jeu 26 décembre 2024 - 16:12

L’Étoile flamboyante ou l’Étoile à cinq branches

Un symbole maçonnique rayonnant

Une étoile, mais qu’entendons-nous par étoile ?

Aujourd’hui une étoile désigne tout astre visible, excepté le Soleil et la Lune, tandis qu’un astre désigne un corps céleste, émettant un éclat propre ou réfléchissant l’éclat d’un autre corps céleste.

Autrement dit ce que nous appelons étoile c’est soit une étoile dite « fixe », comme Sirius ou Spica, soit une planète qui, elle, comme son nom l’indique (du grec planes planetos « errant »), n’est pas du tout fixe, puisqu’elle se déplace à travers les étoiles et les constellations. Comme le racontait Nicomaque de Gérase (60 – 120) autrefois, « perpétuellement sans relâche, elles roulent en sifflant dans la vapeur éthérée… courant toujours. », d’où l’on a formé les mots théos « dieu » du verbe théô « je cours » » !

Une étoile flamboyante :

Qu’elle soit flamboyante sous-entend que cette étoile doit être particulièrement brillante.

De plus -on peut le supposer- elle doit être régulièrement visible et non invisible la moitié de l’année comme Véga dans l’hémisphère sud ou même Sirius les deux plus brillantes des étoiles dites fixes.

La Polaire ?

Localiser l’étoile polaire de l’hémisphère nord, Alpha Ursae Minoris, depuis la Grande Ourse.

L’étoile flamboyante, c’est la Polaire, ont décidé certains, qui l’ont mise au grade de Compagnon, lors du passage à ce grade.

La Polaire ? Une des étoiles les plus difficilement discernables, tellement elle semble petite et peu lumineuse !

Pire ! Ces mêmes, qui ont décidé que l’étoile flamboyante était la Polaire, l’ont placée à l’Ouest côté nord, soit à son coucher…

C’est quand même bien sympa pour notre étoile polaire, qui -parce qu’elle marque le sommet nord de l’axe de rotation de la Terre- ne se couche jamais, tout comme les neuf étoiles circumpolaires qui l’entourent.

Étoile polaire, qui d’ailleurs n’existe pas.

Au cours des millénaires, en raison du mouvement de toupie de la Terre formant en 25.920 ans un cercle autour du pôle écliptique, le sommet nord de l’axe se déplace et ne se juxtapose pas forcément à une étoile.

Si aujourd’hui l’étoile la plus proche du sommet de cet axe se situe près de la queue de la Petite Ourse, vers l’an 2.700 avant J.C. c’était l’étoile alpha du Dragon et il y a plus de 10.000 ans c’était Véga l’étoile principale de la Lyre. Celle-là était brillante oui mais c’était un autre temps !

Quel est donc alors l’astre le plus lumineux du ciel en dehors du Soleil et de la Lune ?

Aucun doute n’est permis : c’est Vénus.

Vénus, « L’astre le plus magnifique du ciel »

Vénus
Vénus – Etoile du berger

Depuis l’aube des civilisations, tous les humains le savent : l’astre le plus magnifique du ciel c’est Vénus, l’astre le plus lumineux du ciel nocturne après la Lune.

Sa magnitude peut atteindre – 4,4 (plus la magnitude est faible, plus l’objet nous parait lumineux. Une magnitude peut être inférieure à 0 pour les astres les plus lumineux) tandis que Sirius a pour magnitude -1,5 ce qui signifie que l’éclat apparent de Vénus est 15 fois supérieur à celui de Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel (la magnitude du soleil est – 26,7 ; celle de la lune lors de la Pleine Lune – 12 ; de Jupiter – 2 et celle de Mars peut arriver à – 2,91)

Bien qu’elle soit une planète, Vénus est donc l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil et la Lune, plus que n’importe quelle étoile, plus que Sirius ou Véga.

Lorsqu’elle atteint son éclat maximum, lorsqu’elle se trouve à 39° du Soleil et nous présente au télescope le quart de son disque éclairé (elle a des phases comme la Lune) et que la nuit est sans Lune, il est même alors possible de distinguer l’ombre des objets éclairés par sa lumière !

Vénus, notre «Etoile du Berger », illumine deux moments forts de la journée, l’aube et le crépuscule.

Au cours de son cycle, en effet, Vénus est tantôt Étoile du matin, tantôt Étoile du soir.

Vénus astre du matin

Astre du matin, elle précède le Soleil à son lever, se montre à sa droite, à l’Orient.

Splendide étoile qui brille comme aucune autre dans le bleu pâle du ciel du jour qui se lève, elle continue à briller longtemps dans le jour naissant, bien après que les dernières étoiles se soient éteintes.

Les Grecs la nommaient Phôsphoros « Qui donne ou qui apporte la Lumière » et les Romains Lucifer « Qui apporte la lumière ».

Vénus astre du soir

On commence à voir certains soirs un astre éclatant, qui resplendit dans le ciel à l’Occident. C’est elle, l’Étoile du berger qui apparaît d’abord bas sur l’horizon dans la lumière du crépuscule pour se coucher après le Soleil, puis au fur et à mesure que passent les semaines, on la voit s’éloigner du Soleil, se déplacer vers l’Est et se coucher contrairement aux autres étoiles un peu plus tard chaque soir.

Ensuite elle se rapproche à nouveau du Soleil jusqu’à n’être plus visible le soir dans la lumière du Soleil, pour finalement réapparaître quelques semaines plus tard à l’aube peu avant le lever du Soleil.

« Cet astre éblouissant qui parvient à briller plus que toute autre étoile est la planète Vénus laquelle gravitant sur une orbite interne à celle de la Terre passe rapidement et continuellement d’un côté de l’autre du Soleil.

Astre du soir, sa présence éclate dès que le Soleil a franchi la ligne d’horizon avant que les premières étoiles aient commencé à scintiller et dure encore plusieurs heures dans le crépuscule et la nuit » [1]

Puis son éclat diminue et elle disparaît.

C’était Hespéros « l’Occidentale » chez les Grecs et Vesper, « Du soir », chez les Romains.

Au cours de ce cycle Vénus reste visible pendant sept mois et autant comme étoile du matin.

Entre la période où elle est visible le soir et celle où elle est visible le matin ou vice versa, elle reste invisible pendant deux mois pleins plongée dans les rayons du Soleil, c’est-à-dire qu’elle reste invisible pendant environ un mois avant et un mois après chaque conjonction avec le Soleil.

Vénus et les Anciens

L’émerveillement de nos astronomes ne fait que reprendre celui des Anciens devant la beauté de cet astre.

Les Incas l’appelaient Chasca « La Frisée », probablement en raison de son aspect rayonnant. Dans leur esprit, la plus belle de toutes les étoiles se devait de suivre ou de précéder le Soleil, comme astre du soir ou du matin.

Chez les Mayas d’Amérique centrale, on l’adorait et on surveillait ses positions à des fins rituelles. On la nommait Quetzalcoatl Ku Kulcan (« Le Dieu serpent oiseau »

Chez les Grecs Homère l’appelait Callistos la Belle.

Les Hébreux la nommaient Noga Lumière ou Helel, mot qui signifie briller Louer, célébrer.

Mais les plus beaux hommages faits à Vénus nous viennent de celui qui lui était rendu sous le nom de la déesse Ishtar en Mésopotamie antique, tel le récit de l’Exaltation d’Ishtar.

Ce récit relate comment le dieu céleste Anu l’élève parmi les autres divinités du Ciel, à savoir le Soleil et la Lune, et la surnomme « Ishtar des étoiles » (Ishtar-kakkabi), nom utilisé à plusieurs reprises dans la documentation cunéiforme pour évoquer l’aspect astral de la déesse.

L’exaltation d’Ishtar et la triade céleste

« Pour Sîn (le dieu Lune) et pour Shamash (le dieu Soleil), par le jour et la nuit, il y eut deux parts égales…

À cette place Ishtar, hausse-toi
À la royauté de tous.
Ô Inanna (Dame du Ciel), sois toi, la plus brillante d’entre eux.
Et qu’ils t’appellent « Ishtar des étoiles » ! 
Que, souverainement à côté d’eux,
Se change ta place en la plus haute.
Que lors de la garde même de Sîn et de Shamash
Rayonnante soit ta splendeur ;

Que l’éclatant flamboiement de ta torche

Au milieu du ciel s’allume !

Comme parmi les dieux, tu n’as personne qui t’approche,

Que les peuples t’admirent ! »[2]

C’est ainsi que l’on voit très régulièrement, réunis à égalité, Vénus, la Lune et le Soleil, tous les trois alignés en haut des monuments. C’est la triade céleste.

Comme sur ce kudurru[3] du Louvre montrant le roi Mélishipak (XII° siècle av J.C.) présentant sa fille à la déesse Nana (en tout cas une de ses représentantes ou prêtresse)[4]

On voit de gauche à droite : très nettement, au-dessus de la tête de la déesse Nana, une étoile à huit branches, symbole de Vénus, le croissant symbole de la Lune et le disque symbole du Soleil avec des rayons ondulatoires.

Vénus l’Etoile à cinq branches

Notre étoile maçonnique doit avoir cinq branches. Mais peut-on vraiment compter les rayons d’un astre ?

Cinq branches ?

Pourquoi alors les Mésopotamiens représentent-ils Vénus avec huit branches ?

C’est parce que le nombre huit fait référence aux huit ans qu’il lui faut pour dessiner une gigantesque étoile à cinq branches dont chaque pointe se trouve sur le zodiaque et dont la Terre est le centre.

Les Mésopotamiens faisaient parfois de même avec leur représentation de la Lune :

Montrant comme ici le croissant encadrant douze éléments rayonnants six de forme rectangulaire et six en rayons aigus se référant aux douze lunes de l’année et ses douze mois lunaires.

Le cycle de Vénus bien connu des anciens

« L’étoile à cinq branches parfaitement identifiable par les peuples anciens a revêtu une signification profonde. Les Egyptiens l’ont peinte sur les plafonds de tombes et des temples pour représenter les étoiles lointaines. »[5]

Son cycle était sans doute encore connu des maçons au XIX° siècle et début du XX°, époque où on lisait Flammarion qui grâce à son Astronomie populaire permettait de visualiser et de comprendre les mouvements des planètes, vus de la Terre et leurs tracés, bien connus des Anciens.

Vue de la Terre, Vénus tourne à la vitesse du Soleil jusqu’à ce qu’elle recule puis reparte en avant. De la sorte, elle forme une boucle sur une quinzaine de degrés.

Vingt jours après sa rétrogradation, elle passe alors en conjonction inférieure exacte avec le Soleil, c’est-à-dire qu’elle passe entre le Soleil et la Terre. Soleil, Vénus, Terre sont alignés

Cette boucle dure environ trois mois et demi.

Après quoi Vénus, ayant terminé sa boucle, parcourt soixante-douze degrés durant treize mois et demi à vitesse égale.

Puis elle refait une boucle pendant trois mois et demi et ainsi de suite terminant le tracé de l’étoile à la sixième boucle, rejoignant son point de départ.

Le tracé de ces boucles nous est montré par Flammarion dans son Astronomie populaire (figure de gauche).

Le tracé de l’étoile se fait en sens inverse du mouvement annuel des planètes.

La figure de droite ci-dessous nous montre les conjonctions inférieures de Vénus avec le Soleil sur un cycle de huit ans depuis le 14 janvier 2006 (numéro 1 sur la figure) jusqu’au 11 janvier 2014 (numéro 6 sur la figure).

Nous voyons qu’au bout de ces huit ans, Vénus se retrouve dans la même constellation.

Toutefois elle se décale alors légèrement, de deux degrés et demi seulement mais c’est suffisant pour que l’étoile tourne : il faut cent ans pour qu’elle se décale d’un signe.

Autrement dit, durant la vie d’un homme les boucles de Vénus se font toujours dans les mêmes signes.

Nous voyons au passage que nous pouvons tracer l’étoile à cinq branches d’un seul trait comme le fait Vénus en somme !

Comme sur ce schéma où l’on commence le trait à partir du sommet.

Vénus, Soleil et Lune lors des initiations antiques

Voici maintenant une image faisant très probablement référence à une initiation et datant du IX° siècle avant notre ère.

Il s’agit d’une tablette de fondation du temple de Shamash (Le Soleil) à Sippar (en Irak) et se trouvant aujourd’hui au British muséum.

Deux petits personnages placés sur la toit du Naos penchés en avant tiennent tendues deux cordons terminés par des houppes qui maintiennent le disque solaire au-dessus de l’autel. On voit bien la symbolique de cette représentation : l’étoile en carré fait allusion aux quatre points cardinaux marqués par le Soleil et les rayons ondulant le rayonnement de notre étoile.

Ce disque est présenté à un personnage encadré par deux autres. Le premier le tient et l’amène devant l’autel où est présenté le disque solaire en le tenant fermement par la main. Le second couronné d’une tiare suit derrière les mains levées en signe de prière. Il s’agit probablement du prêtre de Shamash car il est exactement habillé et coiffé de la même manière que la représentation du dieu qui se tient dans un Naos, ajouré comme un kiosque ou un auvent placé derrière l’autel, armé du cordeau enroulé et de la règle.

Au-dessus de la tête de la statue du dieu se trouve la représentation de la triade céleste.

Le tout étant posé sur les eaux célestes marqués de la représentation de Vénus avec ses huit branches rappel de son cycle de huit ans.

Ce symbole de Vénus fut porté en bijou peut-être comme porte-bonheur au cours du deuxième millénaire avant notre ère

En témoigne ce bijou en or (Entre 1600 et 1200 av J.C.) trouvé » à Tell el-Ajjul[6] (Bande de Gaza)

Dans la Bible

Cette étoile fut souvent regardée comme une image du messie attendu.

Ainsi dans Nombres 24, 17 Balaam, devin réputé -On pourrait dire astrologue- originaire des bords de l’Euphrate donne son oracle : Il voit la vision de Shaddai et dit : « Je le vois mais ce n’est pas pour demain : De Jacob monte une étoile, d’Israël surgit un sceptre qui brise les tempes de Moab et décime tous les fils de Seth »

Ainsi, fait remarquer Chouraqui, s’explique la présence d’une étoile sur les monnaies frappées par Simon Bar Kokba (Fils de l’Etoile) chef politico religieux de la deuxième révolte juive (132- 135 de notre ère)

Mais surtout on comprend pourquoi l’Apocalypse dit que Yeshouah Jésus est l’Étoile du matin. « Moi Jésus …Je suis le rejeton et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (Apocalypse 22, 16)

Dans le christianisme

Il était donc logique qu’on la trouve ensuite dans le Christianisme par exemple dans les églises sur un vitrail ou encore sculpté dans la pierre.

Ainsi dans l’image ci-dessus il s’agit de la Rose nord de l’église de l’abbatiale St Ouen (XIV°/ XV° siècle) symbole de la hiérarchie céleste en fait les anges et les archanges dans l’Empyrée au plus haut du ciel.

Dans la cathédrale d’Amiens l’étoile se trouve inversée sur le vitrail de la rosace nord (XV°/ XVI° siècle).

Certains en ont fait quelque chose de diabolique !

Il s’agit naturellement de la descente de l’esprit et de la lumière dans le monde ; de la descente du Feu et de la vérité divine sur le chaos et les ténèbres du nord.

Ainsi l’étoile pointe en bas est-elle l’emblème de notre régénération.

D’ailleurs sur certaines icones syriennes de la Pentecôte (la descente de l’Esprit sur les disciples), l’Esprit est figuré par un étoile pointe en bas qui se termine par un rayon.

En Maçonnerie L’Etoile flamboyante un des symboles fondamentaux

On est étonné de voir comme en écho aux symbolisme ancien, nos tableaux de loges se présentent :

Chez les anciens Mésopotamiens comme en Maçonnerie aujourd’hui trois astres se trouvent ensemble à l’Orient, l’ancienne trinité : le Soleil la Lune et Vénus notre Étoile flamboyante.

Plantagenet nous dit qu’il ne semble pas que l’apparition de l’Etoile flamboyante en Maçonnerie soit antérieure à 1737.

J Boucher quant à lui écrit que le Pentagramme était connu des Maçons constructeurs et était peut-être même un de leurs secrets les plus importants et les plus méconnus. Nous voulons bien le croire.

Elle est le symbole de l’esprit universel, du souffle divin, feu central et universel qui vivifie tout ce qui existe (Tchudy)

Elle était ainsi définie et déjà présente au grade d’Apprenti autrefois sans lettre inscrite dessus :

« Au milieu, éclairant le centre d’où part la vraie lumière qui éclaire les quatre parties du monde …l’Étoile flamboyante est l’emblème du Grand Architecte de l’univers qui brille d’une lumière qu’il n’emprunte que de lui seul »

En clair l’Etoile flamboyante symbolise la Lumière divine, le Feu, ce feu qui siège au cœur de toutes les créatures.

Voyons ce qu’il en est dans les rituels d’aujourd’hui

L’étoile flamboyante fut transférée au grade de Compagnon en 1785 par le GO comme étoile du matin afin qu’on puisse la trouver au grade de Maître comme étoile du soir.

Ainsi au REAA ou au Rite Français rétabli, au grade de Compagnon, elle est étoile du matin et sera étoile du soir au grade de Maître.

Leur signification évidemment sera bien différente, puis les deux s’éclaireront l’une l’autre.

L’étoile à cinq branches appelée l’étoile flamboyante apparaît donc d’abord au second degré ou grade de Compagnon.

L’Etoile flamboyante au grade de Compagnon. L’étoile du matin.

On l’allume à l’Orient lors du passage à ce grade. Elle est placée à droite du Soleil soit du côté du midi. En clair elle est à son lever précédant celui du Soleil.

Après cinq voyages effectués dans la loge, le futur compagnon est emmené face à elle et est invité à la contempler

Elle brille de tous ses feux et présente un G en son centre.

C’est Lucifer ou Phosphoros l’apporteur de lumière

G qui au premier degré de lecture nous fait penser au mot « Géométrie ».

Mais pour bien d’autres on lui a trouvé : Gloire, Grandeur, Génie, Gnose, Grand Architecte, Gravitation.

Le G comme Génie :

Ainsi peut-on lire dans Le Régulateur du Maçon[7]

« Mon F considérez cette Etoile mystérieuse. Ne la perdez jamais de vue elle est l’emblème du génie qui s’élève aux grandes choses

Elle est le symbole de ce feu sacré, de cette portion de lumière divine dont le G.A.D.L.U. a formé nos âmes aux rayons de laquelle nous pouvons distinguer, connaître et pratiquer la justice »

Étoile du matin elle est le porteur de lumière symbole de toute initiation, de tout passage des ténèbres à l’illumination. Et ce dans tous les peuples. Les druides l’utilisaient déjà comme telle : annonciatrice de lumière symbole de la connaissance.

C’est celle-là que l’on contemple au grade de compagnon, Vénus l’étoile qui annonce l’arrivée du Soleil.

Pour le nouveau Compagnon elle symbolise l’espoir : l’homme illuminé, l’homme étoile, l’homme solarisé.

L’homme qui d’abord apprenti a reçu la lumière solaire par l’intermédiaire de la Lune, puis espère la recevoir pleinement.

Nous voyons donc que lors de notre arrivée au grade de Compagnon Vénus nous annonce la lumière à venir, celle du Soleil. Elle nous donne l’espoir d’accéder à cette lumière qu’au REAA nous recevrons peut-être au 28° degré, lorsque nous deviendrons Chevalier du Soleil….

En attendant rappelons-nous que Vénus est l’étoile de l’amour. Elle nous rappelle donc que notre recherche est basée sur l’amour de la vérité, sur l’amour fraternel.

Elle nous rappelle que le monde fut construit par le désir du Grand Architecte. Elle est la force d’attraction universelle. Elle la beauté.

Elle nous rappelle encore que l’union fait la force et que sans le secours des autres nous ne pouvons rien.

L’Etoile du soir au passage au grade de Maître Mort et Renaissance

On la retrouve ensuite au grade de Maître, troisième et dernier degré des loges bleues lors du passage à ce grade :

Lorsque le Compagnon se présente en Chambre du Milieu pour accéder à la maîtrise, l’étoile flamboyante est la seule lumière perceptible.

Elle s’éteindra dès que le candidat aura le dos tourné.

L’étoile du Compagnon apportait au candidat l’espoir d’accéder un jour à la lumière ; ici elle l’invite à plonger à la suite du Soleil dans les ténèbres de la mort.

Tout est sombre dans le temple. Tout est éteint un voile noir cache l’Orient.

Le Soleil et la Lune ont disparu. Ils sont couchés, partis dans le royaume des morts sous l’horizon.

Seule brille l’Étoile, à l’Occident, du côté nord. Elle va donc bientôt disparaître à son tour derrière le Soleil.

Le futur Maître, que l’on a fait entrer dans le temple à reculons, tournant le dos à l’Orient, contemple l’Étoile, non plus radieuse et précédant le Soleil dans sa marche diurne, mais inquiétante et mystérieuse, seule étoile au milieu des ténèbres, déjà s’enfonçant dans la nuit vers le Nord.

En effet lorsque au cours de son cycle elle se rapproche soir après soir du Soleil elle « tombe » dans les flammes du soleil couchant évocatrices de l’enfer ou du séjour des morts avec son lac de flammes chez les Egyptiens. C’est ainsi d’ailleurs que progressivement l’Eglise en a fait un ange déchu « comment es-tu tombé des cieux Astre du matin, fils de l’Aurore » suivant Isaïe (1 14 et saint Jérôme »

Le candidat, guidé par l’Étoile va devoir suivre la marche du Soleil dans le monde des morts.

À la suite d’Ishtar, pour devenir maître, le maçon doit descendre dans les Enfers

Si le Soleil est Juge dans les Enfers, Ishtar la grande initiée fut la seule divinité mésopotamienne qui fut réellement morte et ressuscitée :

Elle décida de descendre dans les enfers et franchit les sept portes concentriques qui y conduisaient.

Arrivée là, elle se laissa dépouiller de ses sept Me « attributs, pouvoirs » symbolisés par des bijoux. Ainsi dénuée de tout pouvoir, elle se laissa tuer par les sept juges des enfers. Changée en cadavre, elle fut suspendue à un clou. Elle y resta trois jours et trois nuits.

Son assistante qui savait quoi faire en cas de problème, ne la voyant pas revenir, prévint Enki, le dieu du ciel, qui réussit à lui faire boire et manger l’eau et le pain de vie qui ressuscitent.

Elle put donc remonter des Enfers à condition d’y laisser un substitut

Elle refusa d’y laisser son coiffeur ou son capitaine et y sacrifia à la place Dumuzi, son amant, qui avait gravement manqué à l’Amour. En effet remontée des Enfers, elle le retrouva faisant joyeusement ripaille.

De même, Hiram sera mort durant trois jours comme Ishtar et comme la Lune qui disparait pendant environ trois jours lors de sa conjonction avec le Soleil.

En effet pendant que les FF et SS recherchent Hiram lors de l’élévation à ce grade trois jours s’écoulent : neuf FF (ou SS) (deux plus sept) font trois fois le tour du cercueil dans le sens dextrorsum sens du mouvement diurne. Neuf comme les neuf étoiles circumpolaires.

Trois jours de mort qui met le candidat en rapport avec la Lune il ressuscite au bout du troisième jour comme Jésus.

Il meurt et ressuscite avec Vénus fille du dieu Lune et sœur du Soleil.

Trois astres qui chacun symbolisait parfaitement la mort et la résurrection.

Sur le plan symbolique elle indique qu’il nous faut mourir affronter la mort

Vénus symbole de la mort et de la renaissance puisque après avoir été étoile du soir durant de longues semaines elle disparaît puis réapparaît au lever

L’Etoile flamboyante et Tubalcaïn

Le Mot de Passe qu’apprend le compagnon lors de son passage au grade de Maître est Tubalcaïn, faisant d’Hiram, le héros de ce grade, un forgeron .

En effet Tubalcaïn fils de Caïn est dans la Bible le premier forgeron mythique

Ainsi Hiram le bronzier qui façonna les colonnes J et B le bassin du temple de Jérusalem qui servait à l’observation du ciel, est aussi forgeron du bronze autrement dit de l’airain (du cuivre auquel on a mélangé à un peu d’étain )

Forgeron comme Tubalcaïn comme Dédale comme Talès comme les Cyclopes qui étaient marqués au front d’un cercle symbole du cercle que seule ils savaient tracer parfaitement à l’aide d’un compas.

Quel rapport avec Vénus ?

Vénus l’épouse de Vulcain

Vénus, planète dont le métal est le cuivre, à l’origine du bronze, l’un des premiers métaux façonnés par l’homme par Tubalcaïn peut être, est dans la mythologie grecque l’épouse de Vulcain.

Et Vulcain ou Héphaïstos chez les Grecs dieu du feu, est à l’origine du feu souterrain, le maître du feu, celui qui maîtrise les énergies cosmiques celui qui introduit par son art l’ordre dans un monde de chaos et de forces élémentaires.

Dieu des volcans il façonnait dans son antre souterraine les armes des dieux de l’Olympe, extrayant le métal des entrailles de la terre, le forgeant avec le feu souterrain.

Dans les traditions antiques il est dit que le feu libère l’élément divin en anéantissant l’élément humain.

Le travail des métaux c’est le travail sur soi-même et c’est le feu qui transforme le maçon dans le rituel de mort et de résurrection

Tout comme l’Apprenti taille sa pierre lui-même étant donc à la fois le tailleur et la pierre, Hiram Tubalcaïn est son propre forgeron intérieur. Il sait maîtriser son feu et ses métaux. Il est bien évidemment son propre alchimiste. Il a laissé les métaux vulgaires à la porte du temple car il a transformé en lui le plomb en or.

L’étoile à cinq branches dans les différents degrés de la Maçonnerie

Au 4° Maître secret , on la trouve dans le cartouche accroché à l’Orient.

Elle est dans un Delta lui-même inscrit dans un cercle

Le Z dans l’Etoile fait référence au mot originel du mot de Passe « « Balustrade » Geison mot grec transformé en Zizon progressivement.

L’étoile chez les anciens Egyptiens se disait seba et signifiait « porte », « enseignement » sens qui s’articule parfaitement avec la porte de la dite balustrade qu’il s’agit de franchir et dont la clef remise au candidat est en ivoire.

Dans les rituels d’aujourd’hui on la retrouve ensuite :

Au grade de Grand Elu de la Voûte sacrée, 14° et dernier degré des ateliers de perfection.

On la trouve sur le bijou entre les jambes d’un compas (une médaille représentant d’un côté le Soleil de l’autre l’étoile avec un G)

Au grade de Chevalier Rose Croix 18°degré

Ce qui est logique, ce grade faisant référence aux templiers, à la mort et la résurrection du Christ, Etoile du matin dans l’Apocalypse.

L’étoile à cinq branches un tracé au nombre d’or

En raison du tracé au nombre d’or, qui régit ce pentagone étoilé, l’étoile à cinq branches était signe de reconnaissance chez de nombreux initiés et en particulier chez les pythagoriciens.

On comprend donc que Villard de Honnecourt (XIII° siècle) dans son « carnet » ait utilisée cette « divine proportion » comme tracé harmonique dans ses dessins comme sur les images ci-contre. Ou encore pour montrer comme ce tracé se trouvait sous-jacent dans le vivant.

De même on considéra l’étoile à cinq branches comme l’image du microcosme humain : on peut y voir en effet un homme les jambes et les bras écartés, tout comme l’aigle en somme !

L’étoile à cinq branches par sa forme semble posséder une action propre sur le plan de notre cerveau

Est-ce que inconsciemment nous ressentons la beauté géométrique de l’Étoile à cinq branches ? quand par exemple nous la contemplons sur une fleur à cinq pétales comme l’églantier ?

Nous pensons alors à la définition de la Beauté donnée par Platon, la Beauté issue des nombres, suivant en cela l’héritage pythagoricien :

« Ce que j’entends par beauté de la forme n’est pas ce que le commun entend généralement sous ce nom, comme par exemple celle des objets vivants ou de leur reproduction, mais quelque chose de rectiligne et de circulaire, et les surfaces et corps solides composés avec le rectiligne et le circulaire au moyen du compas, du cordeau et de l’équerre ; car ces formes ne sont pas comme les autres belles sous certaines conditions, mais belles en soi »[8]

Voilà pourquoi, disait-il encore, « Dieu fait sans cesse de la géométrie »

Ce qu’on peut imaginer en effet lorsque l’on décode le tracé de Vénus dans le ciel.


[1] Astronomie en 10 volumes éditions Atlas.

[2] Les religions du Proche-Orient asiatique Fayard Denoël 1970 , Première partie René Labat.

[3] Kudurru mot akkadien : désigne des stèles de pierre inscrites et ornées de reliefs, érigées entre le XIV° et le II° siècle av J.C.

[4] Sumer André Parrot, nrf

[5] Marthe Marandola Cousin préface de Trinh Xuan Thuan L’Esprit des Etoiles Ed des 3 monts 2001

[6] Jérusalem Rockfeller Museum

[7] Le Régulateur du maçon grades symboliques (Ed 1801) Hachette (BnF)

[8] Platon Philèbe 51,c

2 Commentaires

  1. Soit, mais pourquoi avoir retenu l’étoile polaire pour guider le COMPAGNON (Rite Français) plutôt que Vénus; bien plus riche en symboles et géométrie?

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Marie Delclos
Marie Delclos
Marie Delclos est une éminente spécialiste de l'ésotérisme et des traditions initiatiques. Elle est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages de référence aux éditions Trajectoire, parmi lesquels : "Le Grand Livre de l'oracle Belline", "L'Astrologie en 16 leçons", "La Voyance en 16 leçons", "Le Grand Livre des pouvoirs de la Lune", etc.

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