ven 04 juillet 2025 - 05:07

Comment voir la Lumière maçonnique quand on a plus ses yeux ?

Dans un monde où les apparences dominent, où les images saturent nos écrans et nos esprits, que signifie réellement « voir » ? Cette question, à la fois simple et profonde, nous invite à explorer non seulement la perception visuelle, mais aussi la manière dont nous appréhendons l’essence des êtres et du monde qui nous entoure. À travers une réflexion inspirée par la philosophie, la science et une approche symbolique de la vie, cet article propose une exploration de ce que voir signifie, et comment une quête de « lumière intérieure » peut transformer notre compréhension de nous-mêmes et des autres.

Chapitre 1 : Voir au-delà des yeux

La vision est souvent perçue comme le sens dominant, celui qui guide nos interactions avec le monde. Pourtant, la science nous enseigne que la vision physique n’est qu’une infime partie de ce que signifie percevoir. Selon des études en neurosciences, environ 80 % des informations que nous recevons passent par nos yeux, mais ce que nous « voyons » est largement filtré par notre cerveau, qui interprète les signaux lumineux en fonction de nos expériences, de nos émotions et de nos attentes.

Ce processus, bien que fascinant, peut nous limiter. Plus notre acuité visuelle est fine, moins nous nous appuyons sur nos autres sens ou sur notre intuition. Prenons l’exemple des personnes non-voyantes. Des recherches menées par des institutions comme l’Institut de la Vision à Paris montrent que la perte de la vue entraîne une réorganisation cérébrale, où les zones normalement dédiées à la vision sont réaffectées à d’autres sens, comme le toucher ou l’audition. Cette plasticité cérébrale permet aux non-voyants de développer une sensibilité accrue aux vibrations, aux sons, et même aux énergies subtiles de leur environnement.

le 3e oeil

En d’autres termes, la cécité physique peut paradoxalement ouvrir une porte vers une perception plus profonde, une sorte de « vision intérieure » qui transcende les apparences. Cette idée nous pousse à questionner notre propre rapport à la vision. Combien d’entre nous, bien-voyants, passent à côté de l’essence des choses ou des personnes, trop occupés à regarder sans vraiment voir ? Comme le disait le philosophe grec Socrate, repris par tant d’autres après lui : « Connais-toi toi-même. » Mais comment se connaître si l’on ne voit pas au-delà des apparences superficielles ?

Chapitre 2 : La lumière de l’identité

Qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ? Cette question, au cœur de la philosophie depuis des millénaires, a été abordée avec une clarté particulière par le philosophe français Michel Serres, décédé en 2019.

Michel Serres

Dans ses écrits, notamment dans Le Tiers-Instruit, Serres affirmait que l’identité ne se réduit ni à un nom, ni à une profession, ni à une appartenance religieuse ou nationale. Un nom comme « Michel » ou un patronyme comme « Serres » (dérivé de sierra, massif montagneux) est partagé par des milliers de personnes. De même, être avocat, agriculteur ou artiste ne définit pas l’essence d’un individu, car changer de métier ne change pas ce que nous sommes fondamentalement. Serres proposait une vision de l’identité comme une vibration unique, une sorte de signature énergétique propre à chaque être. Cette idée trouve un écho dans les sciences modernes : notre ADN, notre voix, notre odeur, et même la manière dont nous interagissons avec autrui constituent une empreinte inimitable.

Jung

En psychologie, des concepts comme l’individuation, développé par Carl Jung, soulignent que devenir soi-même est un processus actif, une quête de toute une vie pour révéler cette « lumière intérieure » qui nous distingue. Pourtant, dans nos sociétés modernes, nous sommes souvent distraits par le besoin de « faire » – produire, consommer, se faire reconnaître – au détriment de l’ »être« . Comme l’écrivent les slameurs contemporains, ces poètes urbains qui capturent l’âme de notre époque : « Nous vivons dans des cités en cécité, avec la nécessité de cesser, mais quand allons-nous commencer à nous regarder ? » Cette cécité métaphorique, celle du cœur, nous empêche de voir l’autre dans sa singularité, et souvent, de nous voir nous-mêmes.

Chapitre 3 : La géométrie sacrée de l’existence

illustration suite de fibonacci dans la nature fleur
fleur d’après la suite de Fibonacci

Pour dépasser cette cécité du cœur, il est utile de se tourner vers des disciplines qui invitent à structurer notre perception du monde. L’une d’elles, issue de traditions anciennes, est l’étude de la géométrie sacrée. Ce concept, utilisé depuis l’Antiquité par des civilisations comme les Égyptiens ou les Grecs, repose sur l’idée que les formes géométriques – cercles, carrés, triangles – reflètent des lois universelles qui régissent l’univers. La suite de Fibonacci, par exemple, illustre comment des proportions mathématiques se retrouvent dans la nature, des coquillages aux galaxies. La géométrie sacrée n’est pas seulement une science de la mesure ; elle est aussi une métaphore de l’harmonie. En architecture, des monuments comme la cathédrale de Chartres ou les pyramides de Gizeh incarnent ces principes, où chaque pierre, chaque angle, est pensé pour refléter une vérité plus grande. Appliquée à l’individu, cette géométrie devient un outil pour aligner son être intérieur avec les lois universelles – la gravité, la lumière, l’impermanence. Dans ce cadre, des outils symboliques comme l’équerre, le compas ou le fil à plomb, souvent associés à des traditions initiatiques, servent à « mesurer » et à construire un « temple intérieur ». Ce processus invite à équilibrer le vertical (la quête spirituelle) et l’horizontal (l’ancrage dans le monde matériel), pour aboutir à une vision en trois dimensions, unissant le visible et l’invisible.

Chapitre 4 : La lumière universelle

La « lumière » dont il est question ici n’est pas celle que perçoivent nos yeux. Selon les théories de la physique quantique, tout dans l’univers – des atomes aux étoiles – vibre à une certaine fréquence. Cette vibration, invisible à l’œil nu, est ce qui anime la matière et la vie. Les traditions spirituelles, de l’hindouisme au soufisme, parlent de cette énergie comme d’une force universelle qui relie tous les êtres. Pour percevoir cette lumière, il ne s’agit pas de regarder, mais de ressentir. Comme l’écrivait Confucius : « Écoute, tu oublies ; vois, tu te souviens ; fais, tu comprends. » C’est dans l’action, dans l’expérience vécue, que l’on accède à une compréhension profonde. Les neurosciences confirment cette idée : les pratiques méditatives ou contemplatives, qui impliquent de se connecter à ses sensations internes, activent des zones du cerveau liées à l’empathie et à l’introspection, nous permettant de « voir » avec le cœur.

Chapitre 5 : Une pensée pour les aveugles du cœur

Si la cécité physique peut, paradoxalement, ouvrir des portes vers une perception plus profonde, la cécité du cœur – celle qui nous rend indifférents à l’autre, à sa singularité – est un handicap bien plus lourd. Dans nos sociétés marquées par l’individualisme et la compétition, nombreux sont ceux qui souffrent de cette incapacité à voir au-delà des apparences. Ce handicap s’accompagne parfois d’un ego surdimensionné, qui crée des tensions et des divisions, même dans les cercles les plus bienveillants. Pour surmonter cette cécité, il est essentiel de cultiver l’unité et l’empathie. Les traditions spirituelles et philosophiques nous rappellent que nous faisons tous partie d’une même humanité, animée par la même vibration universelle. En apprenant à écouter, à ressentir et à agir avec cœur, nous pouvons redonner à nos yeux – ceux de l’âme – leur capacité à voir véritablement.

En guise de conclusion

La quête de la lumière intérieure est une invitation à dépasser les limites de la vision physique pour embrasser une perception plus profonde, celle qui révèle l’essence des êtres et du monde. En explorant notre identité unique, en nous alignant sur les lois universelles et en cultivant l’empathie, nous pouvons transformer notre manière de voir – et d’être. Comme le suggèrent les slameurs, il est temps de cesser de « regarder » pour commencer à « voir« .

Car, en fin de compte, la véritable lumière ne se trouve pas à l’extérieur, mais dans le cœur de chacun, là où vibre l’unique partition de notre existence.

1 COMMENTAIRE

  1. Pour ce partage enrichissant,
    Je ne peux qu’exprimer ma Gratitude à Tous les Penseurs.
    Si Tout le monde devient Conscient,le principe de domination et de conflit disparaitra…

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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