De notre confrère universalfreemasonry.org – Par Kristine Wilson-Slack 33o
Après avoir servi à l’Orient, qu’est-ce qui caractérise le rôle de passé Maître ?
Avant de devenir Maître d’une Loge, située à l’Est du Temple, le Franc-Maçon peut débuter sa carrière dans un certain nombre de fonctions, selon l’Obédience maçonnique à laquelle il appartient. Dans certains Ordres, les Loges sont petites et le nouveau Franc-Maçon peut être amené à exercer plusieurs fonctions en même temps.
Dans mon ordre, mes premières années ont été remplies de travail au sol, de travail de secrétariat, de musique et d’une multitude de rôles différents. J’ai beaucoup appris sur les besoins des bureaux individuels ainsi que sur la façon dont ils fonctionnent en collaboration avec les autres. Était-ce optimal ? Cela me convenait et, même si certains pourraient ne pas être d’accord, c’était ce que nous avions. J’étais reconnaissant d’avoir eu l’occasion de servir et d’apprendre autant de choses si rapidement.
Ce service fut récompensé par la croissance de la Loge. Nous pûmes bientôt remplir les bureaux de personnes, chacune apprenant en profondeur sa position et sa place. Cela aussi eut ses trésors, car chaque membre fut bientôt capable de saisir toute l’essence du travail en commun pour une fin harmonieuse. Ce n’est que lorsque je fus installé comme deuxième de la Loge que j’envisageai de déménager à l’Est et de devoir être « responsable ». Le « deuxième » de la Loge siège à l’Ouest et est généralement appelé Gardien. La perspective terrifiante et inquiétante de devoir un jour prendre en charge les soins et l’alimentation de la Loge m’avait également rempli de questions : que ferais-je différemment ? Quels étaient mes plans ? Quel serait mon héritage ?
On dit que la Franc-Maçonnerie accélère l’évolution de l’homme. Cela signifie que les circonstances de la Loge changent et ondulent, ce qui amène l’Officier Maçonnique à se déplacer et à changer au mieux de ses capacités. Il faut noter que la Loge n’est pas le temple ou le bâtiment où les Francs-Maçons se réunissent ; c’est plutôt le corps des Francs-Maçons qui se réunissent pour des raisons rituelles. C’est le groupe, pas le lieu.
La Loge (un groupe de personnes) est donc le catalyseur de l’évaluation des individus qui en font partie. C’est du moins ce que je comprends.
En pratique, cela signifie que toute la planification du monde ne peut pas vous préparer à tout. En tant que « deuxième », je me souviens d’avoir été assis en face du Maître, que j’étais censé soutenir et aider, et d’avoir ressenti un sentiment d’agacement et de frustration :
Pourquoi fait-elle les choses de cette façon ? Pourquoi pas « de cette façon » ?
J’ai dû apprendre à décomposer et à démanteler. Cela peut être écrasant pour certains : si leur Maître s’écartait simplement, le « vrai » travail pourrait commencer. Quelle naïveté et quelle justesse, même si un peu hors de contrôle.
La première chose qui vient à l’esprit, en arrivant en Orient, c’est l’idée que vous n’étiez peut-être pas aussi bon franc-maçon que vous le pensiez. Je ne veux pas dire que vous ne savez pas comment diriger une Loge ; nous savons que cela vient avec la pratique. Certains sont nés pour diriger et trouvent leur chemin facile, tandis que d’autres doivent se frayer un chemin à travers les mauvaises herbes et la jungle pour se frayer un chemin.
Le Maître de l’Est apprend à remplir les papiers et à exécuter le rituel ; il peut être en mesure de former et d’éduquer d’autres personnes dans l’art de la franc-maçonnerie. Il y a toujours beaucoup de travail et une myriade de questions auxquelles il faut répondre. Cependant, siéger à l’Est amène à réfléchir sur sa propre carrière maçonnique jusqu’à ce point.
Comment traitaient-ils leurs anciens maîtres ? Comment répondaient-ils aux demandes d’aide émanant soit des officiers, soit de leurs confrères ? Traitaient-ils la Franc-Maçonnerie avec la révérence qu’elle mérite ?
Souvent, la réponse est que nous savons que nous aurions pu faire mieux. Certains Maîtres surcompensent et essaient d’être encore meilleurs, quoi que cela puisse signifier. Ils penchent trop loin dans un sens, un pendule qui se balance de manière incontrôlable. Ils quittent leur Loge peut-être plus chaotique qu’ils ne l’ont trouvée. Ils peuvent aussi pencher dans le sens inverse, réalisant que le travail était beaucoup plus compliqué qu’ils ne le pensaient. Ils en viennent à laisser d’autres diriger la Loge, présumant que leurs officiers connaissent leur travail, et finalement le chaos s’infiltre. Heureusement, ces deux résultats sont rares.
S’asseoir à l’Est est beaucoup plus difficile, et à certains égards plus facile, que nous le pensions. Les maîtres se montrent à la hauteur grâce à l’humilité, à la détermination, au courage et à la compassion. Ils apprennent à lâcher prise, à déléguer et à assurer le suivi. Prendre soin de vos membres contribue grandement à leur réussite. Sont-ils parfaits ? Non. Mais, en général, ils le savent. Et ils savent qu’ils peuvent toujours faire mieux.
Et puis, dans un sifflement, ils sont terminés. Terminé.
Ils siègent désormais à la gauche du Maître, l’aidant au besoin, mais ils deviennent des observateurs silencieux. Ils deviennent l’ombre et, peut-être, pour certains, ils pensent qu’ils ne sont pas utiles. Ils sentent que la Loge avance, qu’elle avance, avec un nouveau capitaine à la barre. Il est rare que le Maître reprenne son rôle d’officier dans sa propre Loge.
Dans certaines juridictions maçonniques, la maîtrise peut ne durer qu’un an, et dans d’autres, elle peut durer jusqu’à quatre ou cinq ans. Dans la plupart des cas, l’effet est le même : il y a une période de perte et de deuil pendant laquelle le maître peut ne plus se sentir aussi pertinent que la veille.
Cette position de Maître Passé Immédiat est, pour moi, celle qui se rapporte à l’apprenti, à quelqu’un qui vient d’être initié à la Franc-Maçonnerie. C’est l’octave au-dessus de l’apprenti, créant un accord d’harmonie, de relation et de continuité au sein de la Loge.
La Loge compte sept officiers réguliers et le Maître passé complète le cycle pour amener le travail au niveau supérieur. Ils se connectent à l’expérience, à l’histoire et au rituel – pour apporter des informations précises à la génération suivante.
En termes pratiques, le Past Master est la mémoire du rituel et de la procédure. Il existe certains postes au sein de la Loge qui sont idéaux pour un Past Master, certains officiers qui nécessitent cette expérience et ces connaissances pour exécuter correctement et créer une continuité.
Leurs connaissances aident le nouveau Maître à diriger les choses de manière fluide et harmonieuse. Alors que « trois personnes dirigent la Loge », le Maître passé est véritablement un « bras gauche » pour le Maître : un confident qui peut lui fournir des informations sur le passé immédiat.
Pourtant, la plupart des Loges, Districts et Juridictions ont besoin de bien plus. Ils ont besoin que les piliers des colonnes restent forts, dynamiques et actifs. Le Maître passé peut être une force stabilisatrice non seulement pour sa Loge, mais aussi peut-être pour d’autres dans la région. Il peut être un écrivain et un bâtisseur, capable de soutenir la Franc-Maçonnerie grâce à la profondeur de son expérience. Il peut contribuer à son Ordre dans son ensemble ou à un ensemble plus large de Loges s’il le souhaite.
En fait, le Passé Maître a une gamme de services plus large que jamais auparavant ; il existe un monde de la Franc-Maçonnerie qui requiert son expérience, tout comme nous avons besoin des Maîtres des métiers pour encadrer et enseigner aux nouveaux travailleurs.
La vie du Maître du Passé ne s’estompe pas, pas du tout. Au contraire, le monde devient bien plus vaste qu’il ne pourrait l’imaginer.