toutefois, au lieu de me baser sur une hypothèse, je me base sur un fait. Vérifiable et quantifiable. L’industrie dégrade notre environnement proche. Les terres arables et les réserves d’eau sont polluées par les pesticides et engrais en tout genre imposés par la Commission Européenne et les lobbies qui la contaminent comme autant de métastases. Les rejets de l’industrie dans l’atmosphère font bien plus de dégâts que la pollution automobile. La pollution généralisée est elle-même facteur de maladies graves et altère notre capacité à nous reproduire. Ça, ce sont des faits vérifiables et quantifiables, bien plus que les salmigondis sur la pluie et le beau temps qu’on entend un peu trop en ce moment (iv).
Mettre la catastrophe environnementale sur le dos des citoyens, les culpabiliser pour mieux les contrôler est une technique bien connue des lobbies. Seulement, leurs opérations de désinformation ont plutôt bien fonctionné jusque là, puisque jamais personne n’a encore osé remettre en cause le comportement de l’industrie, voire l’industrie elle-même.
Ainsi, plus que jamais, nous avons besoin de la zététique pour comprendre et combattre les phénomènes en jeu : le comportement religieux des apôtres de l’écologie punitive, les mécanismes de manipulation des lobbies ou l’analyse des politiques publiques. La liberté, c’est le doute.
Au regard de ce comportement religieux à l’égard de l’urgence climatique, je suis donc un hérétique, à brûler comme tous les hérétiques. Chers ayatollahs de l’écologie, pensez quand même au bilan carbone lorsque vous érigerez mon bûcher !
J’ai dit.
i-Un papier a été rédigé par le Cercle de Zététique à ce propos, consultable ici : http://www.zetetique.ldh.org/rechauffement_climatique.html
ii-C’est le célèbre effet papillon : une imprécision dans les conditions initiales du système de Lorenz de l’ordre de la pression engendrée par un battement d’ailes de papillon peut engendrer dans le cas de projection à long terme des erreurs de prédiction de l’ordre d’une tempête quand il fait beau temps.
iii-J’emprunte ce raisonnement au professeur Raj Patel, de l’université du Texas, à Austin, qui analyse nos habitudes de consommation dans le film L’illusion verte que je suis allé voir récemment.
iv-J’écris ces lignes en février 2019 au moment d’un phénomène anticyclonique ayant amené le beau temps à Paris.