mar 22 avril 2025 - 22:04

L’épopée de Gilgamesh

Pour aller à la découverte de Gilgamesh, je me suis pour cela essentiellement appuyé sur l’oeuvre majeure de Jean Boottéro : «L’épopée de Gilgamesh, le grand homme qui ne voulait par mourir», publiée en 1992, qu’il a directement traduit de l’akkadien, la langue vernaculaire parlée du 4ème au 1er millénaire avant J-C en Mésopotamie, et qui s’écrivait en caractère cunéiforme.

Vieille de quelques 35 siècles, et donc de loin antérieure à l’Iliade, au Mahâbhârata, et sans parler de la Bible (dont les parties les plus vieilles de l’Ancien testament, le Deutéronome et les 6 livres suivants, datent du 7ème ou 8ème siècle avant JC), ce récit est la première oeuvre littéraire connue qui, par son ampleur, son souffle, sa hauteur de vision et de ton, l’universel de son propos, lui ait valu dans tout le Proche-Orient ancien une célébrité millénaire, et mérite d’être classé de nos jours, comme un des textes fondateurs de l’humanité.

Elle conte l’histoire d’une grande amitié, source de surhumaines réussites, mais qui, tragiquement amputée par la mort, jette le survivant, le grand roi Gilgamesh, dans une recherche désespérée, mais vaine, du moyen d’échapper au trépas.

Après avoir posé le contexte historico-culturel de l’écriture de ce texte, j’aborderai les grands évènements de ce récit mythique, pour regarder enfin en quoi cette épopée nous concerne, nous FM.: du XXIème siècle.

Le contexte

Au IVème millénaire avant JC, Sumériens et Sémites se regroupent pour constituer ensemble la civilisation «akkadienne», au sein de la Mésopotamie (de mésos : milieu et potamos : fleuve : littéralement «le pays entre les fleuves», soit le Tigre et l’Euphrate) qui occupait en gros l’espace de l’Irak actuel.

Vers 3000 ans avant JC, ils inventent l’écriture. Le pays est alors constitué de «Cités-Etats» indépendants, plus ou moins toujours en rivalité ou en guerre.

C’est vers 2650 qu’ aurait probablement vécu Gilgamesh, roi d’Uruk, une cité située le long de l’Euphrate, dans le Sud de l’Irak actuel, et nommée aujourd’hui Warka.  Aurait vécu car s’il est probable que le personnage de Gilgamesh ait réellement existé, on ne peut l’affirmer aujourd’hui avec certitude, car il appartient, au même titre que le Roi Arthur, aux personnages mythique, ou semi-légendaires, apparaissant comme des héros dont le contexte des exploits est vraisemblablement historique, mais dont on ne peut affirmer l’existence réelle, ou s’il s’agit d’un récit, ou encore de l’amalgame de différents personnages.

C’est vers 2300/2000 qu’on commence à mettre par écrit les légendes sumériennes de Gilgamesh: différents auteurs relatent, chacun à leur manière, les exploits qui ont émaillés la vie de ce grand roi.

Vers 1750/1600, ses exploits sont assemblés par les traducteurs contemporains dans un première oeuvre qui aboutit à l’élaboration d’un seul récit massif, qu’on appelle la «Version ancienne» de l’Epopée de Gilgamesh, riche de 2000 vers environ et qui va être diffusé dans tout le Proche-Orient ancien.

Vers 1000 avant JC, sous la direction de Sinleqe’unnennî, est réécrit ce qu’on appelle la «version ninivite» de l’Epopée car elle a été retrouvée à Ninive, une des plus puissantes cités de la Mésopotamie, et n’a été découverte qu’au XIXème siècle de notre ère. Elle comprend 3000 vers, écrits en écriture cunéiforme sur 11 tablettes recto-verso. C’est cette version, écrite dans un style concis et percutant, qui est la meilleure source pour connaître le texte car elle est la mieux conservée et les passages manquants ou détruits sont beaucoup moins importants que dans la «version ancienne». Plus tard sera écrite une 12ème tablette, que beaucoup de spécialistes renâclent à intégrer à l’oeuvre, car on n’en connaît pas l’auteur et elle semble se surajouter à l’histoire en en perturbant sa cohérence et sa fin.

Mais laissons-nous maintenant emporter par ce récit épique.

Le texte

                        La première tablette débute par la présentation du héros.
                    Je vais présenter au monde celui qui a tout vu,
Connu la terre entière, pénétré toutes choses,
Et partout exploré tout ce qui est caché !
Surdoué de sagesse, il a tout embrassé du regard :
Il a contemplé les secrets, découverts les mystères ;
Il nous en a même appris sur avant le déluge !
Retour de son lointain voyage, exténué mais apaisé,
Il a gravé sur une stèle tous ses labeurs !

Hommage est rendu au héros, le roi d’Uruk, Gilgamesh, reconnu pour sa force, sa puissance, sa beauté, son courage, ses hauts faits, sa naissance (Dieu aux deux tiers, pour un tiers homme). Mais sont également décrits ses excès de pouvoir, son orgueil, sa brutalité, ses orgies, les droits qu’il s’accorde sur ses sujets, notamment celui, pour chaque mariage de ses sujets, de passer la première nuit de noce avec la jeune mariée.

Excédés, ses sujets vont alors se plaindre aux Dieux, qui, les écoutants,  décident de créer à partir de l’argile, au loin dans la steppe, Enkidu le-preux. Enkidu est décrit comme velu, à la longue chevelure, vivant en harmonie entre la nature et les animaux, d’une force surhumaine, puissant comme un boeuf et broutant l’herbe comme les gazelles au milieu d’une harde sauvage.

Prévenu de l’existence de cet être exceptionnel, Gilgamesh flaire le danger et décide de lui envoyer une courtisane pour l’épuiser et le détourner de sa harde qui devrait dès lors se retourner contre lui. Enkidu fut effectivement séduit par la courtisane,  lui fit l’amour 6 jours et 7 nuits, et s’en trouva ensuite trop fatigué pour pouvoir rejoindre sa harde. Mais il s’attacha à elle, ils eurent une vraie relation et elle le «civilisa», apprenant à ce sauvage en quoi réside la force initiatrice de la femme, lui faisant découvrir son humanité et la puissance de l’amour.

Elle le convainc ensuite de partir pour Uruk affronter, mais surtout rencontrer Gilgamesh, dont la force semble égale à la sienne. Par l’intermédiaire de rêves qui vont l’informer de son destin tout au long du récit, il sait que le roi lui-même, Gilgamesh, va être son rival.

La deuxième tablette commence par l’entrée de Enkidu dans Uruk, accueilli par une foule en liesse qui voit en lui son sauveur. Effectivement, après qu’à un mariage, Enkidu ait interdit au roi venu exercer son droit de cuissage, l’entrée de la chambre nuptiale, les deux hommes se battent férocement. La bataille dure toute la nuit et au matin, épuisés, les combattants se lient finalement d’amitié. Enkidu, envoyé par les Dieux pour vaincre Gilgamesh, sera désormais son fidèle compagnon. Gilgamesh découvre ses propres limites et il est invité à ne plus abuser de son pouvoir. Il présente alors son nouvel ami à sa mère.

Les deux hommes règnent alors paisiblement sur Uruk mais très vite Gilgamesh rêve d’accomplir de grands exploits dont le premier sera d’aller couper et ramener les cèdres de la forêt des cèdres au Liban qui ne poussent pas chez eux, et qui sont nécessaires pour construire de grands édifices. Pour cela ils devront vaincre le géant  Humbaba, le gardien de la forêt. Enkidu tentera de mettre en garde son ami sur la dangerosité de ce dessein, mais rien n’y fera. Gilgamesh fait forger les armes et annoncent leur départ aux anciens et à sa mère qui vont leur prodiguer leurs conseils et prier Shamas, dieu du soleil, de les protéger.

La quatrième tablette raconte le voyage, terrible, les rêves effrayants par cinq fois que fait Gilgamesh et le réconfort que lui apporte Enkidu par ses interprétations. Quand ils arrivent devant la forêt, le cri épouvantable que pousse Humbaba glace d’horreur Enkidu et c’est Gilgamesh cette fois-ci qui doit réconforter son compagnon à deux reprises.

Un seul n’y peut marcher mais bien deux affrontent aisément.
Une corde à trois brins ne peut être coupée
Et deux jeunes lions sont bien plus forts que leur père.

Héros maîtrisant un lion, souvent présenté comme étant Gilgamesh, mais cela reste incertain20. Bas-relief de la façade N du palais de Khorsabad, fin du viiie siècle av. J.-C. Musée du Louvre.

Ils parviennent alors jusqu’à Humbaba et la cinquième tablette raconte le terrible combat contre le géant. Heureusement que le dieu Shamas intervient et jette dans la bataille les treize grands vents, et l’ouragan qui va bloquer le géant afin qu’il ne puisse plus bouger. Humbaba, que les deux compères ont commencé à frapper, se voit perdu et cherche à apitoyer Gilgamesh en lui offrant ses meilleurs cèdres et en lui rappelant son origine en partie divine par sa mère. Enkidu intervient alors pour endurcir son ami et l’encourage à égorger le géant. Ce qui est fait mais avant qu’il ne meure celui-ci a le temps de prononcer une malédiction :

Qu’ils ne vieillissent ni l’un ni l’autre
Et pas davantage que son ami Gilgamesh
Qu’Enkidu ne trouve jamais de salut

D’épaisses ténèbres s’abattent alors sur la montagne des Cèdres et ils comprennent, mais trop tard, que les Dieux ne voulaient pas de cette exécution. Ils abattent alors les cèdres et les ramènent chez eux.

Ils vont pouvoir construire un temple qu’ils vont dédier aux dieux.

Le panthéon des Sumériens est un ensemble de divinités masculines et féminines. C’est la belle Istar, déesse de l’amour, de la fécondité, de la guerre et de la mort (donc l’équivalente de Vénus chez les grecs), qui veille sur Uruk, et Gilgamesh lui dédia le temple le plus élevé de la ville.

A la sixième tablette Istar, fascinée par la beauté de Gilgamesh, tombe amoureuse de lui et lui propose de l’épouser. Mais celui-ci refuse, lui reprochant sa vie  de luxure, ses multiples accouplements et notamment avec les animaux, et lui rappelant le triste sort qu’elle a réservé à ses précédents amants. Celle-ci entre alors en fureur et va demander à son père le dieu Anu de punir l’insolent en envoyant le taureau-céleste provoquer des désastres sur Uruk. Mais Gilgamesh affrontera le taureau, le tuera et humilie Istar en lui jetant au visage une patte du taureau.

La septième tablette conte les rêves angoissants d’Enkidu sur l’arrogance qu’ils ont montré, et  qui va conduire les dieux à le punir en lui ôtant la vie. Il maudit ceux qui l’ont tiré de sa vie première de chasseur, ce qui indispose encore plus les Dieux, et une fièvre s’abat sur lui. Elle dure 12 jours et finit par l’emporter. Il expire à l’aube du treizième jour dans les bras de son ami, désespéré. Celui-ci entonne une lamentation funèbre en son honneur et le pleure 6 jours et 6 nuits, jusqu’à ce que les vers sortent de son nez et il lui organise alors des funérailles somptueuses.

La neuvième tablette le voit partir dans le désert, désespéré, à la recherche de l’immortalité, la vie-sans-fin, car l’idée de sa propre mort le terrifie désormais. Il doit pour cela aller trouver Outanapisti, le seul humain qui ait survécu au déluge et ait obtenu des dieux la vie  éternelle. Il emprunte un chemin long et difficile, qui, après qu’i se soit  débarrassé des lions sauvages, va le mener au bout de la terre, à l’entrée des Monts  Jumeaux. Là il réussit à convaincre les gardiens, les hommes-scorpions, de lui ouvrir la porte. Il doit parcourir un long et ténébreux tunnel de 110 kms. qu’aucun mortel n’a jamais parcouru, et au bout duquel il retrouve la lumière en pénétrant dans un magnifique jardin-des-arbres-à-gemmes, jardin merveilleux qui s’étend le long de la mer et ou les arbres portent, à la place des fruits, des pierres précieuses de toutes les couleurs, et qui n’est pas sans nous rappeler le Jardin d’Eden de la Genèse.

Sur les bords de ce rivage il rencontre Siduri, la tavernière des dieux, qui la dissuade de continuer sa route. En entendant le récit de ses prouesses et du désespoir de la perte de son ami, elle accepte de lui donner les informations demandées. Il lui faut encore terroriser le passeur qui consent à le prendre sur sa barque pour l’amener auprès du sage Outanapisti, le seul humain survivant du déluge, et qui vit sur une île. Il lui explique son désespoir et sa peur de mourir. Le sage essaie de le calmer et de lui rappeler ses devoirs et la nécessité d’accepter l’inéluctabilité de la mort

Qu’as-tu gagné à te perturber de la sorte ?
A te bouleverser tu t’es seulement épuisé,
Saturant tes muscles de lassitude et rapprochant ta fin lointaine.
Le meilleur des jeunes hommes, la meilleure des jeunes femmes,
Sont enlevées par la main de la mort.

Gilgamesh lui demandant comment il est devenu immortel, Outanapisti lui fait alors le récit du déluge. Les dieux ayant trouvé que les hommes étaient devenus trop nombreux et trop bruyants, troublant leur sommeil, décidèrent de provoquer le déluge. Bien qu’ayant juré le secret, un des dieux, Enki, en informa Outanapisti, et lui demanda de construire un bateau dont il lui donna les dimensions exactes et qui fut achevé le soir du septième jour. Il embarqua alors sa famille et tous les animaux, et les eaux se mirent à déferler pendant 6 jours et 7 nuits. La description du déluge, le retrait des eaux, suit, très étrangement,  parfois presque mot à mot pour certains détails, celle relatée dans la Bible.

Lorsqu’arriva le septième jour, je pris une colombe et la lâchai.
La colombe s’en fût, puis revint : n’ayant rien vu où se poser, elle s’en retournait
Puis je pris un hirondelle et la lâchai.
L’hirondelle s’en fût, puis revint: n’ayant rien vu où se poser, elle s’en retournait.
Puis je pris un corbeau, et le lâchai.
Le corbeau s’en fût, mais ayant trouvé le retrait des eaux,il ne s’en revint plus.

Les dieux regrettèrent alors la punition trop cruelle infligée aux hommes, et Enlil décida de bénir Outanapisti, et de lui accorder, ainsi qu’à sa famille, l’immortalité.

Après ce récit, Gilgamesh insiste de nouveau pour avoir le secret de l’immortalité. Le sage lui pose alors comme épreuve de ne pas dormir pendant 6 jours et 7 nuits, mais Gilgamesh, à peine assis, s’endort profondément. S’il n’est même pas capable de vaincre le sommeil, le petit frère de la mort, lui dit Outanapisti, comment peut-il prétendre à l’immortalité!

Gilgamesh, désespéré, s’apprête alors à reprendre sa route. Mais le sage, ému par ses pleurs, lui montre une herbe au fond de la mer, l’herbe de jouvence, qui rajeunit celui qui en absorbe. Gilgamesh plonge au fond de la mer pour en ramasser et reprend ensuite son chemin. Hélas, au cours d’une halte, un serpent survient, s’en empare et, en s’en retournant, rejette sa peau et rajeunit. Il pleure à nouveau et s’en retourne finalement à Uruk, sans avoir trouvé le secret de l’immortalité.

Il va désormais se consacrer à sa cité, à ses remparts, à ses fondations, et au bonheur de son peuple. Et le dernier paragraphe du texte est le même que celle que l’on trouve au tout début, signifiant ainsi que la boucle est bouclée

Monte déambuler sur les remparts d’Uruk ;
Scrutes-en les fondations, contemples-en le briquetage :
Tout cela n’est-il pas brique cuite ?
Et les sept sages en personne n’en ont-il pas jeté les bases ?
Trois cents hectares de ville, autant de jardins,
Autant de terre vierge, c’est l’apanage du temple d’Istar.
Avec ces mille hectares, tu couvres du regard l’entier domaine d’Uruk

Gilgamesh n’a pas trouvé le secret de l’immortalité, mais en étant allé au bout de lui-même, il a accompli sa métamorphose intérieure : il n’a pas trouvé l’objet de sa quête, mais il a trouvé la sagesse. Il a appris à mieux se connaître, et à mieux accomplir sa part d’humanité.

Et pour nous, Franc-maçon,

                   En quoi ce texte nous parle-t-il ?

A travers cette épopée, le héros poursuit de toute évidence une quête initiatique, celle qui anime tout F.: M.: sur son chemin. Les combats sont terribles, les obstacles nombreux, mais l’initié poursuit sa route, fidèle à la foi qui l’anime pour atteindre  le but de son périple : la quête de l’immortalité pour Gilgamesh, la transmutation du plomb en or pour les alchimistes, la recherche de la Vérité pour les F.:M.: ne parle-t-on pas toujours de la même chose ?

Et si le but n’est pas atteint, c’est une mise en route sur le chemin que cette quête accomplit, et un mouvement qui va dés lors nous animer (mobiliser notre âme), qui sont essentiels. Le plus important n’est pas d’atteindre le but mais de se mettre en route.

Et à la fin du périple, c’est nous-même, notre humanité, notre finitude, et notre possibilité d’accomplissement même, ou surtout, avec nos limites, que nous retrouvons. Quand Gilgamesh au retour de son périple contemple du haut de ses remparts la solidité de leurs fondations et celle de la brique cuite utilisée, c’est de lui-même dont il parle : de sa solidité, de ses fondations.

Mais pour accomplir ce voyage, nous avons besoin d’aide. L’aide des Dieux qui qui vont nous soutenir si nous trébuchons dans les épreuves (aide-toi, le ciel t’aidera), l’aide des songes qui vont éclairer notre parcours en nous donnant accès à ce qui n’est pas immédiatement perceptible à nos sens : encore faut-il prendre le temps de les contempler.

Et l’aide des hommes. Enkidu, son fidèle compagnon, est la représentation du passage de la pierre brute à la pierre polie : il quitte le monde animal et sauvage dans lequel il se trouve bien, pour aller vers celui des hommes, et prendre le risque de la relation, c’est à dire de l’altérité, du contact avec l’autre. L’autre qui me ressemble, mais qui n’est pas moi : semblable mais point identique.

C’est ce que nous faisons quand nous quittons le monde profane pour aller dans un univers sacré, ou nous allons certes rencontrer des mains secourables qui vont nous encourager, mais aussi rencontrer l’autre, l’autre avec ses différences, qui vont souvent nous enrichir, mais aussi parfois nous agacer, voire nous insupporter. Il me semble bon alors dans ces moments de se questionner : est-ce l’autre qui m’insupporte, ou cette partie de moi que je n’ai pas envie de regarder et que l’autre va me révéler ?

Le rencontre avec l’autre va se faire de deux manières. C’est la rencontre avec la courtisane, la prostituée, la femme, qui va l’arracher à sa savane sauvage. Elle va l’initier à l’amour physique, l’amour/éros des grecs, et il va connaitre la volupté et le plaisir des sens. Première manifestation de l’amour. Et c’est une femme qui l’initie.

C’est ensuite la rencontre avec Enkidu ou il va, après que leurs corps se soient confrontés et affrontés dans un violent combat, connaître l’amour/amitié, l’amour/phyllia, qui le portera jusqu’à sa mort. Deuxième manifestation de l’amour. Et c’est un homme qui l’initie.

Dès lors, ayant intégré son féminin, accueillant, passif, et son masculin, combattant, actif, il peut intégrer le sage en lui. 1 + 1 donne 2, et 2 conduit au 3.

Sur la fin de son périple Gilgamesh rencontrera, à travers le sage Outanapisti, l’amour désintéressé de celui qui lui donnera son temps et sa compassion sans compter, mais sans céder à son désir infantile de posséder l’immortalité.

De retour dans sa ville Uruk, on peut se dire qu’il vivra l’amour/agapè, l’amour gratuit et inconditionnel qui l’amènera à exercer sa fonction de roi avec sagesse et modération, veillant sur ses sujets et conduisant sa ville vers la prospérité.

Ainsi il a poursuivi sa quête et sa mutation grâce à la force de l’amour.
Souhaitons que chacun d’entre nous puisse s’inspirer de cette épopée.

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Christian Belloc
Christian Bellochttps://scdoccitanie.org
Né en 1948 à Toulouse, il étudie au Lycée Pierre de Fermat, sert dans l’armée en 1968, puis dirige un salon de coiffure et préside le syndicat coiffure 31. Créateur de revues comme Le Tondu et Le Citoyen, il s’engage dans des associations et la CCI de Toulouse, notamment pour le métro. Initié à la Grande Loge de France en 1989, il fonde plusieurs loges et devient Grand Maître du Suprême Conseil en Occitanie. En 2024, il crée l’Institution Maçonnique Universelle, regroupant 260 obédiences, dont il est président mondial. Il est aussi rédacteur en chef des Cahiers de Recherche Maçonnique.

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