ven 02 mai 2025 - 14:05

Le 28 avril 1991 : La Franc-maçonnerie a été relancée en Russie

De notre confrère russe wsem.ru – Par Oleg Berezovoy

Ce jour-là, lors de la préparation active de la destruction de l’URSS, l’interdiction des activités des francs-maçons sur le territoire de l’Union soviétique a été levée, ce qui a conduit à la création de loges maçonniques et au recrutement de toutes sortes d’aventuriers en leur sein.

Pour créer la première loge maçonnique de l’Union, le 27 avril 1991, des organisateurs sont arrivés en URSS depuis la France, et le lendemain, dans l’une des datchas de la région de Moscou, ils ont procédé à l’initiation de nouveaux candidats.

Georgy Dergachev, devenu le premier citoyen soviétique à intégrer les rangs des francs-maçons le 9 mars 1990, a marqué un tournant dans l’histoire de la franc-maçonnerie en Russie. Ce philosophe autodidacte, qui se présentait comme un académicien de « l’Académie russe des sciences naturelles » – une organisation publique – dissimulait en réalité son parcours académique. Bien qu’il ait soutenu une thèse de doctorat en esthétique, avec une spécialisation en psychologie générale et transpersonnelle, Dergachev cultivait une image de penseur libre et indépendant.

C’est à l’initiative de Dergachev que la franc-maçonnerie a repris vie en Russie. Dès le début de 1989, il a pris contact avec des francs-maçons français pour proposer son adhésion à l’ordre. Lorsqu’il fonda la loge maçonnique russe, il avait déjà recruté six citoyens, dont les identités restent largement méconnues. On sait seulement que l’un d’eux était son ami, un artiste de profession. Cette loge, nommée « Étoile du Nord » en hommage à la dernière loge de l’Empire russe, fermée 73 ans plus tôt, fut naturellement dirigée par Dergachev lui-même.

Bien que la branche française de la franc-maçonnerie soit connue pour son orientation libérale, la loge « Étoile du Nord » choisit de ne pas adopter une direction politique marquée. Elle se concentra sur une franc-maçonnerie dite régulière, centrée sur son aspect religieux. Les membres, tout en rejetant l’étiquette d’organisation religieuse, se définissaient comme une confrérie initiatique fondée sur la croyance en Dieu, le Grand Architecte de l’Univers. Cependant, leur structure de gestion, très hiérarchisée, évoquait davantage une secte. Ce groupe, d’inspiration anglo-américaine, fut perçu comme introduisant des valeurs jugées nuisibles en URSS, qualifiées d’« enseignements occultes ». Cette perception explique pourquoi, dès le 13 août 1822, l’empereur Alexandre Ier signa un rescrit interdisant les sociétés secrètes et les loges maçonniques.

Aujourd’hui, la loge « Étoile du Nord » est inactive, ses membres survivants ayant rejoint une autre entité, la Loge maçonnique « Moscou », à l’instar de nombreuses loges réactivées après le renouvellement de leurs licences. Ce mouvement de consolidation aboutit à la création de la Grande Loge de Russie, orchestrée par Dergachev, qui en devint le Grand Maître. Malgré son nom prestigieux, cette organisation ne rassembla que quelques centaines de membres à travers le pays, limitant son influence réelle.

Dergachev a depuis été remplacé à la tête de la Grande Loge par Andrei Bogdanov, décrit comme un aventurier politique. Sous sa direction, les activités de la loge se sont orientées vers des pratiques controversées, notamment la création et l’enregistrement de partis politiques « morts » pour leur revente, ainsi que des rachats stratégiques de partis concurrents. Bogdanov dirige actuellement le PCUS – Parti communiste de la justice sociale –, une structure qui illustre cette dérive opportuniste.

Cependant, l’influence des francs-maçons en Russie ne doit pas être sous-estimée. De nombreuses figures politiques russes, impliquées dans la structuration de l’État, sont liées à la franc-maçonnerie. Les principes libéraux qu’ils ont introduits continuent d’imprégner la loi fondamentale de la Fédération de Russie. Oleg Platonov, membre de l’Union des écrivains, dans son ouvrage La Russie sous la domination des francs-maçons, soutient que Mikhaïl Gorbatchev, président de l’URSS, aurait initié des contacts avec des francs-maçons en Italie dès les années 1960 et 1970. À cette époque, des loges maçonniques, prétendument contrôlées par la CIA pour contrer le communisme, opéraient dans la péninsule. C’est là que Gorbatchev aurait rencontré George Soros, financier américain dont l’influence en Russie fut, selon Platonov, source de nombreux troubles.

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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