De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz P.G.M.
Dans le silence solennel des temples maçonniques, où les symboles murmurent des vérités intemporelles, la cyclologie – l’étude des cycles – s’impose comme une clé pour comprendre les mystères de l’univers et de l’âme humaine. Mario Múnera Muñoz, ancien Grand Maître, nous invite à explorer cette discipline méconnue, qui éclaire le chemin initiatique de la franc-maçonnerie.
À travers les cycles de la nature, de l’histoire et de la vie humaine, la cyclologie révèle l’harmonie universelle qui sous-tend notre quête de lumière. En franc-maçonnerie, elle devient un outil puissant pour saisir la nature répétitive et transformatrice de l’existence, nous guidant vers une conscience plus élevée et une connexion profonde avec le cosmos.
La Cyclologie : une Science des Cycles et de l’Harmonie

La cyclologie, bien que peu reconnue dans les dictionnaires traditionnels, est l’étude des cycles – ces périodes de temps qui, une fois achevées, recommencent dans un ordre immuable. Selon le Dictionnaire de la langue espagnole, un cycle est une « période de temps qui recommence à compter » ou un « ensemble de phénomènes qui se répètent de manière ordonnée ». De la rotation des astres aux saisons, des marées aux phases lunaires, la nature tout entière est rythmée par des cycles essentiels à l’équilibre de l’univers. Ces rythmes, qui régissent aussi bien les phénomènes cosmiques que les comportements humains – jour et nuit, sommeil et veille, émotions et pensées – sont au cœur de la recherche scientifique et spirituelle.
La cyclologie ne se limite pas à observer ces modèles ; elle cherche à comprendre comment ils influencent nos vies et l’univers dans son ensemble. Les cycles de l’histoire humaine, par exemple, nous ont permis d’évoluer : sans eux, nous serions encore tapis dans des grottes, comme le souligne Múnera Muñoz. Comprendre ces rythmes nous aide à ordonner le chaos, à anticiper les événements futurs, et à cultiver des vertus essentielles : patience, résilience, adaptabilité. Mais l’homme, unique parmi les êtres vivants, a la fâcheuse tendance à « buter sans cesse sur la même pierre », nous rappelle l’auteur, soulignant notre difficulté à tirer les leçons des cycles passés.
Les Cycles Spirituels : Réincarnation et Transcendance

Sur le plan spirituel, la cyclologie prend une dimension encore plus profonde. Les traditions millénaires, de l’Égypte antique à l’Inde védique, nous enseignent la nature cyclique de l’existence. La réincarnation, ou « transmigration des âmes » selon les philosophes de l’Antiquité comme Pythagore et Platon, est un processus de purification du karma à travers de multiples cycles de vie. Chaque existence est une étape vers la libération de l’âme, un voyage qui, une fois achevé, permet de transcender ce plan matériel. Les grands maîtres spirituels – Bouddha, Jésus, Krishna, Melchisédech – sont des exemples d’êtres ayant atteint cette transcendance, revenant parmi nous pour guider l’humanité hors de la dualité et de la souffrance.
Ce processus cyclique donne un sens à notre présence sur Terre. Comme le souligne Múnera Muñoz, sans la réincarnation, « il n’y aurait aucun sens à exister sur ce plan ». Les cycles nous offrent l’opportunité d’apprendre, de corriger nos erreurs, et de grandir spirituellement. Ils nous invitent à « ouvrir notre conscience » pour voir la réalité de la vie, de l’univers et de ses lois. Tout est connecté, tout est « l’Un », le « Tout », ou « Dieu ». La cyclologie, en révélant cette interconnexion, devient une passerelle vers une compréhension plus profonde de notre place dans le cosmos.
La Franc-Maçonnerie : un Art Cyclique de Transformation

La franc-maçonnerie, en tant qu’institution initiatique, intègre pleinement la cyclologie dans son symbolisme, ses rituels et sa philosophie. Depuis des temps immémoriaux, les humains ont observé le cosmos – le mouvement du soleil, de la lune, des étoiles – pour y lire l’ordre et l’harmonie universels. Les temples maçonniques, érigés à la Sagesse, reflètent cette vision : leur architecture symbolise le cosmos, et leurs rituels incarnent les cycles de la création. Comme le rappelle Múnera Muñoz, le principe maçonnique « Ordo Ab Chao » (l’ordre à partir du chaos) trouve son écho dans l’harmonie des cycles cosmiques. Un désordre dans le cosmos, ou dans notre être, engendre le chaos ; la franc-maçonnerie nous enseigne à rétablir cet ordre à travers un travail intérieur.

Les rituels maçonniques sont eux-mêmes des cycles de mort et de renaissance symboliques. Chaque degré – Apprenti, Compagnon, Maître – marque une étape de ce processus, où l’initié abandonne ses anciennes habitudes pour embrasser de nouvelles perspectives. Le passage d’un degré à l’autre est un cycle d’apprentissage, de croissance et de développement des vertus. La légende d’Hiram Abiff, au cœur du grade de Maître, illustre cette cyclicité : la mort d’Hiram symbolise la fin de l’ancien moi, et sa résurrection spirituelle annonce la naissance d’un nouvel être, plus conscient, plus éclairé.
Les symboles maçonniques, tels que l’équerre et le compas, incarnent également cette nature cyclique. L’équerre représente le plan terrestre, le compas la création d’un cosmos ordonné ; ensemble, ils régulent les cycles de la vie et de l’esprit. Le sol à damier, avec ses carreaux noirs et blancs, symbolise la dualité – bien et mal, lumière et ombre – qui rythme notre existence. La règle, autre symbole maçonnique, représente le temps, un cycle éternel qui guide le travail d’élévation de conscience. À travers ces symboles, la franc-maçonnerie nous enseigne que rien n’est statique : tout bouge, tout se transforme, et notre quête de sagesse est un cycle de croissance continue.
Le Temple Maçonnique : un Microcosme Cyclique
Le temple maçonnique est un microcosme, un reflet du cosmos. Ses rituels, ses symboles, son architecture sont conçus pour aider l’initié à comprendre sa place dans l’univers. Comme le souligne Múnera Muñoz,
« le Temple Maçonnique, dédié à la Sagesse, représente la nature cyclique de la création ».
Chaque élément du temple – de l’orientation vers l’Est, symbole du soleil levant, à la disposition des officiers – évoque les rythmes cosmiques. Les travaux en loge, répétés selon un calendrier précis, suivent eux-mêmes un cycle qui relie les maçons à une chaîne de connaissances infinie, une tradition qui s’étend à travers les générations.

La cyclicité renforce l’idée que l’apprentissage et la croissance sont des processus éternels. Les rituels, répétés à chaque tenue, ne sont pas de simples formalités : ils sont des rappels vivants de notre engagement à évoluer, à polir notre pierre brute, à transcender nos limites. En franc-maçonnerie, comprendre les cycles personnels et universels permet de s’adapter aux changements, de trouver l’harmonie dans le mouvement incessant de la vie. Comme le dit l’adage maçonnique, « tout a son temps » : il y a des moments de croissance, de récolte, de repos et de renouveau.
Une Quête Éternelle pour le Bien de l’Humanité

La cyclologie, en franc-maçonnerie, est bien plus qu’une étude théorique des cycles : elle est un cadre pour comprendre le chemin initiatique comme un voyage de transformation continue. Chaque degré, chaque rituel, chaque symbole nous rappelle que notre quête de lumière n’a pas de fin définitive. Nous sommes des ouvriers d’Hiram Abiff, des bâtisseurs éternels, appelés à travailler sans relâche sur nous-mêmes et pour l’humanité. La franc-maçonnerie valorise la recherche de la vérité, et les cycles – qu’ils soient cosmiques, personnels ou initiatiques – sont des outils pour atteindre une conscience accrue, une transformation profonde, un apprentissage sans fin.
Sœurs et Frères, en comprenant et en assimilant les cycles, nous pouvons vivre de manière plus harmonieuse et consciente, en nous souvenant que nous faisons partie d’un tout plus vaste. La franc-maçonnerie, à travers son symbolisme et ses rituels, nous guide sur ce chemin. Que notre travail dans les temples, rythmé par les cycles de la vie et de la tradition, nous permette de construire un monde où règnent la Sagesse, la Force et la Beauté. Comme le conclut Múnera Muñoz,
« les cycles nous rappellent que tout est connecté, que tout est l’Un ».
Très beau texte.
J’aime 🙂