Une TikTokeuse belge condamnée pour avoir accusé un temple maçonnique de rituels sataniques : une affaire qui interroge les dérives des réseaux sociaux
Une affaire inhabituelle a secoué Bruxelles, mêlant réseaux sociaux, accusations infondées et tensions communautaires. Yousra J., une jeune esthéticienne de 23 ans connue sur TikTok, a été condamnée à une peine de probation autonome après avoir publié une vidéo dans laquelle elle accusait un temple maçonnique du centre de Bruxelles d’organiser des « rituels sataniques ». Cette vidéo, postée le 25 janvier 2025, a eu des conséquences dramatiques : le temple a été caillassé, des individus s’y sont introduits, et le concierge a échappé de justesse à toute atteinte physique.
Cette affaire, qualifiée par le parquet de Bruxelles d’« archétype de la bêtise » dans le contexte des réseaux sociaux, soulève des questions sur la responsabilité des influenceurs, les préjugés autour de la franc-maçonnerie, et les dérives de la désinformation en ligne.
Les faits : une vidéo TikTok aux lourdes conséquences

Le 25 janvier 2025, Yousra J., qui vit actuellement des aides du CPAS (Centre Public d’Action Sociale), a publié une vidéo sur TikTok devant un temple maçonnique situé dans le centre de Bruxelles. Dans cette vidéo, elle affirmait que des « rituels sataniques » y étaient organisés, alimentant des théories conspirationnistes souvent véhiculées sur les réseaux sociaux. La vidéo, qui a rapidement circulé, a déclenché une vague de réactions hostiles. Quelques jours plus tard, le temple a été la cible de jets de pierres, mettant en danger le concierge, qui a failli être touché par un projectile. Des individus se sont également introduits dans le bâtiment, ignorant que des particuliers y résident, ce qui a exacerbé la gravité de l’incident.
Face à ce déchaînement de violences, la police bruxelloise a ouvert une enquête pour identifier l’auteure de la vidéo. Le 28 février 2025, Yousra J. a été interpellée et déférée devant le parquet de Bruxelles, qui l’a citée à comparaître devant la 67e chambre correctionnelle. Lors de l’audience, qui s’est tenue le 23 avril 2025, le parquet a requis une peine de quinze mois de prison avec sursis, dénonçant une vidéo qui incarne « l’archétype de la bêtise dans laquelle vivent les réseaux sociaux actuellement ».
Le procès et la condamnation

Lors du procès, Yousra J. a plaidé l’irresponsabilité, affirmant qu’il s’agissait d’une « blague » et qu’elle n’avait pas l’intention de provoquer du harcèlement ou de la violence. Cependant, le tribunal a jugé que ses actes avaient eu des conséquences graves, mettant en danger la sécurité des résidents du temple et alimentant des préjugés dangereux. Le 23 avril 2025, la jeune femme a été condamnée à une peine de probation autonome, assortie de conditions strictes : elle doit trouver un emploi et s’abstenir de publier tout contenu sur les réseaux sociaux susceptible de constituer une infraction pénale. Mais la sanction la plus symbolique est ailleurs : Yousra J. a été condamnée à visiter le temple maçonnique qu’elle avait accusé, une mesure éducative visant à lui faire prendre conscience des réalités de la franc-maçonnerie et à déconstruire ses préjugés.
Cette condamnation, bien que clémente par rapport à la peine initialement requise, a suscité des réactions contrastées. Certains saluent une approche pédagogique, tandis que d’autres estiment qu’une peine plus lourde aurait envoyé un message plus fort contre la désinformation en ligne.
La franc-maçonnerie sous le feu des préjugés

Cette affaire met en lumière les préjugés persistants à l’égard de la franc-maçonnerie, une organisation souvent mal comprise et entourée de fantasmes. En Belgique, la franc-maçonnerie compte environ 25 000 membres, répartis entre plusieurs obédiences, dont le Grand Orient de Belgique (GOB) et la Fédération belge du Droit Humain. Contrairement aux idées reçues, la franc-maçonnerie n’est pas une organisation secrète, mais une société discrète qui promeut des valeurs humanistes, la réflexion philosophique et la fraternité. Ses temples, comme celui ciblé par Yousra J., sont souvent des lieux ouverts à des activités culturelles ou éducatives, bien loin des clichés de « rituels sataniques » véhiculés par les théories conspirationnistes.
Ces stéréotypes ne datent pas d’aujourd’hui. Dès le XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a été accusée de pratiques occultes ou de complots, notamment par l’Église catholique, qui l’a longtemps excommuniée. Plus récemment, des rumeurs similaires ont circulé sur les réseaux sociaux, comme en 2018, lorsqu’une vidéo virale affirmait que des « rituels pédo-sataniques » avaient lieu dans les sous-sols de La Défense à Paris, une rumeur infondée relayée plus de 937 000 fois. En Belgique, des temples maçonniques ont également été la cible d’actes de vandalisme, comme à Morlanwelz en 2024, où une loge a été taguée, ou à Marbaix-la-Tour, où des dégradations ont été signalées.
Les réseaux sociaux : un amplificateur de désinformation

Cette affaire illustre également les dérives des réseaux sociaux, où la quête de visibilité peut conduire à des comportements irresponsables. TikTok, plateforme prisée par les jeunes générations, est souvent critiquée pour sa modération laxiste et la viralité de contenus problématiques. Dans le cas de Yousra J., sa vidéo s’inscrit dans une tendance plus large de théories conspirationnistes qui associent la franc-maçonnerie à des pratiques occultes, une narrative alimentée par des figures comme Alain Soral ou Youssef Hindi, qui ont dénoncé des « rituels sataniques » lors de la cérémonie des JO 2024. Ces discours, bien que marginaux, trouvent un écho auprès d’un public jeune et influençable, comme l’a montré une étude de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) en 2023, qui alertait sur la montée des théories conspirationnistes sur les réseaux sociaux.
Le parquet de Bruxelles a d’ailleurs insisté sur la responsabilité des créateurs de contenu dans la diffusion de telles rumeurs. La vidéo de Yousra J. n’était peut-être qu’une « blague » selon ses dires, mais elle a eu des conséquences bien réelles, illustrant le pouvoir des réseaux sociaux à transformer une rumeur en acte de violence. Ce phénomène n’est pas isolé : en 2008, une affaire similaire avait défrayé la chronique en Belgique, lorsqu’une jeune Hollandaise avait été tuée par une secte satanique près de Louvain, un crime lié à des rumeurs de rituels occultes qui avaient mobilisé la police fédérale.
Une condamnation éducative, mais des questions en suspens

La décision du tribunal de condamner Yousra J. à visiter le temple maçonnique est une mesure rare, qui vise à confronter la jeune femme à la réalité de l’organisation qu’elle a diffamée. Cette approche, qui mise sur l’éducation plutôt que sur la répression, a été saluée par certains observateurs comme une tentative de déconstruire les préjugés à la source. Cependant, elle soulève aussi des questions : est-ce suffisant pour dissuader d’autres créateurs de contenu de propager des rumeurs similaires ? Et comment les autorités peuvent-elles mieux réguler les plateformes comme TikTok pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent ?
Pour les francs-maçons belges, cette affaire est un rappel des défis auxquels ils font face dans un climat de méfiance croissante. Comme l’expliquait un membre du GOB dans une interview à La DH en 2024, « des tas de temples maçonniques ont encore subi des dégradations ces derniers temps, en France comme en Belgique. Des gens pensent que les francs-maçons complotent et se partagent le pouvoir, ce qui suscite parfois des réactions de haine. » Cette affaire pourrait inciter les obédiences maçonniques à renforcer leur communication et leurs efforts de transparence, afin de contrer les stéréotypes qui alimentent de tels incidents.
Conclusion : un appel à la responsabilité collective
L’affaire Yousra J. est un cas d’école des dangers de la désinformation à l’ère des réseaux sociaux. Ce qui a commencé comme une « blague » sur TikTok s’est transformé en un incident violent, mettant en lumière les préjugés tenaces à l’égard de la franc-maçonnerie et le pouvoir des plateformes numériques à amplifier les rumeurs. Alors que la justice a opté pour une sanction éducative, cette affaire invite à une réflexion plus large sur la responsabilité des créateurs de contenu, le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de théories conspirationnistes, et les moyens de promouvoir un dialogue apaisé autour de sujets aussi sensibles. En attendant, le temple maçonnique de Bruxelles pansera ses blessures, espérant que cette visite imposée à Yousra J. marquera le début d’une prise de conscience, tant pour elle que pour ses abonnés.
Pas plus tard que ce matin, je me réfléchissais au prochain thème de ma modeste rubrique hebdomadaire diffusée sur le journal 450.fm, le journal N°1 de la Franc-maçonnerie, https://450.fm/ et je me disais « Bon je vais pas encore aborder les rapports entre les réseaux et la franc-maçonnerie », sujet revu et revu…
Et bien non nous sommes toujours la cible apparemment de la part d’illuminés comme quelques fois certains qui nous laissent des commentaires étranges, agressifs ou incompréhensibles suite aux articles ou vidéos que nous publions, comme c’est mon cas avec mes videos qui abordent la franc-maçonnerie sur YouTube .
Je crois que nous vivons une époque, certes formidable par beaucoup d’aspects,
mais arrêtons de croire
que la culture se fait sur les réseaux sociaux, avec une intelligence artificielle dont nous sommes au balbutiement de la maitrise. Tout comme on remet, je pense un diplôme à une personne qui veut exercer dans le domaine de l’esthétique, il serait bon parfois de trouver une méthode, une sorte de reconnaissance qui fasse que les « Tik Tokeuses et Tik Tokeurs » soient reconnus comme des auteurs, ensuite au public d’établir des notions de qualité.
Je me souviens que lorsque nous commencions à écrire ( dans mon cas des sketchs), des textes qui allaient etre diffusés sur des chaines de télévision, arrivait un moment ou nous allions passer un après-midi dans une sale de la SACEM, avec une page blanche et un stylo afin de prouver que nous étions des auteurs ou futurs journalistes avec déontologie avant d’être des médiatisés aujourd’hui journalistes « Tik Toké » type formation rapide et succincte pour réseaux sociaux, souvent résumée par deux mots simplistes des réseaux sociaux:
« Respect et Grave », ainsi on a tout dit