Arnaud de la Croix, à qui nous devons de nombreux ouvrages allant du Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine sur des sujets aussi divers que l’ésotérisme, la franc-maçonnerie, les sociétés secrètes ou encore les ordres chevaleresques, nous transporte au temps des moines-soldats et nous conte l’énigmatique histoire de l’ordre du Temple. Des origines à la chute. Et bien plus encore en traitant, dans sa troisième et dernière partie de la légende. Sans doute bien plus mystérieuse encore que l’histoire de l’ordre des Pauvres Chevaliers du Christ. En paraphrasant cette ancienne acclamation, devenue familière, « Le roi est mort, vive le roi ! », nous pourrions écrire « Le Temple est mort, vive le Temple ! »
Arnaud de la Croix – Racine, 2022, 168 pages, 25 €
Pour mieux connaître cet ordre religieux et militaire qui avaient pour mission de protéger les pèlerins en Terre sainte, il nous faut commencer par le début. En vérité les origines qui pour certains demeurent encore relativement incertaine.
Arnaud de la Croix entame d’ailleurs son prologue par une phrase qui ravira tous les historiens. Si l’on veut comprendre l’histoire du Temple, il faut impérativement la replacer dans son contexte, celui des croisades. Tout débutant avec le discours d’appel aux croisades du 159e pape de l’Église catholique Urbain II, le 27 novembre 1095. « Dieu le veut ! », c’est par ce cri que les chevaliers, avec élan et allégresse, répondirent à l’appel.
Arnaud de la Croix retrace la vie de l’ordre du Temple qui restera à jamais un modèle de chevalerie chrétienne dans l’Occident médiéval. Nous revivons les grandes heures de cet ordre religieux et militaire depuis l’époque de son fondateur et premier maître Hugues de Payns (1074-1136) jusqu’au siège de Saint-Jean-d’Acre, en 1291, qui se solda par la prise de la ville par les mamelouks et la fin du royaume de Jérusalem. Puis vint le procès de 1307 à 1312…
Cet événement qui représente la perte des dernières positions latines en Orient est fréquemment considérée par les historiens comme marquant la fin de la période des croisades médiévales.
Un très intéressant chapitre, le huitième, intitulé « 1209-1229, les Templiers face aux cathares ».
Beaucoup sont encore désireux de connaître l’attitude des tout-puissants moines-soldats face aux « parfaits/bonshommes » qui voulaient juste mener une vie conforme aux enseignements du christianisme originel. L’histoire nous rapportant qu’ils finirent tous emprisonnés ou brûlés sur les bûchers de l’Inquisition… Arnaud de la Croix y répond et étanche notre soif de curiosité.
La troisième partie, « La légende », relate, le 11 ou le 18 mars 1314, la malédiction que Jacques de Molay, dernier grand maître de l’ordre du Temple, lance du haut de son bûcher à ses juges et bourreaux, le pape Clément V et le roi de France Philippe IV, dit « le Bel » qui fit arrêter les Templiers dans le but de leur confisquer leurs biens – l’ordre étant devenu trop riche et trop puissant à ces yeux alors qu’ils avaient initialement fait vœu de pauvreté – : « Pape Clément ! Chevalier Guillaume ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître devant le tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment. Maudits ! Maudits ! Soyez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! » L’auteur revient sur ce fait historique ou ce mythe inventé de toutes pièces. En sachant que le pape, tout comme le roi, décédèrent tour à tour dans d’étranges circonstances quelques mois après cette imprécation. Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur ce célèbre épisode de l’Histoire de France.
L’auteur aborde aussi deux points clés de cette légende. Celui de la filiation templière à travers la Franc-Maçonnerie du XVIIe siècle et plus précisément, à compter de 1751, de la Stricte Observance. Mais aussi que l’idée d’une résurgence/survivance de l’ordre, après les XIXe et XXe siècles, persiste encore et toujours. Des ordres se prétendant authentiques perpétuant les règles et statuts originaux depuis la création d’ordre du Temple, il y en a eu, il y en a et il y en aura encore…
Nous aimons tout particulièrement le cahier central présentant 28 magnifiques illustrations dont 10 proposent une belle cartographie permettant d’analyser, de définir et d’interpréter tout l’espace géographique couvert au fil de siècles et des différentes croisades – de la première à la huitième –, par les Templiers. Sans oublier celle de Montsaunès, village haut garonnais de ce beau pays de Comminges, connu pour son patrimoine architectural – classée dès 1846 au titre des monuments historiques –, qu’est l’église Saint-Christophe-des-Templiers, remarquable par les chapiteaux de ses portails et par son décor peint intérieur dont les murs et la voûte offrent des peintures à l’iconographie très variée qui ont souvent donné lieu à des interprétations ésotériques.
L’épilogue est suivi de la liste chronologique des 23 maîtres de l’ordre du Temple, récapitulant le nom, les dates de maîtrise et la région d’origine. Ainsi qu’une bibliographie qui permettra au lecteur de persévérer dans sa quête, si tel est son désir.