sam 23 novembre 2024 - 06:11

L’Obélisque de Port-Vendres, est-il d’origine maçonnique ?

De notre confrère francebleu.fr Par Sébastien Giraud et Hélène Legrais

A l’occasion du bicentenaire de Port-Vendres, on est au cœur de cette commune de la Côte Vermeille connue pour son port, pour son obélisque aussi. On retrace son histoire avec Hélène Legrais.

Vous avez votre truelle ? Nous sommes le 28 septembre 1780 et nous allons poser la première pierre de l’obélisque de Port-Vendres.

Il y a du beau monde, comme toujours quand c’est le Comte de Mailly qui organise. Il aime le faste, le luxe, les honneurs. Il a chargé l’architecte du roi Charles de Wailly de faire les plans d’une ville nouvelle, idéale, dans l’esprit de la franc-maçonnerie dont il espère qu’elle sera aussi peuplée que Perpignan. Mailly la voit déjà tout autour de cette place dominant la rade et dédiée au roi Louis XVI.

Comme il voit se dresser le grand obélisque en marbre rouge et blanc de Villefranche de Conflent avec à son sommet un globe terrestre surmonté d’une fleur de lys. Les bas-reliefs sur son socle exalteront la gloire du roi, commémoreront la Marine relevée, la liberté du commerce, la servitude abolie et bien sur l’indépendance de l’Amérique avec l’intervention du marquis de La Fayette. Et Port Vendres sera enfin le grand port fortifié qu’il était destiné à être.

Un port qui date des Romains : Portus Veneris …

Après le traité des Pyrénées en 1659, Vauban s’y est tout de suite intéressé : il a proposé de remettre le port en état et de le fortifier. Mais Louvois, le ministre de la Guerre, n’a pas retenu le projet. Il a juste autorisé quelques travaux de fortifications.

Le comte de Mailly est arrivé en Roussillon en 1749, nommé gouverneur militaire par Louis XV et il s’est consacré à franciser Perpignan en la dotant d’un théâtre, d’une académie militaire pour les jeunes nobles du cru et d’une université ultramoderne. Rappelé à Versailles suite à une querelle avec l’intendant, il est renvoyé en terre Catalane, par Louis XVI cette fois comme directeur-général des camps et armées des Pyrénées et des côtes de la Méditerranée en 1771.

Dès le début de son règne, Louis XVI a décidé de construire un port fortifié pour assurer un trafic maritime régulier en Méditerranée, de la côte catalane à l’Orient et aux ports barbaresques. Mailly reprend l’idée de Vauban de le construire à Port-Vendres. Un port moderne, profond et à l’abri des vents avec des quais et des débarcadères commodes. Il renforce les fortifications protégeant l’entrée de la rade en construisant la Redoute Mailly.

Pour attirer les bateaux de commerce, il obtient une baisse des taxes. Et pour marquer d’un symbole la renaissance de Port-Vendres, Louis XVI a accepté qu’on érige à sa gloire le premier monument élevé en France en son honneur, cet obélisque.

Mais le comte de Mailly a vu trop grand. En 1786, seulement 88 personnes se sont installées dans la ville nouvelle. Il faudra attendre la conquête de l’Algérie au milieu du XIXe siècle pour que Port-Vendres prenne son essor.

1 COMMENTAIRE

  1. L’obélisque, mais pas que… sans doute aussi Port-Vendres Pyrénées-Orientales), fondée par des francs-maçons au XVIIIe siècle
    L’historien Gilbert Larguier évoque la fondation, à la fin du XVIIIe siècle, de la « ville neuve » de Port-Vendres, à l’initiative du maréchal de Mailly, commandant en chef du Roussillon et franc-maçon. Entre architecture ésotérique, hommage à la liberté et « culte royal ». Un avant-goût de la conférence prévue ce samedi 3 juin 2023 à Port-Vendres.
    La présence d’un port sur le site de Port-Vendres est attestée depuis l’Antiquité. Cependant, l’embryon de la ville actuelle ne sortira de terre qu’à la fin du XVIIIe siècle, juste avant la Révolution française. Le principal instigateur du projet n’est autre qu’Augustin-Joseph de Mailly, commandant en chef du Roussillon de 1749 à 1790 et pionnier de la franc-maçonnerie en France.
    « Nous disposons d’une documentation fiable et tout à fait remarquable sur la fondation de Port-Vendres, explique Perpignan professeur émérite d’histoire moderne Gilbert Larguier. Dans un livre de 1787, nous avons toutes les gravures et plans réalisés pour le projet. Toute la symbolique maçonnique de son architecture, et en particulier de l’obélisque, est également commentée dans ce document.
    Une ville pour « marquer l’histoire »
    Pourquoi Mailly a-t-il décidé de construire une « ville nouvelle » sur le site en plus de réaménager son port ? « Avec l’arrivée au pouvoir des Bourbons en Espagne, nous sommes à partir de 1750 dans une période d’ouverture de la frontière, répond Gilbert Larguier. La même famille est au pouvoir des deux côtés des Pyrénées. L’ennemi de la France, c’est maintenant l’Angleterre, qui vient de lui prendre le Canada. La revanche ne se fera pas sur terre, mais en mer. C’est pourquoi Port-Vendres intéresse tant Mailly. S’il décide d’y construire une nouvelle ville, c’est aussi parce qu’il veut écrire l’histoire. Il y avait certainement une part de gloire… »
    Hommage à la liberté… et au roi
    Dans les années 1770, pour mener à bien son projet, Mailly fait appel à un architecte de renom, Charles de Wailly, également franc-maçon. Selon Gilbert Larguier, les plans qu’il a dessinés contiennent de nombreuses références à la franc-maçonnerie. Notamment par l’omniprésence du chiffre trois et de ses multiples (nombre de fenêtres, rues, dimensions…). “Il y a tout un symbolisme dans les rapports de proportions et dans l’agencement des éléments” résume l’historien.
    (Source : dayFEURO)

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