dim 24 novembre 2024 - 05:11

Nouveaux éléments sur l’origine de l’expression « J’ai dit » (Par Hervé Hoint-Lecoq)

Une tradition continentale fait dire à tous les maçons de tradition française à la fin de leurs interventions en Loge : « J’ai dit ! ». Pour ceux pratiquant le style Emulation ceci est incongru, puisqu’un franc-maçon anglais ne le dit jamais. Ceci ne veut rien dire pour un anglais. Cette expression provient en réalité de la traduction d’une locution latine : « dixi » qui signifie « j’ai dit » et qui est sensée clore les démonstrations dans le domaine juridique.

C’est en tout cas ce que d’illustres commentateurs affirment depuis deux siècles.

Or, si cette locution latine n’a absolument aucun sens pour un franc-maçon Anglais, elle ne devrait en avoir aucun non plus pour un(e) franc-maçon(ne) français(e). Nous allons ainsi le voir, cet usage repose en réalité sur le détournement d’une expression du théâtre comique classique pour se moquer d’une personne grotesque de fatuité. Et rien d’autre.

On pourrait alors opposer que cette théorie puisse être troublante, curieuse, farfelue, voire fausse, puisque voici deux siècles que nous lisons ou entendons que si les francs-maçons disent « j’ai dit » c’est parce qu’ils ont repris l’expression des juristes souhaitant clore une joute oratoire en montrant qu’ils ont développé tous les arguments possibles.

Pourtant, comme vous allez le voir, au terme de l’enquête proposée ci-dessous, de très sérieux doutes viendront assombrir cette théorie et proposer une nouvelle vision du terme.

Toutefois, affirmons-le tout d’abord, dans le domaine de la recherche historique en général et maçonnique en particulier, celles et ceux qui cherchent à démontrer leurs théories ont généralement tort.

Ici, faisons ensemble l’inverse, et tentons de prouver que nous avons tort. Effectuons alors un travail de recherche pour tirer ensemble les conclusions qui s’imposent.

Commençons par chercher le sens de « dixi ».

Ce terme n’est tout d’abord utilisé qu’en France. Il ne fait ainsi pas partie du langage anglais. En effet, la langue anglaise populaire donne au mot « dixi » deux sens : la plus mignonne petite fille au monde, ou bien une fille de petite joie dévoreuse d’hommes (pour ne pas dire un autre mot).

L’Oxford Latin Dictionary et le Gaffiot ne reconnaissent d’ailleurs pas le mot en lui-même, mais uniquement sa conjugaison (dico, dicere, dixi, dictus)[1].

En réalité, cette expression provient de l’usage d’une conjugaison latine de « dīcō »[2] (montrer par la parole) à la 3è conjugaison du 1er type à la 1ère personne du singulier du parfait de l’indicatif actif) sous la forme « dīxī» et qui signifie « j’ai dit ».

En faisant quelques recherches sur Internet, vous découvrirez pourtant de nombreux sites, plus ou moins sérieux, vous énonçant doctement que ceci concluait un argumentaire ou une démonstration en montrant que celui qui parlait avait totalement développé son point de vue et n’avait plus rien à en dire[3].

N’y a-t-il pas ici un effet Wikipedia[4], où, voyant ceci s’afficher comme explication, divers auteurs de sites web ont religieusement recopié la définition ?

Rien n’est moins sûr.

La probable origine de ce que l’on trouve sur Internet concernant l’origine de cette expression provient très probablement d’un pillage non sourcé d’un morceau d’un article de Roger Dachez sur diverses expressions maçonniques[5].

En effet, Roger DACHEZ s’interessant à diverses expressions, évoque ici, l’utilisation de ce « J’ai dit » qui provient bien de la propagation de la croyance des francs-maçons de l’époque en la résurrection d’une locution latine associée aux préteurs (avocats).

Etant des latinistes et des hellénistes par éducations, ceux-ci citaient alors les manuels de latin qui énonçaient très probablement cela à l’envie, et transmettaient, par effet miroir, l’usage aux jeunes apprentis qui, eux-mêmes, se mettaient alors à enseigner cet usage en Loge.

Pourtant, au fil de nombreuses recherches sur des sites tels que Gallica, Medica, Cairn, et bien d’autres, mais aussi en cherchant dans le domaine de l’oratio ou de la disputatio, aucun document ne se révèle où un quelconque juriste, avocat, ou bien même préteur de la Rome antique ne prononce « Dixi » ou « dīxi » pour clore son argumentation.

Ceci est troublant. Tout le monde l’affirme, mais personne n’a de preuves.

D’une part, deux cents ans de francs-maçons prononcent une expression en pensant suivre une tradition antique illustre, d’autre part, aucun texte ne vient le corroborer.

Pourtant, l’absence de preuve n’étant pas une preuve, cherchons alors d’où peut provenir cette affirmation. Lisons alors : Mœurs juridiques et judiciaires de l’ancienne Rome, d’après les poëtes latins d’Henriot qui déclare en 1865 : « Cette terminaison si désirée d’une interminable plaidoirie s’annonçait, on le sait, par le mot dixi, que prononçait l’avocat lui-même lorsqu’il jugeait à propos d’en finir. Cette formule était souvent employée par les comiques, quand ils faisaient parler des avocats ou des plaideurs discutant l’un contre l’autre. Ainsi, dans cette consultation de jurisconsultes que j’ai rapportée au commencement de la présente section, celui qui le premier émet son avis le termine, après l’avoir énoncé, par la formule dixi 

Et id impetrabis.Dixi…… (Phormio) »

Térence la reproduit dans ce passage, où deux personnages en contestation sur une question litigieuse finissent tous deux leur discussion par le même mot dixi :

…… Nisi tu properas milierem

Abducere, ego illam ejiciam. Dixi, Phormio.

  • Si tu illam adtigeris scecus quam dignum est liberam,

Dicam tibi impingam grandem. Dixi, Demipho (Phormion, II, 3). [6].

Ainsi, effectivement, l’auteur nous cite ici deux passages en latin sensé donner une preuve absolument irréfutable que les avocats terminaient leurs argumentations par le terme « Dixi » !

Or, ces passages sont extraits, non pas d’un traité juridique, non pas de mémoires ou bien d’un quelconque essai, mais d’une comédie. Il s’agit d’un passage des Comédies de Terence (auteur né à Carthage aux environs de 190 et mort à Rome), et plus précisément de Phormio à l’Acte II scène III [7](« Phormion » en français) qui est une pièce comique se passant à Athènes autour d’une intrigue amoureuse sur fond de dots que de jeunes amoureux doivent fournir pour leur mariage avec tout un contexte judiciaire[8].

Mais en lisant Terence, ce qui saute tout d’abord aux yeux, c’est que cette fameuse locution « Dixi » ne clôt absolument pas l’argumentation ! Le mot apparait en effet dans la scène III en plein milieu de la discussion.

Il n’y a donc aucune clôture de discussion d’aucune sorte. Mais Henriot dans son ouvrage continue :

« Nous la retrouvons encore dans le fragment suivant du Mercator de Plaute : « Avez-vous enfin tout dit ? demande-t-on à un parleur qui discourait longuement -Oui, répond celui-ci, j’ai dit : »

Jamm disitri ? – Dixi. 

Il est probable que plus d’un juge interpellait de la sorte les avocats plaidant à sa barre, afin d’entendre prononcer au plus tôt par le praeco le bienheureux mot dixerunt, autre formule, qui notifiait aux assistants que les plaidoiries avaient pris fin ».

                Voici donc une deuxième source possible, et en provenance de Plaute. Toutefois, l’auteur précise « Il est probable ». Notez la précaution.

                Précaution utile, car Plaute est, aussi, un poète comique !

Cette citation s’avère donc bien mince, car ce mot n’apparait qu’une seule fois dans l’intégralité de la pièce de cette manière, sans d’ailleurs avoir aucune des intentions qu’Henriot signale.

Qu’avons-nous alors ? Deux comiques utilisant un ressort afin de faire rire ?

Pour l’un oui, pour l’autre moins. Car pour Plaute, en reprenant le texte original, on constate que ceci n’a absolument pas le sens exprimé. Eutychus est en effet en train de déposer son témoignage, et Charinus lui demande alors s’il a tout dit, dans le sens « n’avez-vous rien caché ? ». La réponse est donc logiquement de reprendre la question et de dire « j’ai dit » dans le sens de « j’ai toujours dit et n’ai rien caché »[9].

Ceci change totalement le sens de l’intervention et déconstruit absolument la théorie d’une expression usitée par tous les juristes et les orateurs antiques pour terminer une déclaration.

Ainsi, à moins qu’un latiniste chevronné ne vienne nous citer moult autres références, ce que nous appelons de nos vœux pour le bien de la connaissance maçonnique, il n’y a aucune trace dans des textes latins connus d’autres exemples que dans ces deux comédies de ce mot de 4 lettres.

Aucune.

Tout laisse à penser qu’il ne s’agit ici non pas d’une habitude oratoire de la Rome Antique, mais bien d’une satire d’auteur comique et d’un hapax d’un autre. Car, bien sûr que les préteurs (avocats) latins utilisait le mot « dixi » puisqu’il signifiait « comme j’ai dit », mais uniquement dans le cours d’une phrase comme nous dirions-nous même « comme je viens de le dire », et bien malin serait celui qui nous citerait d’autres références hors de la satire où une argumentation se terminait par « dixi ».

En tout cas qu’aucun latiniste n’hésite à se faire connaître s’il possède de nouvelles preuves. 

Mais alors, pourquoi Henriot affirme-t-il cela ? Quelle est la source de son interprétation erronée ?

Un indice se trouve peut-être dans les Mémoires de Littérature, tirés des registres de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres, tome 41[10]. Parlant d’un concept de droit juridique romain, l’action publicienne (du préteur Publicius qui trouva une méthode pour revendiquer la possession d’une chose), les Mémoires déclarent :

« La dénomination de Publicienne tire son origine du Préteur Publicius, qui fut l’inventeur de ces deux fictions. Pighius nous apprend qu’un certain Q. Publicius fut Préteur du temps de Cicéron, conjointement avec M. Junius; & l’orateur Romain en parle. Jean Bertrand, premier Président du Parlement de Toulouse sous Henri III, & auteur des Vies des anciens Jurisconsultes , infère du paílage de Cicéron, que ce Q. Publicius est l’inventeur de l’action Publicienne ; mais on ne peut douter qu’elle ne soit plus ancienne que ce Préteur, puisque Térence fait mention de l’action Rescisoire dans ces vers du Phormion , qu’il met dans la bouche de Cratinus, Avocat & un des Interlocuteurs : ,

Ego, quoe in rem tuam sint, ea velim facìas. Mihi

Sic hoc videtur: quòd te absente hic filius

Égit, rejlitui in integrum eequum est et bonum;

Et id impetrabis. Dixi. »

            Et voici probablement d’où provint l’interprétation erronée.

            Car Henriot ne devait pas connaître Terence dans le texte, pas plus que ses contemporains, ou, tout de moins, s’ils le connaissaient, ignoraient qu’il s’agissait d’un auteur comique.

            Voyant cet extrait cité doctement dans un passage si complet et si juridique, Henriot, et ses contemporains, durent lire entre les lignes une prétendue habitude de clore une argumentation par le terme Dixi.

            Et l’invention se fit loi.

            L’ouvrage d’Henriot, Mœurs juridiques et judiciaires de l’ancienne Rome, dut avoir un succès dans le domaine des hommes de robes, en témoigne le fait que l’édition de 1865 que nous citons ainsi est déjà la réédition de la version de 1858, et que, depuis lors, il apparait dans de nombreuses bibliographies à travers le monde[11].

            Mais ne peut-on pas trouver tout de même quelque référence, quelque part, où quelqu’un terminerait son argumentation par un « Dixi » ne souffrant d’aucune suite ?

            Et bien oui !

Il existe, à notre connaissance, deux autres références à l’utilisation de la locution « Dixi » comme signification d’une clôture de phrase dans une œuvre française. Hélas pour la contradiction de notre   démonstration, une fois encore, il s’agit… de comédies !

Plus précisément, pour la première dans une comédie-ballet de Molière ! A savoir « Monsieur de Pourceaugnac »[12] et non pas dans la bouche d’un avocat, mais d’un médecin.

Figure 1 Illustration tirée de Monsieur de Pourceaugnac

Là où ceci est troublant, c’est que Molière lisait les auteurs classiques. Notamment… Terence, Qui lui inspira ainsi les Fourberies de Scapin !

Ainsi, dans la pièce Monsieur de Pourceaugnac, présentée au château de Chambord pour divertir le roi de France le 6 octobre 1669 et en public au théâtre du Palais Royal le 15 novembre 1669, à l’issue d’une longue tirade entre deux médecins, pour clore son argumentation pédante le premier médecin déclare alors : « Dixi »[13].

Ce à quoi le second médecin lui répond : « À Dieu ne plaise, Monsieur, qu’il me tombe en pensée d’ajouter rien à ce que vous venez de dire : vous avez si bien discouru sur tous les signes, les symptômes et les causes de la maladie de Monsieur ; le raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau, qu’il est impossible qu’il ne soit pas fou, et mélancolique hypocondriaque ; et quand il ne le serait pas, il faudrait qu’il le devînt, pour la beauté des choses que vous avez dites, et la justesse du raisonnement que vous avez fait. »

Il s’agit alors d’une expression utilisée par dérision pour ce médecin un peu fat qui cherche à clore la conversation par une locution latine sèche.

Mais avec le temps, la satire s’est probablement confondue avec la réalité, d’aucuns se sentant savants ont répété l’expression, celle-ci est alors entrée dans l’usage.

Vint alors la deuxième référence trouvée dans le domaine de la comédie, à savoir « Dixi !, comédie en trois actes et en vers » d’un certain Emile VALENTIN dit « Godefroid »[14] en 1906[15].

C’est ainsi que d’une expression pour montrer la fatuité d’un personnage, est née une habitude formelle du discours juridique et protocolaire que les francs-maçons français, probablement influencés par leurs membres portant la robe, ont introduit en Loge pour montrer la noblesse de leur argumentation.

Résumons ainsi, dans le dernier quart du XVIIIès, les Lettrés redécouvrent des auteurs classiques tels que Terence (en 1669 c’est la 7è réédition de ses Comédies). Molière, lecteur de Terence, utilise cette locution pour se moquer d’un médecin un peu fat.

100 ans plus tard, sans que ceci n’ait de lien avec la clôture d’une discussion, un extrait de Terence est utilisé pour justifier un concept juridique dans un mémoire d’une Académie Royale.

30 ans plus tard, un ouvrage de référence affirme que : « on le sait, par le mot dixi, que prononçait l’avocat lui-même lorsqu’il jugeait à propos d’en finir. ».  Celui-ci affirme cela sans aucune source, sans aucune preuve, uniquement le fait que tout le monde est sensé le savoir.

Et tout le monde prend alors le parti de le savoir ! Puisque tout le monde est déjà sensé le savoir. Ainsi, la locution entre dans le vocabulaire formel juridique, à tel point qu’Eugène Sue le fait dire à Rodolphe dans les Mystères de Paris [16], chez Prosper Mérimée[17], ou bien encore chez le Bibliophile Jacob[18] .

                Ayons donc une pensée émue pour tous ces francs-maçons français qui déclarent « J’ai dit » à la fin de chacune de leur intervention en Loge, sans savoir probablement que la seule chose qu’il déclarent alors est une preuve de fatuité.

                Je n’ai pas dit.

Figure 2 Extrait de Phormion de Terence

Pistes à explorer mais peu probantes

Aidons les maçon(ne)s à retrouver la première occurrence de cette expression en Loge.

Si vous avez accès à des archives de Loges (Grand Orient par exemple) avec des travaux où « j’ai dit » apparait, je serai ravi de suivre votre recherche.

Ps : si vous n’êtes pas d’accord avec mon analyse, j’en serai aussi ravi, car la recherche historique c’est ça. Débattre et se confronter aux sources.

Pour autant, jamais personne n’avait cherché à trouver des sources puisque la question semblait entendue (c’est aussi le souci de la recherche historique. Une source reprend une autre, puis une autre le refait, et au final quand on voit 10 fois la même chose on se dit que c’est vrai. Alors qu’en cherchant la source primordiale, parfois on peut avoir des surprises).

Si ce travail aura permis de le faire, merci de nous apprendre des choses pour le bien de tous.

Vous pouvez me contacter à herve@frenchfreemason.fr

En attendant, voici diverses notes pour continuer la recherche (en vrac)

Labbé

J’ai donc compulsé les vieux latinistes allemands et tous – ceux que j’ai consultés!-  considèrent que les anciens orateurs terminaient généralement, à partir de Ciceron, leurs discours par “Dixi”, terme rarement conservé à l’écrit ( Corsen, Kritische Beiträge zur lateinischen Lehre, 1830; par exemple; Die katholische Kanzelrede (art du prêche) indique en 1860 qu’il est parfois d’un bel effet de terminer sa contribution par un DIXI, comme les Romains!). Au tout nouveau parlement allemand de 1849, un député clôt son discours par : ” Dixi et salvavi animam meam” etc.  

Corssen, Kritische Beiträge zur lateinischen Formenlehre, 1863 ; rééed. chez B. G. Teubner, Leipzig, en 1866

Weshalb aber das aus – fui entstandene Suffix – vi in ama – vi nicht geeignet sein soll die abgschlossene Handlung zu bezeichnen, vermag ich nicht einzusehen. Wenn fui bedeutet “ich bin liebend geworden”, die Thätigkeit  der Liebe ist erfullt, vollendet. Aus dem Begriff der Vollendung erwachst dann auch die Vorstellung der Beendigung, des Authorens der Thätigkeit. Wenn der Römische Redner dixi sagte, so war die Thätigkeit seines Redens erfullt, vollendet und somit auch beendet, abgeschlossen. Dass das Perfectsuffix – vi aber in der That aus – fui entstanden ist, lasst sich unwiderleglich erveisen

Cependant, je ne vois pas pourquoi le suffixe-vi apparu dans ama-vi ne convient pas pour décrire la parcelle terminée. Lorsque fui signifie “je suis devenu aimant”, l’activité de l’amour est accomplie, perfectionnée. De la notion de perfection naît alors également l’idée de terminaison, l’auteur de l’activité. Lorsque l’orateur romain dixi a déclaré, l’activité de son discours était accomplie, achevée et donc terminée. Cependant, le fait que le suffixe parfait – vi ait réellement vu le jour est irréfutable

Joseph Chevassu[19], Missionnaire paroissial. Prones pour tous les dimanches de l’année, de 1761, cité en 1856 dans Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier et du second ordre et collection intégrale, ou choisie, de la plupart des orateurs du troisième ordre, de Jacques-Paul Migne

Prône XXXIX Pour le onzième Dimanche après la Pentecôte.

Conclusion. – Dixi : Custodiam vias meas, ut non delinquam in lingua mea (Psal XXXVIII, 2.) Voici donc mes frères le fruit que je vous prie de tirer de ce discours. Dixi : C’en est fait j’ai dit en moi-même, j’observerai avec soin mes voies afin de ne plus pécher par ma langue el je prends la résolution de ne plus médire. Dixi : Je comprends quelle est la malice de ce péché, quelles en sont les suites et le danger qu’il ya d’y tomber ; c’est pourquoi je ferai mes efforts pour l’éviter. Dixi : custodiam vias meas je me tiendrai sur mes gardes ; j’observerai toutes mes démarches afin de ne plus me trouver dans la compagnie des médisants et de ne plus avoir de commerce avec eux : Custodiam via meas. S’il arrive quelquefois que je me rencontre avec eux je fermerai les oreilles à leurs discours et je suivrai cet avis du Sage Sepi aures tuas spinis linguam nequam noli audire (Ecc XXVIII, 28.) Ce n’est pas assez je reprendrai les médisants et je leur ferai connaître que je ne prends aucune part à leurs discours : Ut non delinquam in linguu mea. Quand on parlera mal de moi je ne rendrai point médisances pour médisances injures pour injures ; mais je me tairai, je souffrirai le tort qu’on me fera en esprjt de pénitence pour l’expiation de mes péchés et dans un esprit de conformité avec Jésus Christ dont je dois imiter la patience : Ut non delinquam in lingua mea et comme il est rare de parler beaucoup sans offenser Dieu ainsi que l’Ecriture nous en avertit : Inmul tiloquio non deerit peccatum (Prov X, 19), je retrancherai de mes entretiens autant qu’il me sera possible tout ce que j’y trouverai de superflu ; Dixi : custodiam etc Entrez mes frères dans ces saintes dispositions et par là vous éviterez la médisance et vous mériterez par la sagesse de vos discours de louer et bénir Dieu éternellement. Amen.

Les citations de Dixi sont de la vulgate, mais bidouillées par Chevassu qui invente des « : », ou en avait dans sa version…

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Psalm_38,_Dixi_custodiam_vias_meas,_ut_non_delinquam_in_lingua_mea,_man_on_a_roof_(David%3F)_with_a_banner_-_Psalter_of_Eleanor_of_Aquitaine_(ca._1185)_-_KB_76_F_13,_folium_062v.jpg

https://studybible.info/Clementine_Vulgate/Psalms%2038:1

http://vulsearch.sourceforge.net/index.html


[1] https://archive.org/details/OxfordLatinDictionary_201708/page/n557

[2] https://www.gaffiot.org/45021

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_locutions_latines_commen%C3%A7ant_par_D#Loc-Dixi

[4] https://en.wikipedia.org/wiki/Dixi

[5] http://pierresvivantes.hautetfort.com/archive/2014/11/23/mes-soeurs-et-mes-freres-en-vos-grades-et-qualite-apres-cett-5495729.html

[6] Claude-Eugène HENRIOT, Moeurs juridiques et judiciaires de l’ancienne Rome, d’après les poëtes latins. Tome 3, 1865

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56988628/f137.image.texteImage

[7]https://books.google.co.uk/books?id=5U1DAAAAYAAJ&pg=PA171&lpg=PA171&dq=et+id+impetrabis&source=bl&ots=RlCDg8Ek9f&sig=ACfU3U1baUf5Xbc5lmB9ud6eEytSNKopvA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi46dy7td7iAhWl3OAKHUptDrwQ6AEwAHoECAIQAQ#v=onepage&q=et%20id%20impetrabis&f=false

[8] Un bon résumé se trouve ici : http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Terence/phormionintro.htm

[9] http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Plaute/mercator.htm

[10] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57261362/f126.item.r=dixi

[11] David Johnston, The Cambridge Companion to Roman Law, 2015

[12] http://www.toutmoliere.net/acte-1,405480.html#nh51

[13] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6180030s/f9.item.r=Dixi PREMIER MÉDECIN.- Comme ainsi soit qu’on ne puisse guérir une maladie […] Voilà les remèdes que j’imagine, auxquels pourront être ajoutés beaucoup d’autres meilleurs par Monsieur notre maître et ancien, suivant l’expérience, jugement, lumière et suffisance qu’il s’est acquise dans notre art. Dixi

[14] Biographie de l’Acédémie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, p82 : http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFBiographieNationaleTome2074.pdf

[15] https://archive.org/details/dixicomdieentr00valeuoft

[16] « En foi de quoi, messieurs les jurés, livrez-moi lestement cette scélérate au bourreau et vous ferez acte de citoyens vertueux, indépendants, fermes, éclairés. Dixi. »

[17] « Par reconnaissance, je lui proposai de s’évader avec moi. Thomaso refusa, me dit qu’il était sûr de son affaire, que l’avocat Barricini l’avait recommandé à tous les juges, qu’il sortirait de là blanc comme neige et avec de l’argent dans sa poche. Quant à moi, je crus devoir prendre l’air. Dixi. »

[18] « Emportons ce trésor tant joliet, tant cher et adoré; en parts égales divisons-le, et que chacun le dépense à sa fantaisie, à la plus grande gloire de l’Université. Dixi »

[19] https://data.bnf.fr/fr/10565413/joseph_chevassu/

3 Commentaires

  1. Merci Hervé Mon TCF , de partager tout ce savoir dans une belle langue “bien tournée” irisée de pointes d’humour. J’ai, pour ma part rencontrer ce : “j’ai dit” dans des lieux, ailleurs, d’expressions de la parole singulière. Pour ma part ce “j’ai dit” que je prononce en loge avec le signe “qui -va-bien” ne signifie jamais que ce que je viens de dire est parfait. Ce “j’ai dit” signifie que j ‘ai fini de parler et que je laisse la place aux suivants. J’aime cette expression car elle illustre ce à quoi nous tenons : la libre parole et la parole de tous. J’ai dit

  2. Sans doute plus proche de la Franc-Maçonnerie , le ” J’AI DIT” clôturait les harangues de certains prédicateurs protestants du XVIIème siècle. C’était sans doute pour affirmer l’AUTORITE de leur PAROLE qu’ils présentaient probablement comme Parole de Vérité.

  3. Mon TCF,
    Je te félicite pour cette docte étude superbement documentée.
    Je me permets fraternellement de signaler (après accord du F Chatgpt) qu’il faut écrire “à l’envi” et non “à l’envie”.
    J’ai dit !

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