De notre confrère ouest-france.fr – Par Jean-Marie CUNIN – Photo : Stéphane GEUFROI
Chaque année, des artisans voulant se perfectionner se lancent dans le « Tour de France » pour apprendre des savoirs parfois ancestraux. Rencontre avec quelques-uns de ses Compagnons dans leur centre de formation en région parisienne.
« Ni se servir ni asservir, mais servir. » Ce message, inscrit au feutre noir sur un tableau métallique, donne le ton. Dans ce centre de formation, situé à Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne), de nombreux apprentis découvrent ou se perfectionnent dans les métiers manuels. Y règne une ambiance studieuse, à la fois stricte et joyeuse. Entre les salles de classe, les ateliers et le réfectoire, on y croise aussi quelques Compagnons du Tour de France, dont la devise surplombe des photos de buste romain.
Dans l’un des ateliers, s’affaire Ilona, 18 ans, qui prépare un CAP en peinture, et ne souhaite pas se lancer sur le Tour. Abdoul et Seydou, qui se forment en menuiserie, non plus. Les perspectives de la vie en groupe, de l’éloignement familial et du changement incessant de ville, conjuguées à une charge de travail très conséquente, freinent de nombreux apprenants.
Noé Gaillard, yeux bleus et voix assurée pour ses 22 ans, arrive, lui, à la fin de son Tour commencé en 2018. Les Compagnons du devoir regroupent six métiers liés à la construction : menuisier, couvreur, peintre, tailleurs de pierre… auxquels s’ajoutent curieusement les boulangers-pâtissiers. Un diplômé qui souhaite se perfectionner peut postuler au Tour, et s’il est admis, le voici lancé dans un long périple : il va changer de ville chaque année, pendant environ six ans.
XIIIe siècle
Formateur depuis septembre 2022 à Saint-Thibault-des-Vignes, Noé Gaillard devra encore changer de ville une fois avant d’achever son Tour. Direction ensuite Tahiti, pour travailler chez un autre Compagnon. Vivre en communauté demande des efforts, mais parcourir la France permet de s’ouvrir au monde extérieur.
Une immersion qui passe par l’apprentissage des techniques régionales, l’un des objectifs de ce mode particulier de formation.
La transmission de ces savoirs parfois ancestraux est l’un des piliers du Tour. Le métier de couvreur n’a plus trop évolué depuis 1929, à part un peu les matériaux.
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