sam 22 février 2025 - 14:02

Détachement pour atteindre l’humilité du Franc-maçon

De notre confrère elnacional.com

L’humilité, un terme souvent mal compris et sous-estimé, trouve ses racines dans le mot latin « humus », signifiant la terre, le plus bas, celui sur lequel chacun marche et pose le genou le jour de la Porte Basse, lors de l’initiation. Mahatma Gandhi, avec sa célèbre citation, « Il faut être humble comme la poussière pour découvrir la vérité », nous rappelle que l’humilité et la vérité sont intimement liées. Ce n’est pas une vertu que l’on acquiert en un seul cycle de vie, mais un état d’être qui se développe à travers de nombreuses existences.

Comprendre l’humilité nécessite de se pencher sur deux concepts fondamentaux : la raison et la dualité. La raison est l’outil humain pour décrypter le monde physique, soumis à la logique, mais elle échoue à saisir ce qui dépasse le tangible. La dualité, quant à elle, est la loi universelle à laquelle nous sommes tous soumis – le bien et le mal, le beau et le laid, la vérité et le mensonge. Transcender cette dualité requiert un équilibre, une position centrale où l’on ne penche ni vers le bien naïf ni vers le mal grotesque, mais où l’on trouve l’harmonie.

Ce concept d’équilibre nous amène à une réflexion profonde :

il n’y a pas vraiment de bien ou de mal, juste des déviations du centre.

C’est ce que symbolise la balance initiatique, où le centre représente l’état d’indifférence aux extrêmes, de l’orgueil à l’humilité. Ainsi, l’humilité ne s’atteint pas par des actes ponctuels ou en intégrant des institutions spirituelles, mais par un long processus de dévouement, de service, et de recherche de vérité à travers plusieurs cycles de vie.

Dans la Franc-maçonnerie, cette quête de l’humilité et du détachement se manifeste de manière symbolique. Le candidat à l’initiation doit se défaire des métaux, représentant non seulement les biens matériels mais aussi les passions terrestres. Ce rituel symbolise la mort symbolique au monde profane, un passage vers un état de conscience supérieur, où l’on commence à comprendre les mystères initiatiques au-delà du matériel.

L’amour, souvent associé à l’humilité, doit être compris dans son essence spirituelle, libre de tout attachement, de pouvoir ou de jalousie. Contrairement à l’amour conditionnel et éphémère du monde physique, l’amour spirituel est éternel, libérateur.

La Franc-Maçonnerie, en tant qu’institution, enseigne que la vérité n’est pas à chercher à l’extérieur, mais à découvrir en soi-même. La méditation, en tant que pratique, permet cette connexion avec la vérité intérieure, éclairant notre chemin vers une compréhension plus profonde de l’univers et de nous-mêmes.

Enfin, le détachement, tel qu’enseigné par de nombreuses figures spirituelles, est la clé pour renaître à une vie plus consciente et plus vraie. Comme le dit le Maître Jésus, pour le suivre, il faut naître de nouveau, ce qui signifie se libérer des attachements matériels et émotionnels pour entrer en contact avec sa lumière intérieure.

L’humilité, vue sous cet angle, n’est donc pas une qualité à acquérir, mais un état d’être à cultiver à travers le temps et les vies, un chemin vers la perfection spirituelle et l’unité avec l’univers. Pour ceux qui cherchent à comprendre les messages initiatiques, il est crucial de se défaire des passions viles, de vivre dans le détachement et d’ouvrir sa conscience à l’éternelle quête de vérité et de lumière.

Bref, si la modestie est le plus haut degré de la vanité, l’humilité est le plus profond de la sagesse. C’est vers ce but que chaque maçon devrait tendre au long de son chemin.

1 COMMENTAIRE

  1. Excellent article. Comme le soulignait Annick de Souzenelle, l’humilité a également la douceur, citée dans les Béatitudes “Bienheureux les doux, ils possèderont la terre”. Or la douceur est une qualité intimement liée à la Sagesse (Séphira Hokmah)…Si l’assimilation à l’humus qui ouvre à l’humilité du coeur permet de nous situer dans un juste milieu dans ce monde corporel (Séphira Malkût), elle est aussi la clé pour conduire à la Sagesse et sans elle pas d’accès aux “états supérieurs de l’Etre” pour employer la terminologie de René Guénon… “Celui qui s’abaisse sera élevé” non par un effort de sa seule individualité qui peut alors se confondre avec l’orgueil mais par l’ouverture à un état ontologique qui lui permettra de franchir “la Porte étroite”…Fraternellement.

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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