La pensée occidentale s’appuie sur un vieux principe hérité de l’époque romaine : la comparaison !
Au quotidien, elle nous rend bien des services. Mais lorsqu’il s’agit de la Franc-maçonnerie, il s’agirait plutôt d’un réflexe parasite qu’il faut éliminer au plus vite de nos habitudes. Je m’explique !
Dans le monde profane, la comparaison est un rapport d’analogie qui permet de situer un comparé et un comparant, afin de leur attribuer une valeur et permettre ainsi de les positionner… parfois pour s’informer mais aussi très souvent pour se rassurer.
Dans le monde maçonnique, univers sacré par excellence, chaque adepte s’efforce de « rassembler ce qui est épars ». Il n’y a donc aucune place à la division, à la discrimination, à la séparation… ou à la comparaison. Tout doit se réunir pour atteindre l’unité.
Avouez que dans une société de compétition et d’excellence ou le mot d’ordre est : « gagner », il n’est pas aisé de maîtriser ce concept. Pour ceux qui douteraient encore du postulat de non séparation en Loge, il ne vous aura pas échappé que chez les porteurs de tablier, il n’existe pas un Dieu et un Diable avec pour mission ultime de faire un choix entre les deux afin de rejoindre le paradis ou l’enfer. Chez nous il y a un concept assez élaboré qui permet de sortir de cette dualité manichéenne : il se nomme : « ternaire ».
Les exemples foisonnent : pas question de sacrifier le noir ou le blanc du pavé, on prend le joint intermédiaire et hop le problème est réglé. Idem avec la Lune et le Soleil, c’est le Maître de la Loge qui fait office de 3ème élément. Il en est de même entre le Maître des Cérémonies qui tire avec sa canne et l’expert qui pousse avec son épée, les deux sont harmonisés par le maçon qui se trouve au centre durant les déplacements. La liste pourrait être longue des ternaires observables dans nos Rituels.
Partant de ce postulat, de nombreuses questions se posent. La première que je porte à votre attention est :
- « Comment un maçon peut-il s’impliquer activement dans une discussion sociétale dualiste ? »
J’avoue ne pas avoir de réponse à cette énigme !!!
La solution logique et évidente consisterait pour le maçon à proposer une troisième voie intermédiaire sans entrer dans le débat.
L’autre question qui me taraude concerne la religion :
- « Comment être le dimanche dans la foi d’un Dieu et le lundi soir en Tenue dans le doute, propre à la Franc-maçonnerie ? »
Puisque les questions sont chez nous plus importantes que les réponses, je vais continuer sur ma lancée :
- « Comment certains maçons peuvent-ils demeurer dans la discrimination des genres en Loge (masculin / féminin) ou encore l’éternel choix des maçons régulier et des Loges dites sauvages pour les autres. »
Tout cela n’est-il pas contre-nature chez nous ?
Vous vous doutez bien que je n’ai pas de réponse à ces questions. J’en ai toutefois une concernant ma réflexion globale. Je me suis réveillé un matin en prenant conscience qu’on est tous l’idiot de quelqu’un d’autre. A vouloir séparer le monde sacré du monde profane, ou encore les bons maçons des mauvais maçons, on finit par ressembler à ceux qu’on fustige. J’ai donc décidé qu’il n’y avait plus de séparation là non plus et je me suis souvenu d’un enseignement bouddhiste.
Ce vieux Maître sans tablier prenait l’exemple du lotus. Il disait que le lotus pousse toujours dans une eau boueuse. Il y a donc le beau lotus au dessus et la vilaine boue au dessous. Si on veut nettoyer la boue, on tue de facto le lotus. Et ce jour là, j’ai compris qu’il n’y avait pas de bon et de mauvais maçons, nous sommes tous les porteurs d’une forme de ternaire des 2 éléments réunis.
Depuis ce jour là, je dois vous avouer que mes travaux sont devenus nettement plus sereins.
A bientôt et prenez soin de votre Lotus et de ce qui l’entoure.
Franck Fouqueray