mar 22 octobre 2024 - 05:10

Nous sommes entrés dans le temple de la Franc-Maçonnerie à Turin

Du site officiel du GOI – par Stefano Garzaro

Piazza Vittorio : nous descendons vers le Pô en longeant les arcades sur la gauche. Au bout de la place se trouve le bâtiment où est établie depuis la fin des années 1950 le Grand Orient d’Italie, la plus importante association maçonnique de Turin. Le bâtiment comprend dix temples, quelques bureaux et une salle de réunion. Les temples sont attribués à tour de rôle à une cinquantaine des quatre-vingts Loges du collège départemental du Piémont et du Val d’Aoste.

Accueilli par le président du Collège des Vénérables Maîtres du Piémont et de la Vallée d’Aoste, l’environnement nous apparaît comme une extension d’un musée du Risorgimento, avec de nombreux témoignages historiques : drapeaux, labarums d’anciennes loges, objets rituels, portraits des nombreux francs-maçons protagonistes du processus d’unification italienne. Parmi ceux-ci, se démarque le visage de Garibaldi : « initié » en 1844 à Montevideo, vingt ans plus tard le Héros des Deux Mondes sera élu Grand Maître du Grand Orient d’Italie.

Avec un soupçon de fierté, le visiteur voit les listes des frères francs-maçons. Depuis les années 1950, le siège turinois du Grand Orient d’Italie se trouve au 19, Piazza Vittorio Veneto ; à l’intérieur, dix temples maçonniques servent des loges turinoises de renommée mondiale telles que Franklin, Mozart, Kipling, Wilde, Conan Doyle, Gandhi, Churchill, mais aussi Duke Ellington, John Wayne, Oliver Hardy. Parmi les Italiens, toujours au hasard, Casanova, Paganini, Carducci, Fermi, Totò. Le souvenir d’un personnage timide comme le docteur Carlo Angela – le père de Piero – décédé en 1949 à San Maurizio Canavese où il dirigeait son hôpital, reconnu comme “Juste parmi les Nations” pour avoir sauvé de nombreux Juifs pendant la Shoah, ne manque pas.

Grand Orient d’Italie

Pour les uns, la franc-maçonnerie est une association éclairée et philanthropique, pour d’autres elle est une animatrice de complots planétaires, parfois confondus avec l’occultisme. Elle est certainement détestée par les dictatures de toutes couleurs, car elle est libertaire, antidogmatique, laïque. Si vous approfondissez la symbolique et les images fixes de l’intérieur du temple maçonnique de Turin : vous reconnaissez les symboles distinctifs de le compas, du triangle et de l’étoile, les scènes peintes des « francs-maçons » dans le rituel maçonnique – expliquez les affiliés – vous découvrez des outils éprouvés depuis des siècles pour suivre le chemin vers la connaissance de soi et de la réalité. L’espace physique dans lequel se déroule la vie des frères de loge qui coopèrent à ce travail de recherche est le temple, un lieu plein de colonnes, de statues, de couleurs, d’échiquiers, d’épées, de livres ; c’est un fouillis d’objets et de symboles qui étonne le profane, tandis que pour l’initié c’est un défi à relever étape par étape, en avançant sur le chemin.

Les membres des Loges tiennent à souligner que les symboles maçonniques ne cachent pas de significations secrètes : ils expliquent que la véritable révélation est le chemin lui-même. Ainsi, pour comprendre au moins approximativement ce qu’est la franc-maçonnerie et découvrir ses objectifs, il suffit d’entrer dans le temple. Hiram, l’architecte de Salomon.Commençons par les deux colonnes sur les côtés de la porte qui sépare le monde des profanes de celui des initiés. La colonne de gauche de style dorique porte la lettre B, l’initiale de Boaz, gravée dessus. Traditionnellement il est surmonté d’un globe terraque et représente l’élément masculin, le principe actif, la Force. La colonne de droite au chapiteau ionique plus élaboré porte la lettre J, initiale de Jakin, et supporte une grenade ouverte : c’est l’élément féminin, le principe passif, la Beauté. La grenade rappelle la charité, l’humilité, la fécondité. Les deux colonnes constituent l’équilibre, l’équilibre des contraires : mouvement et stabilité, destruction et création, obscurité et lumière, c’est-à-dire les contrastes à la base de la vie humaine.

colonnes

Mais qui sont Boaz et Jakin ? Ces noms nous ramènent à la Bible, au temple de Jérusalem construit par Salomon, le sage roi législateur. Le livre des Rois (7, 13-22) raconte la description du chantier de construction, exposant les lignes directrices qui, des siècles plus tard, inspireront les bâtisseurs des temples maçonniques. On lit que «le roi Salomon fit venir de Tyr Hiram, fils d’une veuve de la tribu de Nephtalk, avec pour mission de concevoir et de construire le nouveau temple.

Selon la légende issue de ces textes, Hiram aurait baptisé les colonnes d’entrée des noms de Boaz, l’ancêtre de David, et de Jachin, le grand prêtre qui inaugurerait l’édifice. Le pivot de la légende est cependant constitué par un fait divers policier, à savoir l’assassinat d’Hiram par trois ouvriers infidèles. L’architecte avait divisé les ouvriers en trois niveaux d’expertise, attribuant à chacun un mot secret à prononcer une fois payé. Boaz était le mot pour les apprentis, Jakin pour les ouvriers et Jéhovah pour les enseignants. Trois ouvriers s’empressèrent d’arracher au maître les techniques secrètes, et surtout la parole pour passer au niveau supérieur. Hiram ne parlait pas et fut donc assassiné de trois coups à la tête portés avec différents instruments. Enterré secrètement sous un acacia, le corps d’Hiram sera plus tard retrouvé par Salomon lui-même.

Le meurtre du maître et sa résurrection subséquente sont devenus symboliquement partie intégrante de la progression initiatique maçonnique. En effet, chaque étape de la vie en loge a une signification profonde, à l’image des trois étapes du chemin parcouru par les apprentis, les compagnons et les maîtres. Curieusement, le surnom attribué aux francs-maçons de « fils de veuve » est né du texte biblique, tel que le définissait l’architecte Hiram. Une forêt symbolique. Nous ne sommes pas encore entrés dans le temple et nous sommes déjà accablés par une longue digression. Elle ne sera pas la seule. Mais voilà, trois coups à la porte et la porte s’ouvre. Dans une douce lumière bleue rappelant l’aube, nous apparaît une grande salle rectangulaire, dont les côtés les plus longs sont occupés par des marches : c’est là que sont assis les frères.

D’en haut, une image des bâtisseurs du Temple maçonnique, l’entrée du Turin. Temple, symboles rituels : bougies et table du zodiaque, l’équerre et le compas, symboles de rectitude morale et de rigueur dans le jugement A l’entrée du Temple les deux colonnes rituelles : celle de gauche avec l’initiale de Boaz et celle de droite avec le “J” de Jachin , personnages de l’Ancien Testament La salle principale de l’empio de Turin. En contrebas, la crèche de nuit via Ormea 119 et Trois coups et la porte du Temple s’ouvre sur une grande pièce rectangulaire avec un plafond aussi rugueux que le ciel de l’aube et un échiquier au sol de la loggia. Au fond, on peut voir un autel – un petit autel – avec un livre fermé, entouré de candélabres. Le mur du fond est occupé par les sièges du maître et des dignitaires. Un échiquier est représenté au sol : les cases noires et blanches représentent la vie humaine, avec une alternance de moments joyeux et douloureux, d’enthousiasme et de difficulté.

noir et blanc, bien et mal, pavage de loge

C’est encore une fois l’harmonie des contraires. Sur l’échiquier, le profane se déplacera comme un pion d’échecs, alternant le blanc et le noir ; une âme spirituelle suivra plutôt le pas de l’évêque, en touchant uniquement les carrés blancs, tandis que le matérialiste choisira les noirs ; l’initié, dédié à la recherche de la Connaissance et de la Vérité, parcourra le « chemin étroit » en plaçant ses pieds sur le bord des carrés, c’est-à-dire en passant entre le blanc et le noir. Dans le temple se trouvent de nombreux objets symboliques, disposés dans différentes positions en fonction des rites dans lesquels ils sont utilisés.

Décrivons les plus importants, à partir du livre de la Loi Sacrée placé sur l’autel. Le livre représente la lumière de la foi qui domine chaque être humain, non définie par des dogmes, mais logée dans la conscience de chacun. En fait, le franc-maçon fait référence à un Être supérieur : il pourrait s’agir de la divinité d’une des religions traditionnelles, mais aussi d’une entité suprême du style des Lumières, personnifiée dans le Grand Architecte de l’Univers. Dans le temple de Turin, le Livre est la Bible, mais si nous entrions dans la loggia d’un pays islamique, nous y trouverions le Coran.

L’équerre et le compas sont superposées au livre. La première suggère la rectitude morale, l’équilibre, l’honnêteté, mais aussi l’idée de droit et de devoir, et donc de droit et de justice. Le compas est la rigueur du jugement, l’effort pour élargir la connaissance intérieure, l’ouverture à accueillir de nouvelles idées, pour élargir la vision universelle. A côté du Livre se trouvent des chandeliers, qui varient selon les rites et les circonstances. Parmi celles-ci, on retrouve la Menorah, le candélabre à sept bras symbole de la lumière de l’esprit, mais aussi des sept arts libéraux. Les candélabres avec leur lumière multiplient la Force, la Beauté et la Sagesse provenant des piliers.

Sur un banc on retrouve le t-shirt – un petit marteau – un instrument d’intelligence pour contrôler nos paroles et nos actes. Le maglietto est indispensable pour équarrir la pierre brute, qui avec beaucoup de patience deviendra lisse et cubique : la métaphore de l’engagement interne progressif auquel le franc-maçon est appelé est évidente, c’est-à-dire s’équarrir à la recherche de la perfection. L’épée flamboyante, utilisée par le vénérable Maître pour l’initiation des nouveaux francs-maçons, rappelle celle que tenait l’ange dans l’Eden biblique pour garder l’arbre de vie.

épée flamboyante
épée flamboyante

Dans le temple maçonnique, l’épée est la Lumière de l’esprit qui domine le serpent de la tentation, destiné à éloigner le vice et le mal de la Loge. mauvais. Si à l’entrée nous regardions l’échiquier, maintenant nous les élevons jusqu’au plafond où est peinte la voûte étoilée avec le Zodiaque : elle est le symbole de l’invisible, du royaume de l’absolu et de la Vérité. Selon une autre interprétation – dans la franc-maçonnerie différentes visions sont destinées à s’intégrer – les signes du zodiaque représentent l’énergie cosmique, divisée en douze signes pour aborder le travail intérieur sous douze perspectives.La Loge n’est donc pas seulement le lieu de rencontre des frères, mais aussi la représentation de l’univers, du macrocosme dans lequel l’initié évolue avec son propre corps, qui à son tour représente le microcosme.

Artisans et révolutionnaires. La voûte de terre protège la création, et donc l’humanité sans distinction de classe, d’ethnie, de religion. Les hommes « libres, de bonne volonté et de bonnes mœurs » – qualités exigées des francs-maçons – sont donc invités à la tolérance, représentée par l’écriture « Liberté, égalité, fraternité ». LE trinôme, né des Lumières et de la Révolution française, nous conduit à la naissance de la franc-maçonnerie historique. Après avoir quitté la Légende, nous nous trouvons dans un lieu physique, la véritable Loggia, c’est-à-dire la cabane en bois qui protégeait les tailleurs de pierre et les maçons médiévaux employés dans la construction des cathédrales. La Loge par extension est devenue le groupe d’ouvriers organisés, composé de compagnons experts et d’apprentis, dirigés par un maître. Les francs-maçons ou « francs-maçons » (des francs-maçons anglais ou des francs macons français) s’accordaient à observer les règles de la guilde, à s’entraider, à transmettre des connaissances techniques aux inexpérimentés, mais se gardaient bien de cesser, mais pour élargir aux discussions sur les mathématiques, la philosophie, la science et l’ésotérisme.

Les mystères de la France-maçonnerie (Par Leo Taxil)

Bientôt, les Loges s’ouvrirent aux bourgeois, marchands, nobles, ecclésiastiques, voire aux rois et princes qui voulaient participer au débat intellectuel. Les étrangers, les non-maçons accueillis dans la Loge, étaient définis comme « acceptés ». L’entrée dans la loge se faisait, et se fait encore aujourd’hui, par un rite d’initiation où les outils de travail comme l’équerre, le compas, le t-shirt et autres exprimaient leur signification symbolique. Franc-maçonnerie moderne. Au fil du temps, les francs-maçons « acceptés » sont devenus majoritaires, transformant la Loge d’opérationnelle à spéculative, c’est-à-dire vouée à la réflexion et à l’étude commune.

Siège de la GLUA à Londres
Siège de la GLUA à Londres

La naissance de la franc-maçonnerie moderne est traditionnellement fixée au 24 juin 1717, date à laquelle la Grande Loge fut fondée à Londres pour fédérer les loges du district. En 1723, le pasteur presbytérien James Anderson a compilé Les Constitutions des francs-maçons, le texte de référence pour tout franc-maçon. Parmi les principes idéaux, il y a l’invitation à discuter de l’Homme, de la liberté de pensée et de la spiritualité. Depuis la Grande Loge de Londres, la franc-maçonnerie s’est rapidement répandue dans toute l’Europe puis sur tous les continents, adoptant différents rites, confessions et coutumes. En Italie, la première Loge a été fondée en 1726 à Girifalco, en Calabre. L’État savoyard est également à l’avant-garde, enregistrant des Loges d’abord à Chambéry, en Savoie, puis à Turin.

Dans notre ville, en 1756, est née la Loggia Saint Jean de La Mystérieuse, qui rassemblait entre autres les scientifiques qui fonderaient l’Académie des Sciences, soutenus par le prince héritier puis le roi Vittorio Amedeo III. Depuis le XVIIe siècle,L’esprit de secret de la Corporate Lodge a été perdu. L’arrivée de la franc-maçonnerie moderne à Turin remonte à 1756, avec la loge subalpine « Saint Jean de la Mpstérieuse ». Puis en 1859 l’Ausonia, ancêtre du GOI. Après les persécutions du Congrès de Vienne qui interdisèrent les loges, la franc-maçonnerie italienne cessa officiellement d’exister : jusqu’à l’achèvement de l’Unification, cependant, de petits groupes restèrent en vie, qui entretenaient le feu de cette expérience.

En 1859, la loge Ausonia est fondée à Turin, première étape dans la formation d’un organisme national appelé Grande Oriente Italiano, rebaptisé plus tard Grande Oriente d’Italia, point de référence pour de nombreux protagonistes de la vie culturelle et politique du libéralisme. En Italie, des parlementaires, des officiers de l’armée, des intellectuels, parmi lesquels Goffredo Costantino Nigra, Agostino Depretis, Francesco Crispi, Giuseppe Zanardelli ou encore le très populaire maire de Rome Ernesto Nathan. Pour les francs-maçons, une fois leur croissance intérieure mûrie sous le toit étoilé de la loge, la solidarité envers les autres devient une conséquence naturelle, non seulement des frères de la loge, mais de toute personne en difficulté. À la fin du XIXe siècle, les francs-maçons s’impliquent dans la société civile pour ouvrir des soupes populaires, des écoles maternelles, des refuges de nuit pour les sans-abri, des toilettes publiques, et donc pour créer des écoles du soir et du dimanche pour les ouvriers, des bibliothèques circulantes, des coopératives de consommation, des crémations. société.

À Turin, en 1880, le médecin et hygiéniste Secondo Laura créa le premier noyau de l’hôpital pour enfants Regina Margherita ; en 1884, grâce à Tommaso Villa et Luigi Pagani, naissent les cuisines populaires qui se multiplient de Borgo Dora à San Salvario ; en 1886 naissent les premières succursales des Crèches de Nuit Umberto I, fusionnées plus tard dans la structure de via Ormea 119. La crèche de nuit est encore active aujourd’hui grâce à l’engagement de dizaines de bénévoles, en particulier des médecins et des dentistes présents dans les cliniques mises à disposition pour des gens plus marginalisés. Les années sombres du XXe siècle. Au XIXe siècle, les Lumières italiennes et la franc-maçonnerie positiviste se sont souvent heurtées à l’Église catholique, qui a réagi par des excommunications. Le dialogue avec les églises protestantes était très différent – ​​vaudois, baptiste, méthodiste qui participaient activement au Risorgimento et fournissaient des personnalités aux loges.

Un témoignage est le temple baptiste de Turin, via Passalacqua, à Porta Susa, dont l’architecture intérieure s’inspire de la loge maçonnique. Le fascisme, qui ne tolérait pas les associations indépendantes, interdit la franc-maçonnerie. La vie des loges se poursuit clandestinement et reprend ouvertement après la Libération. Les francs-maçons ont ensuite réitéré les choix démocratiques de la Constitution, à laquelle ils sont fidèles. Les années 1980 marquent une époque dramatique : les francs-maçons étaient en effet appelés à faire face à l’infiltration clandestine de comités d’affaires et de gangs mafieux déguisés en loges maçonniques. Il s’agissait de forces qui non seulement ignoraient la profondeur des rituels et des significations symboliques, mais qui foulaient aux pieds les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité dans lesquels se reconnaît la franc-maçonnerie.

La bataille est toujours ouverte. Le secret de la vie de la loge maçonnique – ingrédient si répandu dans la littérature à sensation – indispensable dans les régimes oppressifs, n’a aucune raison d’exister aujourd’hui. En témoigne le temple de la Piazza Vittorio, ouvert aux réunions et aux débats publics, tandis que grâce à Internet, il n’existe aucun rite qui ne soit largement diffusé.

1 COMMENTAIRE

  1. Écrire: ” Le compas est la rigueur du jugement” est un contresens manifeste,quelle rigueur peut venir d’un instrument dont l’ouverture,variable,embrasse tout le cercle?

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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