Du site expartibus.it – Depuis Rosmunda Cristiano
« Ce qui arrive aux vrais sages, c’est ce qui arrive aux épis de blé : ils se lèvent et lèvent la tête droite et fière, jusqu’à ce qu’ils soient vides, mais quand ils sont pleins de grains, ils commencent à s’humilier et à baisser la tête. »
Michel de Montaigne
Tout revient toujours, même si la forme change, cela ne veut pas dire que le sens ne change pas.
Le solstice d’été est arrivé récemment : le soleil s’est arrêté, d’autres portes se sont ouvertes, vers la nouvelle saison, nous assistons à la renaissance de la nature, qui est en pleine floraison, dans sa magnificence.
- Le soleil a vaincu les ténèbres.
- Le bien triomphe du mal.
Pour les francs-maçons, c’est l’heure du repos physique, c’est l’heure de ranger le tablier et d’embuer les portes du Temple. Il est temps de faire le point, de faire des constats, de faire le point sur le travail effectué.
Parler du « Chaos », compris comme un « générateur » d’Ordre, pour redonner de l’Espoir à ces Frères et Sœurs.
Quand je pense au franc-maçon, je l’entends comme un observateur attentif et un étudiant passionné des phénomènes qui le touchent.
Naître, mûrir, porter du fruit, mourir, recommencer, sont des concepts inhérents à la logique d’un franc-maçon, celle du « toujours recommencer », qui permet de prolonger la vie sur cette Terre dans le temps. C’est le raisonnement qui a permis à la franc-maçonnerie d’arriver jusqu’à nos jours.
En juin, après le solstice, c’est la récolte, le blé est lié à la nouvelle saison. Et si on implémentait la logique du grain de blé dans la Franc-maçonnerie, qui meurt pour donner la vie et la donner en abondance ?
Il faut savoir se sacrifier, il faut savoir donner pour avoir une nouvelle réalité.
Dans le monde initiatique il existe un temps suspendu, entre ancien et moderne, fait du bruissement du Vent, de la chaleur de la Terre, du Feu brûlant et de l’Eau qui coule.
Parmi la multitude de symboles, comme jamais auparavant, il y en a un qui ressort avant tout, de sagesse et de prospérité, qui ne se fanera jamais dans le monde ésotérique : les épis de blé.
Ceux-ci se dressent fièrement dans les champs, offrant une ode au temps qui passe, mais représentant en même temps la cyclicité éternelle de la nature. Ils se laissent bercer par le vent, donnent vie à une symphonie céleste et racontent des histoires de graines jetées sur la terre, des secrets de vie et d’espoir.
Si nous voyions la franc-maçonnerie comme un champ immense et doré d’épis de blé, comme un reflet du passé et une continuation du futur, comme une représentation du cycle sans fin des semailles et des récoltes, nous réaliserions que chaque épi de blé, chaque grain est unique, mais il appartient « à un tout », exactement comme les francs-maçons, qui, avec leur unicité et leur diversité, mais unis par la même racine qui s’enfonce dans cette Terre qui nourrit leur cœur, sont la représentation du force de la « Communauté », d’être ensemble, de partager.
L’épi de blé contient la mémoire de ceux qui l’ont cultivé, gardant ses secrets. Sa beauté réside dans sa profonde simplicité, elle nous rappelle que la vraie richesse se trouve dans les gestes simples de la vie et dans ce caractère essentiel des choses que l’on néglige souvent.
Si nous comprenions la franc-maçonnerie comme un épi de blé, comme un symbole éternel de fertilité et de résilience, comme un rappel du passé qui nous rappelle de respecter la Terre avec ses règles et son cycle sans fin, nous vivrions en parfaite harmonie.
Si nous, francs-maçons, dans ce monde qui continue d’évoluer, prenions comme exemple les épis de blé, qui parviennent à rester inchangés dans leur étreinte, témoins silencieux d’un passé qui continue de nourrir le présent et, en même temps, parvient à éclairer même l’avenir incertain ; si nous nous souvenions qu’il y a un temps pour semer et un temps pour récolter et ne pas interférer dans le processus par lequel la graine germe, grandit et porte ses fruits, et que nous gardions à l’esprit qu’il y a un temps pour agir, mais il est là c’est aussi une période de « ne pas agir », jusqu’où pourrions-nous aller ?
Il y a une période d’inactivité qui est nécessaire pour que la graine pousse toute seule, sans l’intervention du « paysan », car il y a un événement qu’il ne peut déterminer : s’il dort ou s’il se lève. Une condition nécessaire à la maturation du fruit est donc l’inaction, sans forcer les temps de croissance.
Cette inactivité est remplie de cette action interne qui est l’attention et de cette action spirituelle qui est la patience. Le Maître Maçon est appelé au premier, à la vigilance de ceux qui doivent être prêts à saisir le moment où le fruit est mûr pour être récolté :
« Quand le fruit est mûr, envoyez immédiatement la faucille, car la récolte est arrivée. »
Marc 4:26-29.
C’est une suggestion d’une manière de travailler qui est la non-action, soutenant un processus, accompagnant la maturation sans forcer son timing ; les épis pleins de grains mûriront et plieront la tête sous le poids, les épis vides conserveront leur aspect fier, mais ne porteront pas le fruit attendu.
C’est aussi ce que nous enseigne la franc-maçonnerie : l’art fatigant de ne pas agir, de freiner notre impatience, de s’arracher à la logique de contrôle qui nous séduit tant, de s’abstenir de vouloir intervenir directement, empêchant la possibilité du la terre de porter du fruit dans sa propre mesure.
La confiance est la non-action qui permet à l’autre de trouver la force et la possibilité d’agir, ou plutôt de grandir, de devenir, d’être.
D’être lui-même le sujet de sa vie, pas nous pour lui et à sa place :
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il produit beaucoup de fruits. »
Jean 12:24-26
L’épi de maïs est un grand symbole : c’est la vie elle-même. C’était l’emblème d’Osiris, le dieu mort et ressuscité, et, dans l’Égypte ancienne, il représentait le cycle de la mort et de la renaissance. L’épi contient le grain sous une double forme, comme symbole qui nourrit, meurt et renaît.
J’invite le Frère à s’identifier à la logique de la graine, à partir du moment où il a pris conscience d’être venu dans ce monde pour laisser une marque, conscient que cette graine, si elle trouve le bon terrain, produira beaucoup de fruits.
Nous pouvons choisir de ne pas grandir, de vivre une existence qui est une mort lente. Nous avons ici deux formes de mort : la peur du changement de soi, qui nous fait rester seuls, et qui est la vraie mort, la stérilité ; l’acceptation du changement de soi, qui est au contraire la mort féconde de ceux qui, en choisissant de changer, s’ouvrent à la vie et portent du fruit
Le grain déjà né n’est jamais perdu.
“Remplis les épis s’inclinent humblement et les vides ont la tête orgueilleuse
…
Mais l’homme d’honneur est, à chaque fois, comme un rameau
Chaque fois qu’il porte un fruit, il s’humilie et s’incline.”
El Moutanabbi (915-965)
En effet :”Tout revient toujours, même si la forme change, cela ne veut pas dire que le sens ne change pas.”
A travers le temps et l’espace, l’esprit est un.
Suivant des étapes alchimiques le grain plonge dans les profondeurs de la terre pour renaitre à la verticale afin de rejoindre le rayon de Lumière vers laquelle nous aspirons tous.
Très bel article du site italien dont le but est de nous rappeler d’où nous venons vers où nous allons.