dim 13 avril 2025 - 21:04

Le mythe des esclaves en Égypte

Ce mythe de Pâques, Pessah en hébreu, Pasqua en Grec est fondateur du peuple juif, de la religion chrétienne, il est également présent dans différent degrés du rite REAA. En Égypte, il n’y avait pas d’esclaves, Joseph a été un grand ministre de Pharaon. En tant que Maîtres Maçons, nous sommes bien placés pour comprendre la richesse de vivre un mythe.

Je me suis intéressé au premier commandement  « Je suis l’Éternel ton Dieu, qui t’a fait sortir d’Égypte, de la maison d’esclavage »  Exode 20.2.17 ». Je vous livre une modeste interprétation sur trois plans  socio-historique, religieuse et initiatique

En moins de quinze minutes.

EGYPTE : La première nation civilisé dont parle l’histoire, c’est l’Egypte » la perle du monde antique ». Elle avait un gouvernement, une législation, des monuments, une religion. Elle a développé la géométrie, l’architecture, l’astronomie, la médecine, l’écriture. Le pharaon représente Dieu, il est l’intermédiaire responsable des crus du Nil, il s’appuie sur une classe sacerdotale d’environ 7000 prêtres qui employait de nombreux fonctionnaires. Sa religion a développé le concept de renaissance à l’image de la renaissance de la nature grâce au flux et au  reflux du Nil.

Cette civilisation trois fois millénaires pour autant n’a pas d’histoire, celle-ci se résume à une chronologie de pharaons et le récit  de guerres de défense pour son territoire. Ce pays est un petit paradis qui tourne en rond sur lui-même comme le Nil, la classe sacerdotale est très puissante, riche grâce aux dons des fidèles. Elle ne travaillait qu’un mois sur trois, transmettait sa charge à ses enfants, ne payait pas d’impôts. La culture de l’Egypte se situe dans l’immanence, matérielle, idolâtre, y compris sa conception de la vie après la mort puisqu’on va vivre dans l’au-delà comme sur terre.

Je vous rappelle l’église catholique possédaient au moment de la révolution française  75% des richesses et ne payaient pas d’impôt, comme la noblesse.  L’église orthodoxe actuelle en Grèce, ses responsables ont décidé de rouler en Audi et d’abandonner leur Jaguar, chasser le naturel, il revient au galop. (Impôts).

L’ESCLAVE : qu’est ce que l’esclave, c’est une personne qui n’a pas d’identité, donc anonyme, la législation était différente pour les riches et les pauvres.

Moise l’Egyptien a apporté une rupture de civilisation, la fin d’un monde cosmique. Le monothéisme judaïque affirme une religion de la transcendance, Dieu UN, unique, il a crée l’homme à son image et à sa ressemblance avec un commandement corollaire » Tu ne feras pas d’idoles humaines ».

Tu ne feras aucun travail, ni pour toi, ni pour ton serviteur, tu sanctifieras le jour du sabbat » aimes l’étranger, vous qui fûtes étranger dans le pays d’Egypte ». La Tora est le premier livre à affirmer l’unité de Dieu et l’accueil de l’étranger est cité 36 fois.

L’étranger, le pauvre ont droit à une identité, à être reconnu comme une personne unique pour un Dieu unique. Sur les fresques des pyramides, les ouvriers ont tous un visage identique, ils ne sont différenciés que par  leur outil.

Cette proclamation d’un Dieu Unique loin de scinder l’humanité en des cités concurrentes a l’avantage de rappeler aux hommes leur fraternité en paternité. Aucun homme ne pourra affirmer que son père est supérieur.

J’attire votre attention sur le principe d’identité, chaque homme est unique donc différent, l’universalisme judaïque et maçonnique affirme un universalisme par l’affirmation de la différence, non de l’uniformité. J’écoutais un éducateur Français qui parlait des pauvres, il disait « ils ont le sentiment de vivre en apartheid, ils ont besoin qu’on les regarde, d’avoir un visage pour nous.

Je clos ce chapitre socio-historique en vous rappelant que le problème de la liberté des peuples, l’idolâtrie, l’esclavage, le pauvre sont toujours des sujets présents dans notre actualité.

Moise, Moise… l’appel de Dieu pour la Liberté devant le buisson ardent

« J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée ». L’Eternel prend l’initiative de cette apparition à Moise, il a visiblement besoin de sa collaboration pour son projet. Il lui dit « Je » et il lui dit « Tu », vous connaissez la suite de l’histoire mais cette libération ne se fera pas sans épreuves dix plaies d’Egypte, 40 d’ans d’exode dans le désert, la génération qui rentra en terre promise n’aura pas connu l’Egypte.

Moise lui demande son nom à cette voix, il entend la réponse suivante » Eheyh  acher  Eheyh » qu’on traduit en hébreu «  Je serais qui je serais » le nom de Dieu affirme non une personne mais un mode d’être, Dieu est en devenir dans un temps futur. Il faut  comprendre que le temps présent n’existe pas en hébreu, une action est accomplie ou n’inaccomplie.

« Montre moi ta gloire demande Moise » « Nul ne peut me voir et vivre » Exode 33,20

L’Egypte  Mitzraim en hébreu qu’on traduit par mer des limites, des Joncs. L’Eternel invite les hébreux à sortir du monde de l’immanence, matériel, répétitif pour le monde de la transcendance, inconnu, infini et de la liberté.

Cette liberté exige une éthique les dix paroles de l’alliance, vous observerez qu’il faudra attendre que le peuple soit libéré pour recevoir les dix commandements et la Tora. Cette révélation s’adressera au peuple en totalité pour bien nous faire prendre conscience d’une responsabilité collective.

Avec l’Egypte, la Grèce nous sommes dans le monde de l’immanent, le développement de la vie part de la matière avec les minéraux, les végétaux, l’animal, l’homme qui sera défini par la raison par les Grecs. Ils ont développé le culte du corps, la science, ils opposent la matière à l’esprit et pour Platon, la vérité se trouve dans le monde des idées.

Le christianisme sous l’influence Grec considère la matière comme inférieur par rapport à la vie de l’esprit. » Je ne suis pas de ce monde, rendez à César ce qui est a César » comme si la chose publique était une chose inférieure, » mon royaume n’est pas de ce monde ». Ilsont développé la vie dans les monastères hors du monde, la chair est coupable, le non mariage des prêtres, dans la vie de l’au-delà, les pauvres seront riches, les malades guéris. La pâque chrétienne fête la libération de Jésus avec les liens avec le monde. Le défaut de cette pensée, elle tend à nous dire que la vraie vie est ailleurs. En Egypte, on est fasciné par la vie après la mort, on monte la pyramide pour atteindre le monde des Dieux. Babylone, Baby Lou qu’on traduit «  la porte des Dieux ».

Le monothéisme judaïque affirme une Alliance entre la terre et le ciel, une Alliance entre Dieu et l’homme et non une opposition. Moise monte sur le Sinaï mais il redescend vers le peuple, vous avez ainsi une pyramide inversée, l’étoile de Salomon, symbole par excellence de l’union du haut et du bas. C’estaussi une religion de la transcendance, au début était l’immatériel, Ain Soph Aur, le non être infini, ensuite le verbe, la lumière, la matière.

Une phrase importante dans le texte de l’exode » ils me construiront un sanctuaire, je résiderais parmi eux » Exode, 25,8. Pour le juif, L’homme devient responsable de la présence de Dieu sur terre, Il faut être attentif à ce texte, je résiderais parmi eux, il ne dit »je résiderais dans le temple ». Le chrétien pense davantage que c’est Dieu qui est responsable de lui.

Pour clôturer ce chapitre religieux, je laisserais la parole au plus grand philosophe du 20 siècles Emmanuel Levinas « il faut maintenir une relation entre l’immanent et le transcendant, ni l’un, ni l’autre exclusivement mais une relation voir un écart. Dans notre rituel, au premier degré, l’équerre est posée sur le compas, enfin au troisième degré, le compas est posé sur l’équerre.

L’Egypte pour l’initié, c’est notre Egypte intérieure…. !

La pyramide de Giza et son Sphinx
La pyramide de Giza et son Sphinx

Elle représente le monde matériel, connu, celui de nos opinions, de nos préjugés que nous avons accepté comme vérité sans discernement. La totalité de nos énergies sont investies à l’extérieur à la recherche du pouvoir, de l’avoir, du savoir qu’on peut résumer en un seul besoin, le besoin de sécurité avec un autre désir sous jacent avoir du succès auprès de notre altérité féminine.

Horus et son soleil
gravures temple antique égyptien – Horus et son soleil

L’homme est d’abord idolâtre, ensuite il devient esclave de ses idolâtries, il n’est prisonnier de ses finitudes que s’il reste enfermé dans les apparences. Un rituel maçonnique dit « vous ne percevez l’univers qu’en proportions de vos limites ». La différence entre l’exode et l’exil, l’exode est le commencement vers un futur, l’exil est une nostalgie du passé. La tradition biblique nous dit que tous les grands prophètes ont quittés leur pays. Abraham quitte sa terre, Jacob retourne dans la terre de son pays, Noé a construit l’arche et devra la quitter, Moise a traversé la mer des Jonc, plus quarante d’année d’exode dans le désert. Dans la symbolique biblique, la terre représente un état de conscience, changer de terre c’est changer d’état de conscience. Les initiés franc-maçon sont inities à chaque degré par des voyages. C’est le sens précis de pessah qui signifie passage, de l’autre côté.

L’homme ne nait pas libre mais il y a de la liberté, de l’infini dans l’homme qu’il peut découvrir par son discernement, sa persévérance.

Bon vent !!!

Références bibliographiques :

  • Emmanuel LEVINAS -TOTALITE ET INFINI
  • Marc Alain OUAKNIN  JEAN BOTTERO- LA PLUS BELLE HISTOIRE DE DIEU Collection POINTS.
  • Yvan Amar- LES DIX COMMANDEMENTS INTERIEURS ALBIN MICHEL

2 Commentaires

  1. l’époque supposée de Moïse et de la fuite des Hébreux d’Égypte (environ au XIIIe ou XVe siècle avant notre ère, selon les interprétations), l’esclavage était une pratique répandue dans plusieurs civilisations du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, notamment en Égypte, en Grèce, en Italie et en Syrie.

    En Égypte :

    L’esclavage existait en Égypte ancienne. Les esclaves étaient souvent des prisonniers de guerre, mais aussi des personnes réduites en servitude pour dettes ou à cause de leur origine sociale. Ils travaillaient dans les mines, les champs, ou comme serviteurs dans les maisons des élites. Les textes égyptiens mentionnent également des populations asservies, comme les Asiatiques, qui pourraient inclure les Hébreux.

    En Grèce :

    Dans les cultures mycénienne et minoenne (qui précèdent la Grèce classique), l’esclavage existait également. Les esclaves étaient souvent des captifs de guerre ou des étrangers. À l’époque classique, les Grecs utilisaient des esclaves pour l’agriculture, les mines, les travaux domestiques, et même pour certaines tâches administratives.

    En Italie :

    Avant l’émergence de Rome, les civilisations pré-romaines comme les Étrusques pratiquaient l’esclavage. Plus tard, Rome développera un système esclavagiste très structuré. Les esclaves étaient capturés lors de guerres, achetés sur des marchés ou réduits en esclavage à cause de dettes.

    En Syrie :

    Les grandes cités-États et royaumes syriens de l’âge du bronze, comme Ebla, Mari ou Ougarit, avaient également recours à l’esclavage. Les esclaves provenaient souvent de conquêtes militaires ou de traites d’esclaves organisées avec d’autres régions.

    En résumé, l’esclavage était une institution économique et sociale courante dans ces régions à cette époque. Les Hébreux, décrits dans la Bible comme esclaves en Égypte, étaient donc loin d’être un cas isolé dans le monde antique.

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Christian Belloc
Christian Bellochttps://scdoccitanie.org
Né en 1948 à Toulouse, il étudie au Lycée Pierre de Fermat, sert dans l’armée en 1968, puis dirige un salon de coiffure et préside le syndicat coiffure 31. Créateur de revues comme Le Tondu et Le Citoyen, il s’engage dans des associations et la CCI de Toulouse, notamment pour le métro. Initié à la Grande Loge de France en 1989, il fonde plusieurs loges et devient Grand Maître du Suprême Conseil en Occitanie. En 2024, il crée l’Institution Maçonnique Universelle, regroupant 260 obédiences, dont il est président mondial. Il est aussi rédacteur en chef des Cahiers de Recherche Maçonnique.

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