L’idée d’une transition entre l’ère du Poisson et l’ère du Verseau, popularisée par l’astrologie ésotérique et certains courants spirituels, suggère un changement global d’énergie ou de paradigme. Dans cette perspective, la Franc-maçonnerie, née historiquement à l’aube des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles (au cœur de l’ère du Poisson, selon cette chronologie), pourrait connaître aujourd’hui un renouvellement dans ses manières d’enseigner, de percevoir et de transmettre ses valeurs.
De l’ère du Poisson à l’ère du Verseau : Un changement de paradigme
« Le changement est la loi de la vie. Et ceux qui ne regardent que le passé ou le présent sont certains de manquer l’avenir. »
John F. Kennedy
• Ère du Poisson : Souvent associée à l’introspection, à la foi et à la recherche d’un guide spirituel unique (proche de l’archétype christique), elle a pu se traduire par une forte hiérarchisation et des structures fondées sur la verticalité : profane / initié, maître / apprenti, autorité / obéissance.
• Ère du Verseau : Généralement perçue comme l’époque de l’ouverture, de l’innovation, de la liberté de conscience, de la fraternité horizontale et du collectif. Elle met l’accent sur la participation de chacun, la transparence et l’égalité.
Pour la Franc-maçonnerie, cela pourrait se traduire par un retour à la fraternité universelle, mais vécue sous un angle plus collaboratif, moins hiérarchisé et plus adapté aux enjeux contemporains (technologie, écologie, pluralité religieuse, etc.).
Comparaison entre les siècles
« Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter »
George Santayana
• XVIIIᵉ siècle : La maçonnerie se structure en loges spéculatives, empruntant aux traditions opératives et aux courants philosophiques de l’époque. Les Lumières nourrissent son idéal de raison, de tolérance et de recherche de la vérité. Les loges sont alors des espaces de sociabilité élitaire, marqués par le secret et la curiosité intellectuelle.
• XIXᵉ et début XXᵉ siècles : La Franc-maçonnerie s’inscrit dans la construction des États-nations et l’affirmation de nouvelles valeurs républicaines ou libérales. Devenue plus politique, elle contribue aux mouvements laïques et progressistes, tout en restant très marquée par les grandes idéologies de l’époque (nationalismes, colonialismes, etc.).
• XXᵉ siècle : On assiste à une diversification des rites et des obédiences, une internationalisation plus prononcée, mais aussi à des crises profondes (guerres mondiales, totalitarismes). La maçonnerie se veut un rempart contre l’obscurantisme, la censure et la négation des libertés fondamentales. Les loges deviennent parfois des foyers de résistance ou de débats d’idées, tout en continuant à travailler symboliquement.
• XXIᵉ siècle : Dans le cadre de l’ère du Verseau, on assiste à une montée en puissance de la communication numérique et des réseaux sociaux, favorisant l’échange rapide des idées et la participation élargie des individus. Cette évolution technologique touche toutes les sphères de la société et ne laisse pas la Franc-maçonnerie à l’écart. Les loges, historiquement ancrées dans des pratiques séculaires, se retrouvent alors confrontées à plusieurs défis :
Perpétuer la tradition ésotérique sans sombrer dans l’élitisme ou l’anachronisme
« La tradition n’est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu. »
Gustav Mahler
Les rituels maçonniques et la transmission orale ont longtemps constitué le cœur de la méthode initiatique. Or, la culture numérique tend à tout rendre accessible, voire « consommable » instantanément. Les loges doivent donc redoubler d’efforts pour préserver la profondeur et la discrétion des enseignements, tout en évitant de donner une impression de repli hermétique.
D’un autre côté, l’attrait pour la transparence et l’authenticité peut pousser la Franc-maçonnerie à clarifier ses finalités, ses valeurs et sa contribution à la société. Comment conserver l’essence ésotérique, fondée sur la symbolique et la démarche intérieure, dans un monde axé sur la divulgation continue ?
Intégrer les préoccupations contemporaines dans les réflexions symboliques
« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »
Antoine de Saint-Exupéry
• Écologie : L’urgence climatique et la prise de conscience environnementale invitent les loges à relire les symboles du bâtisseur et de la pierre brute à la lumière de la responsabilité écologique.
• Parité : La reconnaissance du rôle des femmes et la valorisation de l’égalité hommes-femmes sont devenues incontournables. De nombreuses obédiences sont déjà mixtes ou féminines, mais la question de la parité demeure cruciale pour refléter la diversité de la société.
• Éthique numérique : L’essor de l’intelligence artificielle et du Big Data soulève des défis en matière de confidentialité et de justice sociale. Les francs-maçons, conscients de l’éthique, peuvent examiner la place de l’humain face à la machine, la notion de libre arbitre, et l’âme dans un univers toujours plus automatisé.
• Engagement sociétal : Aux côtés d’une écologie intégrale et d’une égalité accrue, certaines loges souhaitent s’impliquer davantage dans la vie civile, agissant à la fois comme observateurs et acteurs du débat public.
Spiritualité affermie ou participation sociétale ? Vers une multiplicité des approches
« La plus haute prière à Dieu, c’est le service des hommes. »
(adapté d’une pensée de Gandhi)
De plus en plus de francs-maçons expriment le désir d’une spiritualité renforcée, souhaitant enseigner et approfondir la démarche ésotérique dans les loges. Pour eux, la Franc-maçonnerie se définit avant tout comme un ordre initiatique, où le travail intérieur prime.
À l’inverse, certaines obédiences entendent s’inscrire davantage dans la cité, orientant leurs réflexions sur les enjeux sociaux, politiques ou économiques, afin de contribuer à l’essor de la nation et de défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité dans l’espace public.
Entre cette « maçonnerie spirituelle » et cette « maçonnerie sociétale », on observe parfois une tension ou une incompréhension. Peut-on alors parler d’une seule Franc-maçonnerie ou de formes plurielles ? Une troisième voie pourrait consister à réconcilier ces deux tendances : tout en puisant dans la profondeur initiatique (rituels, symboles, progrès intérieur), la loge pourrait encourager l’implication citoyenne de ses membres, persuadée que la transformation personnelle éclaire et nourrit l’action collective.
Valorisation de la participation horizontale et volonté d’ouverture
« Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite. »
Henry Ford
L’ère du Verseau suggère une horizontalité plus marquée, où chaque individu est encouragé à contribuer, à débattre et à co-construire. Cette approche séduit de plus en plus de francs-maçons, qui souhaitent rendre la réflexion plus participative et moins soumise à des hiérarchies ou des traditions figées.
La volonté d’ouverture se traduit par des initiatives inter-obédientielles ou des partenariats avec la société civile (associations caritatives, projets écologiques, débats publics). Ainsi, le « secret maçonnique » s’oriente davantage vers une discrétion symbolique que vers un isolement.
Maintenir un équilibre entre universalité et adaptation locale
« Celui qui demeure immobile se fige, celui qui dérive se perd : l’équilibre est dans la marche. »
La Franc-maçonnerie reste un réseau mondial, attaché à une fraternité sans frontières. Néanmoins, elle doit répondre aux contextes culturels et sociétaux spécifiques de chaque pays. Cet équilibre entre l’héritage ésotérique et les enjeux contemporains incarne la volonté de préserver des valeurs universelles, tout en reconnaissant la nécessité d’évoluer au rythme des besoins et des mentalités du XXIᵉ siècle.
En résumé, l’ère du Verseau place la Franc-maçonnerie devant un choix : mettre l’accent sur une spiritualité approfondie ou sur une participation active à la vie publique ?
Peut-être existe-t-il une troisième voie, où l’on articule harmonisation intérieure et engagement extérieur, de sorte que la démarche ésotérique nourrisse une action sociétale éclairée.
C’est là tout l’enjeu d’une Franc-maçonnerie vivante et plurielle, capable de réinventer ses formes et ses priorités tout en restant fidèle à son esprit originel : réunir ce qui est épars et favoriser l’élévation morale et spirituelle de l’humanité.
Merci pour cet article qui me conforte mon chemin maçonnique dans cette transition vers les temps nouveaux.
Alain Brêthes à écrit un très bon ouvrage traitant de “l’ésoterisme et la spiritualité de l’ère du Verseau”, qui pour moi est une référence et une grande aide dans mes travaux sur “ma spiritualité”