De notre confrère lindependant.fr – Par Océane Laparade
Alors que le bastion Montmorency, jusque-là propriété du groupe Korian, vient d’être racheté par un privé carcassonnais, L’Indépendant, accompagné de Jacques Blanco, amateur d’histoire avisé de Carcassonne, a pu visiter la loge maçonnique qui se cache en souterrain.
Sous le bastion Montmorency à Carcassonne, propriété jusqu’à il y a peu du groupe Korian, se cache un joyau insolite du patrimoine carcassonnais. Il s’agit du temple d’une ancienne loge maçonnique, transformée par la suite en chaufferie pour la clinique, cette partie étant aujourd’hui désaffectée.
La salle, à laquelle on accède par un couloir situé sous les anciens appartements, mesure 8 mètres de long par 6,60 mètres de large, est orientée est-ouest, et est couverte par une voûte d’une hauteur de 3,60 mètres. “Je suspecte que la citerne militaire située au-dessus ait, par infiltration, abîmé la peinture”, explique Jacques Blanco. En effet, la salle et les peintures sont dans un triste état, de larges pans ayant disparu. Pour autant, le privé carcassonnais qui a racheté les lieux entend bien tout mettre en œuvre pour les restaurer : “Il faut simplement trouver quelqu’un qui sache le faire correctement”, souligne-t-il.
De son côté, Jacques Blanco analyse : “Il semblerait que ces fresques soient l’œuvre du peintre Gamelin, mais fils. D’autant plus que Jacques Gamelin père est mort en 1803”, note-t-il, soit quatre avant la date de création de la loge. Sur les peintures en elles-mêmes, on peut encore tout de même apercevoir de nombreux éléments, comme un hibou, une colonne, des inscriptions diverses “meurtrier”, “qu’est-ce que l’univers ?”, une plus longue phrase “si tu peus vaincre la frayeur de la mort tu sortiras du sein de la terre, tu reverras la lumière tu auras droit à la révélation de grands mystères”, et de nombreuses peintures de squelettes, dont l’un allongé.
D’après un ouvrage de Paul Tirand, intitulé Loges et francs-maçons audois (1757-1946), il s’agissait du Temple de la loge Napoléon de Carcassonne, fondée le 29 juin 1807.
“Le pharmacien Jean-Alphonse Coste-Reboulh, qui était propriétaire du bastion à l’époque, leur avait loué l’espace”, explique Jacques Blanco. Pour une somme de 600 francs par mois, est-il précisé dans le livre de Paul Tirand. L’écrivain donne également davantage de détails sur les aménagements nécessaires dans cet espace jusqu’à l’inauguration en novembre 1807 : “Ils sont confiés à deux maçons qui appartenaient à l’administration des ponts et chaussées. […] On commande au célèbre marchand parisien Révillon un papier peint bleu céleste parsemé d’étoiles argent fin avec draperies et bordures ainsi qu’un autre papier imitant la pierre de taille pour tapisser le parvis. Les dépenses sont si importantes que la loge est obligée de contracter un emprunt forcé auprès de ses membres lesquels rechigneront un peu”, explique l’auteur.