sam 23 novembre 2024 - 03:11

Lieu symbolique : Les souterrains annulaires de la Montagne bourbonnaise

Empruntée aux alchimistes par les Francs-Maçons, la formule « VITRIOL », Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem, soit « Visite l’Intérieur de la Terre et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée », est, pour certains rites, un mot-clé du cabinet de réflexion.

C’est sur cette thématique que nous vous proposons cette visite du premier lieu symbolique de cette nouvelle année 2023.

L’Auvergne, en occitan Auvèrnha ou Euvarnhàd, est une région historique et culturelle située dans le centre de la France, au cœur du Massif central et de notre beau pays de France. Elle était autrefois terre sacrée, contrée bénie des dieux, au centre de laquelle trônait le Mont Dumias, une divinité locale assimilée à Mercure.

Statère arverne au nom de Vercingétorix – Trésor de Pionsat – Musée d’Archéologie Nationale

C’était le pays de l’un des principaux peuples celtes de la Gaule indépendante, du VIIe siècle av. J.-C. à la conquête romaine, les Arvernes !

Le Bourbonnais est une région aux paysages envoûtants, terre d’histoires et de légendes… Parmi celles-ci, les souterrains annulaires restent encore un mystère archéologique.

C’est au XIXe siècle que l’on découvre par hasard de nombreux souterrains présentant une configuration similaire.

Mais qu’est-ce qu’un souterrain annulaire ?

Il se caractérise par la présence d’une galerie dont le tracé décrit un ou plusieurs anneaux.

Au regard des dernières recherches, le souterrain satisfait à trois critères :

avoir été creusé par la main de l’homme (ce qui exclut tous les puits, cavernes, grottes façonnés par la nature) ;

ne pas avoir un usage certain, d’ordre économique (silo, cave, mine), militaire (communications, les souterrains annulaires n’ayant qu’un débouché sur l’extérieur, servant d’entrée et de sortie) ou social (refuge pour les habitants) ;

présenter des similitudes, soit dans son plan (une entrée, une galerie rectiligne, puis coudée, une sorte de chapelle) soit dans sa réalisation (creusement dans des matières friables, le « gore », une appellation régionale pour du schiste ou une arène granitique en décomposition, à l’aide d’un outil gallo-romain, sorte de petite hache,

l’ascia, en forme de hache, une herminette, un outil à tailler le bois ou à polir la pierre, l’instrument à tout faire du maçon).

L’ascia qui servit à creuser les souterrains, avait aussi une valeur symbolique, puisqu’elle était souvent gravée sur les pierres tombales gallo-romaines, étant censée protéger et assurer l’inviolabilité dudit tombeau.

Vous trouverez quelques dessins réalisés par quelques passionnés, des amateurs éclairés du XIXe et du XXe siècle – médecins, instituteurs, hommes d’Église –  tels le docteur Noëlas (en 1875) qui explore le souterrain de Terrenoire, Francis Pérot (en 1884) qui explore les souterrains d’Arfeuilles, le docteur de Brinon qui en 1924, explore les galeries de Puyravel et du Cluzel, le docteur Chabrol qui visite et publie une enquête scientifique sur ces souterrains en 1929, puis Maurice Franc et Olivier Giron,

tous deux membres de la Société Française d’Étude des Souterrains (SFES) qui explorent plusieurs souterrains de la montagne bourbonnaise entre 1984 et 1988.

Plus de 34 souterrains annulaires ont été découverts par hasard dans la montagne bourbonnaise, dont 14 pour la seule commune d’Arfeuilles.

Tacite

Déjà Tacite…

L’historien, philosophe et sénateur romain Tacite (58 ap. J.-C.-c. 120 ap. J.-C.) en mention de ces souterrains dans son œuvre – Extrait du Livre XVI : « On sait assez que les Germains ne bâtissent point de villes ; ils ne souffrent pas même d’habitations réunies. Leurs demeures sont éparses, isolées, selon qu’une fontaine, un champ, un bocage, ont déterminé leur choix. Leurs villages ne sont pas, comme les nôtres, formés d’édifices contigus : chacun laisse un espace vide autour de sa maison, soit pour prévenir le danger des incendies, soit par ignorance dans l’art de bâtir. Ils n’emploient ni pierres ni tuiles ; ils se servent uniquement de bois brut, sans penser à la décoration ni à l’agrément. Toutefois ils enduisent certaines parties d’une terre fine et luisante, dont les veines nuancées imitent la peinture.

C. Corn. Tacitus et in eum M.Z. Boxhornii, etc. H. Grotii observationes, Venetiis, apud Nicolaum Pezzana, 1672

Ils se creusent aussi des souterrains, qu’ils chargent en dessus d’une épaisse couche de fumier. C’est là qu’ils se retirent l’hiver, et qu’ils déposent leurs grains. Ils y sentent moins la rigueur du froid ; et, si l’ennemi fait une incursion, il pille les lieux découverts, tandis que cette proie cachée sous la terre reste ignorée de lui, ou le déroute par les recherches mêmes qu’il fait pour la trouver. »

WEBTV Livradois Forez, pour tenter d’en savoir plus ?

Une véritable énigme, encore non élucidée : qu’elle est la fonction de ces souterrains aux formes étranges comportant un ou deux anneaux ? Ces souterrains liés à l’habitat et dont les datations situent entre 400 et 800 leur utilisation non rien révélés de leur secret. Des sociétés archéologiques cherchent depuis un siècle à lever cette énigme. Leur répartition géographique est aussi étonnante puisque l’on en trouve que dans certaines région et très abondamment en montagne thiernois, et Monts du Bourbonnais…mais aussi en Bavière et au nord de l’Espagne. Serait-il pour certain le lieu de villégiature des esprits après leur mort ? En tout cas l’aspect fonctionnel de ces souterrains semble à écarter. Mais laissons-nous guider par Hugues Dourvert spécialiste et découvreur de souterrains annulaires pour une visite sous terre.

Quoi qu’il en soit, les souterrains annulaires de la montagne bourbonnaise sont loin d’avoir livrés tous leurs secrets

Sources : sites village de Laprugne, dans l’Allier ; Wikipédia ; Wikimedia Commons ; Le vagabond auvergnat ; agoravox.fr

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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