sam 05 juillet 2025 - 23:07

JOABEN – « La Lumière – Repères pour temps troubles »

Dans les vastes corridors de l’esprit où la lumière s’entrelace aux ombres dans une étreinte mystique, l’éditorial de Philippe Guglielmi s’élève comme une porte ouverte sur un temple intellectuel, un seuil où résonnent les échos des Lumières traversés par les murmures de leurs contrepoints obscurs. Philippe Guglielmi, dont la plume semble puisée dans l’éther vibrant des idéaux républicains, nous guide à travers un périple introspectif où les ombres mouvantes de notre époque s’entrelacent aux lueurs d’un passé irradiant d’espérance.

Sa voix, empreinte de la dignité d’un Très Sage et Parfait Grand Vénérable du Grand Orient de France, porte une gravité sacrée, un appel vibrant à raviver la flamme initiatique face aux vents contraires qui menacent de l’étouffer. Il nous parle des Lumières comme d’une promesse vivante, un héritage que nous devons façonner à nouveau, loin de toute idolâtrie, en affrontant les Anti-Lumières qui, sous des masques de certitude, disséminent le doute et la discorde. Une tension féconde traverse ses mots, celle d’un gardien du temple qui, refusant la complaisance d’un passé figé, nous presse de faire de la raison et de la fraternité des flambeaux pour éclairer nos propres sentiers.

Philippe Guglielmi ne se contente pas de chanter une gloire révolue ; il nous convie à une vigilance ardente, à un retour aux sources où la lumière jaillit d’une quête collective, un labeur patient de polissage des pierres brutes que nous portons en notre âme.

Et puis, dans cette symphonie d’idées qui vibre comme un chant maçonnique, la voix de Laurent Kupferman s’élève, un hymne vibrant dédié à Joséphine Baker, symbole d’unité nationale et héroïne universelle dont l’âme rayonnante transcende les âges. Laurent, envolé vers l’Orient Éternel le 2 juillet dernier, laisse en héritage un testament d’amour et de justice, une ode à cette femme née dans les ombres de la ségrégation américaine, transformant sa vie en un arc-en-ciel de résistance. Historien passionné, né en 1966 à Paris d’un père, Fred Kupferman, chroniqueur des heures sombres de l’Occupation, et d’une mère, Sigrid, plume sensible aux nuances de l’âme, Laurent a consacré son existence à tisser des liens entre mémoire et idéal. Ses écrits, tels que Le Paris des Francs-Maçons (2009) ou le documentaire « Joséphine Baker, un destin français » (2023), témoignent d’une quête où l’érudition s’unit à un engagement fervent. Sa pétition « Osez Joséphine », qui en 2021 rassembla des milliers de voix et porta cette artiste au Panthéon, fut un acte d’alchimie sociale, un geste où la Franc-Maçonnerie trouva l’une de ses expressions les plus éclatantes.

Dans son texte, Laurent Kupferman dépeint Joséphine comme une initiée sans tablier, une sœur dont la danse devint un rituel de libération, un mouvement qui s’éleva des planches poussiéreuses du « Revue Nègre » en 1925 jusqu’aux sommets de la Résistance française, où son sourire éclatant dissimulait des messages de liberté. Sa tribu arc-en-ciel, sanctuaire pour les orphelins de toutes nations, se révèle sous sa plume comme un symbole maçonnique, un atelier universel où l’amour dissout les barrières. Laurent nous dévoile une Joséphine affrontant les ténèbres du racisme et de l’antisémitisme avec la lumière de l’action, collaborant avec la France libre, soutenant Martin Luther King, incarnant un universalisme que la Franc-Maçonnerie aspire à voir fleurir dans le monde profane. La douleur de sa disparition récente se mue sous ses lignes en une force rayonnante, comme si Joséphine, depuis l’éternité, continuait de danser dans les loges invisibles de nos cœurs.

Et dans cet écrin de pensées, le remarquable ouvrage Lumières, Franc-maçonnerie, Laïcité, 120 ans d’engagement- 1905 – 2025, publié chez Numérilivre et préfacé avec majesté par le Grand Maître Nicolas Penin, s’ajoute comme une pierre précieuse, chroniqué avec soin en page 85 de cette même revue. Charles Coutel y déploie une méditation qui coule comme un ruisseau d’or à travers les pages, reliant les époques avec une grâce intemporelle. Là, l’ombre et la lumière s’entrelacent dans un ballet initiatique, miroir de l’âme humaine en quête de vérité. La Franc-Maçonnerie, fille des Lumières nées en 1728, porte en son sein cette tension féconde où la raison s’élève comme une flamme vive, tandis que l’ombre devient une alliée silencieuse, un terreau où la vigilance s’enracine.

Charles Coutel nous guide à travers une fresque historique où les siècles se répondent comme des échos dans une crypte sacrée, évoquant les lendemains sombres de la Seconde Guerre mondiale où l’ombre semblait avoir englouti les idéaux, pour nous presser de raviver cette lumière par une vigilance sans cesse renouvelée. Cette résonance avec notre époque troublée nous pénètre au plus profond, nous rappelant que le temple intérieur de chacun doit rester un sanctuaire de résistance. La Franc-maçonnerie, dans sa vision, devient un phare qui éclaire sans aveugler, un appel à ne pas céder aux mirages de l’ignorance ni aux excès d’un fanatisme déguisé.

Ces trois voix – Philippe Guglielmi, Laurent Kupferman, Charles Coutel –, que mon choix a réunies en un foyer d’attention, s’entrelacent dans une harmonie initiatique, un dialogue où la lumière ne se contente pas de briller, mais se forge dans l’épreuve. Philippe Guglielmi nous appelle à protéger l’idéal des Lumières contre les assauts de l’obscurantisme moderne, Laurent, par le prisme de Joséphine, nous montre comment cette lumière s’incarne dans une vie offerte au service de l’humanité, et Charles Coutel nous invite à une confrontation active où l’ombre et la lumière se transmutent en une quête de vérité.

Ensemble, ils tissent une tapisserie où la Franc-Maçonnerie apparaît comme un phare vivant, un espace où ces forces contraires se conjuguent pour nous élever vers une fraternité plus haute. Nous, lecteurs, nous tenons au seuil de ce Temple intérieur, invités à allumer nos propres chandelles, à porter la flamme avec humilité, conscients que chaque pas vers la lumière exige de traverser l’ombre avec une foi inébranlable, en ce jour où le temps semble suspendu entre l’aube et l’infini.

JOABEN – La Revue « La Lumière – Repères pour temps troubles »

Grand Chapitre Général du Grand Orient de France

Rite Français 1728- 1786

Collectif – Conform édition, N°25, juin 2025, 96 pages, 14 €

Disponible chez l’éditeur https://www.conform-edit.com/produit/joaben-n25-la-lumiere-reperes-pour-temps-troubles-frais-de-port-inclus/

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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