mer 14 mai 2025 - 17:05

Le cercle et sa quadrature

Le 5ème degré de Maître Parfait apporte la solution au problème de la quadrature du cercle ainsi posé :
Frère Inspecteur, êtes-vous Maître Parfait ?
J’ai vu les trois cercles enfermant le cube sur les deux colonnes :

« Je connais le cercle et sa quadrature ».

Rappelons-nous d’abord que notre réception sous le Laurier et l’olivier marque et symbolise une reconnaissance qui résonne dans l’éternité : en passant de l’équerre au compas, nous avons été invités à basculer dans la dimension métaphysique, ontologique de ce que nous sommes « en Vérité ».

Nous ne pouvons donc plus nous satisfaire de « Savoir » mais sommes résolus au plus profond de nous et dans le plus Grand secret à CONNAÎTRE ! A nous CONNAÎTRE !!! Nous nous en glorifions car nous réalisons enfin que tel est notre seul et vrai DEVOIR !

De même, nos larmes versées sur la perte de notre respectable Maître Hiram n’est pas une fin en soi, bien au contraire, la dramatisation de cette perte provoquée par l’égarement des trois mauvais compagnons nous exalte à activer la clé d’ivoire dans la serrure de ce que nous percevons tout au plus.

L’organisation funéraire du 5ème degré nous invite maintenant à tracer géométriquement les plans d’un champ de conscience qui nous était encore caché car bien au-delà de la simple raison, d’un simple savoir spéculatif, il ne s’agit pas d’une démarche intellectuelle, d’une maîtrise illusoire par des calculs mathématiques, de forger des dictats conceptuels théoriques, idéologiques ou dogmatiques.

« Tu pensais avoir compris ! Eh bien tu n’avais rien compris ! Voilà ton Devoir !

Voilà ce que tu dois chercher ! Ce que tu vois n’est pas ce qui est ! Ce qui est n’est pas ce que tu crois ! Ce qui est, est tel que tu es ! Connais-toi toi-même et suis ton Devoir !

Être en quête de la parole perdue et rassembler ce qui est épars nécessite d’opérer un travail sacré sur un cœur qui à ces raisons et que nos simples raisons ne peuvent qu’ignorer, le royaume de l’équerre n’étant en fait qu’un reflet du royaume du compas.

La mise en scène rituelle des funérailles d’Hiram consiste en un plan opératif interpelant notre conscience. Il s’agit ainsi de l’explorer et le méditer pour en saisir l’analogie spéculative qui pour moi est la suivante :

Le REAA nous appelle à nous extraire symboliquement du carré de notre enveloppe matérielle pour accéder au cercle de l’esprit.

Nous, Maitre Parfait, devons témoigner « en personne » de cette expérience, traduisant ainsi le cheminement de notre conscience en le reproduisant dans des tracés géométriques, qui d’étapes en étapes finissent par former un plan d’accès, et dont les dimensions retrouvent les justes mesures de notre ontologie.

« Que nul ne rentre ici si il n’est pas Géomètre ! » « A Seigneur mon Dieu ! » nous percevons bien que la Géométrie pythagoricienne nous invite, par la puissance de sa portée symbolique, bien au-delà du simple calcul rationnel, dans les cieux microcosmiques de notre propre temple intérieur, dans notre véritable Chair au combien sacrée.

« Connaître le cercle et sa quadrature » ne s’explique pas, ne se calcul pas mais implique de vivre un véritable processus alchimique dont le principe nous est la fois immanent et transcendant, et que la Géométrie matérialise. Spiritualiser la matière et matérialiser l’esprit pour retrouver en nous la perfection et la seule

Gloire de la chose UNE ! En pratiquant l’Art Royal, il s’agit de réaliser notre

Chef d’œuvre, c’est-à-dire accomplir l’œuvre alchimique par « excellence » !

Ré-immerger symboliquement dans le processus de création du GADLU lors de notre initiation, puis guidés par les Trois Grandes Lumières à la reconstruction de notre conscience, celle-ci nous a invités à passer du monde limité du tangible au vaste monde de la pensée et de l’action.

Invités à nous perfectionner dans cette autre dimension parce que nos yeux n’y étaient que partiellement décillés, Nous, Maitre Parfait, dans « l’Aujourd’hui de notre temps mythique », en retrouvant le mot qui est Jéhovah, en apprenant que l’accomplissement du Devoir est la réalisation du Principe élevé qui est en lui et non en dehors, Nous découvrons que la Clef de la connaissance est dans la participation directe et immédiate à ce principe qui est immanent en l’initié.

Nous en tirons cette conséquence métaphysique que nous sommes tous libres, tous frères, tous égaux.

En mourant à l’illusoire réalité que me projette le monde sensible et ses abusantes raisons, faite de droites et d’angles semblant définir un monde fini, en extrayant mon cœur de cette dépouille pour l’élever au sommet d’un obélisque, je me crée un nouveau repère, siège de mes intuitions les plus profondes et de l’imagination la plus « fertile », conduisant mon dépassement vers le haut sans m’exclure du bas.

En abordant ainsi les plans de mon temple en dehors de tout préalable, je me construis et me purifie degré par degré, convertissant mon regard et vivant de plus en plus profondément la réalité spirituelle au cœur du monde temporel.

Je ne cherche ainsi plus à expliquer, je part à la découverte de ce qui EST en partant de ce que je SUIS, j’isole et ouvre mon cœur en l’élevant pour éveiller mon être, et ainsi me colorer de l’évidence d’un « intelligible universel » rendant dérisoire tout mot et toute explication. En cela, je trace le cercle et aspire intuitivement à conjuguer vers son centre pour parvenir au cœur de ce qui est en moi-même et que j’ignore.

Son exploration tout aussi intuitive me conduit vers des archétypes, me trouvant ainsi à genoux au centre de moi-même. C’est en cela que je m’ouvre à la connaissance du cercle et à sa quadrature.

Plus je communie avec ce centre, plus je réalise que je n’ai plus rien sauf ce que je suis. Mon Devenir est dans ce que je suis, en y participant activement, tout mon DEVENIR s’ouvre à moi, je SUIS en DEVENIR.

Je réalise alors que l’intelligence est féminine, et ainsi nous est offerte non pour pénétrer les mystères de la vie, mais s’en pénétrer au plus profond de nous même pour en quelque sorte nous ré-enfanter. Cette intelligence inopinée ne nous fait-elle pas découvrir ou plutôt Redécouvrir le mot Jehova en s’en faisant le « miroir », toutes nos énergies furieuses et révoltés dans les errances de nos seuls intérêts extérieurs n’en sont-elles pas redirigées ?

Nos sensations et nos opinions ne sont ni vraies ni fausses, elles ne font que manifester les illusions de l’existence et de ses errances, bien éloignées des réalités des mystères de la vie.

Connaître le cercle et sa quadrature n’est plus la simple entrevue du monde spirituelle, il implique notre participation active au passage permanent du carré de la Terre au cercle du ciel, du cercle de l’infini au carré de la matérialité.

Plus encore, l’un n’étant que le reflet de l’autre dans le monde sensible, il s’agit non plus de s’échiner dans un labyrinthe (à l’instar de Dédale) mais de contempler le monde sensible avec les yeux de l’esprit pour monter progressivement vers la transcendance, vers la connaissance spirituelle, qui unit ce qui est en bas avec ce qui est en haut.

Planche représentant une version latine de la Table d’émeraude gravée sur un rocher dans une édition de l’Amphitheatrum Sapientiae Eternae (1610) de l’alchimiste allemand Heinrich Khunrath.

Ce n’est pas un hasard si le vert de la Table d’émeraude, celui de la connaissance cachée, profonde, est la couleur qui domine notre grade de Maitre Parfait. Connaître la quadrature du cercle, c’est vivre la relation intime entre les choses célestes et celle d’ici bas, c’est remettre en résonnance l’unité entre cette « petite étincelle » retrouvée au plus profond de nous et l’infiniment UN.

Pour retrouver cette relation avec l’Univers et les Dieux, il faut d’abord acquérir la connaissance profonde de soi car seul l’être encore endormi au fond de nous a le regard sur l’invisible permanent, immanent et transcendant. L’âme humaine est appelée à contempler ce monde originel et éternel des idées et non ce qui appartient au monde matériel d’ici bas.

« L’être et la connaissance sont tout UN ; Car ce qui n’est pas on ne le connaît pas non plus, mais ce qui est au plus haut point, on le connaît également au plus haut point »

(Maître Eckhart)
Libre,de,une vieille,serrure,avec,clé,sur,un,en bois, Porte
Pour fermer ou ouvrir ?

La clef que nous avons reçu à notre entrée en ateliers de perfection est donc bien celle du Saints des Saints, où tout est parole mais rien n’est prononçable, ce lieu sacré est en nous.

Ignorer que cette clé se tourne symboliquement dans la serrure métaphysique que nous sommes, c’est entrer dans les Dédales des savoirs nous emprisonnant dans l’illusion que la vie s’explique en demeurant dans le royaume du carré.

Le degré du Maitre Parfait, en nous guidant symboliquement à participer à la quadrature du cercle, nous invite à une véritable conversion du regard qui permet de voir la Permanence d’un monde spirituel derrière l’apparente matérialité de la vie.

Ayons courage, la race des Hommes est divine ! La nature sacrée leur révèle les plus secrets mystères…

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Christian Belloc
Christian Bellochttps://scdoccitanie.org
Né en 1948 à Toulouse, il étudie au Lycée Pierre de Fermat, sert dans l’armée en 1968, puis dirige un salon de coiffure et préside le syndicat coiffure 31. Créateur de revues comme Le Tondu et Le Citoyen, il s’engage dans des associations et la CCI de Toulouse, notamment pour le métro. Initié à la Grande Loge de France en 1989, il fonde plusieurs loges et devient Grand Maître du Suprême Conseil en Occitanie. En 2024, il crée l’Institution Maçonnique Universelle, regroupant 260 obédiences, dont il est président mondial. Il est aussi rédacteur en chef des Cahiers de Recherche Maçonnique.

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