De notre confrère italien tp24.it – Par Egidio Morici
L’hypothèse qu’un franc-maçon se cachait derrière le soi-disant « monstre de Florence » n’est pas nouvelle. Et c’est lié à la mort d’un médecin de Pérouse. Il s’agit du Dr Francesco Narducci, appartenant au Grand Orient d’Italie, décédé en 1985 dans des circonstances mystérieuses. C’est l’année où ont cessé les doubles meurtres qui sévissaient depuis 1968 contre des couples qui s’étaient isolés en voiture dans la campagne de la province de Florence, où les fétiches étaient retirés des corps féminins par des incisions. Parties intimes jamais retrouvées.
Le Dr Giuliano Mignini , ancien procureur adjoint de Pérouse, en a fait part à la Commission parlementaire anti-mafia , invitée à donner sa contribution sur les loges couvertes et sur les soi-disant « doubles appartenances ». Contribution contenue dans le rapport de la Commission, rendu public le 16 novembre.
Tout commence par une histoire qui est arrivée à une esthéticienne de Foligno qui, au début des années 2000, a été prise pour cible par des usuriers, qui ont tenté de l’intimider par des appels téléphoniques menaçants. Elle commence à les enregistrer, jusqu’à ce qu’une arrive où deux voix parlent, une masculine et une féminine :
M : « Salope ! Il n’y a pas de limite au mal, à la haine, au pouvoir de Satan ! Votre fils… nous le prendrons !
F : « Votre vagin sera complètement fendu comme les sacrifices de Pacciani, lui aussi est un grand traître ! »
M : « Vous finirez par être tués comme ces traîtres Pacciani et le grand professeur Narducci, qui ont fini dans le lac, étranglés ! »
Jusqu’à ce moment, tout le monde savait que le Dr Narducci s’était noyé dans le lac Trasimène en octobre 1985 . Un malheur ou un suicide. Et donc, face au contenu de ces menaces, le procureur adjoint de Pérouse de l’époque procède à la notification à l’autorité judiciaire florentine par le biais du soi-disant « modèle 45 », c’est-à-dire avec l’entrée de faits qui ne sont pas encore devenus des nouvelles d’une criminalité. À ce stade, le Dr Mignini a appris qu’aucune autopsie n’avait été pratiquée sur Narducci. Après l’avoir placé, malgré les réticences de la famille du défunt, il s’avère que le médecin de Pérouse a bien été étranglé :« Après de nombreuses heures de travail patient et méticuleux, cette fracture frappante de la corne supérieure gauche du cartilage thyroïde a été mise en évidence », une indication claire de la mort par strangulation et non par noyade.
Mais il y a plus. Le docteur Mignini (nous sommes en juin 2002), une fois le cercueil ouvert, s’attendait à trouver un cadavre en très mauvais état. Au lieu de cela, lit-on dans le rapport de la Commission, « un corps corifié avec des cheveux a été retrouvé ».
Par ailleurs, un détail saute immédiatement aux yeux : le corps de Narducci, sous son pantalon, « portait un drap ou un tablier (…), d’une certaine épaisseur, avec des dessins en forme de pentagramme ». Une feuille que le professeur Introvigne a interprétée comme un « rituel maçonnique archaïsant (…) qui avait une fonction punitive », comme si « ce sujet avait été dégradé ».
Un tissu qui n’était pas présent sur le corps retrouvé à Trasimène, car les travailleurs du funérarium qui l’avaient habillé n’avaient apposé aucun tablier.
Et puis, autre détail non négligeable, il était apparu que le corps retrouvé dans le lac mesurait environ un mètre soixante, alors que Narducci mesurait plus d’un mètre quatre-vingts. « Un cadavre d’une personne mesurant 1,82, comme l’était Narducci – a affirmé Mignini – ne peut pas perdre 20 centimètres de long après la mort ».
Et encore, le corps déposé sur le quai le 13 octobre 1985 était « brachycéphale (avec un crâne plus aplati, ndlr), sans poil, avec un tour de ventre assez robuste… Au lieu de cela, celui de Narducci était sous-dolichocéphale (avec un crâne plus allongé, ndlr ), il avait les cheveux clairs, aucune diatomée n’a été trouvée (un type particulier d’algue, ndlr), il avait ce petit pantalon taille 48 qui lui permettait aussi d’avoir le tissu en dessous ».
Mais alors, si le corps exhumé en 2002 était bien celui du docteur Narducci, de qui était-il sorti du lac Trasimène en 1985 ?
Après un certain temps, selon l’audience contenue dans le rapport, il a été concrètement émis l’hypothèse que ce premier corps était celui d’un citoyen mexicain mort d’un meurtre.
Mignini avait entamé une collaboration avec les magistrats qui s’occupaient du « monstre de Florence », mais le lien entre les deux enquêtes a été interrompu car le procureur adjoint de l’époque a été à son tour enquêté avec le Dr Giuttari de la police d’État, qui s’occupait de l’affaire. Une procédure qui s’est terminée par un acquittement et un délai de prescription.
Sur cette affaire, la position de la franc-maçonnerie pérugienne de l’époque n’était pas unanime. Les francs-maçons de l’époque étaient divisés en deux : une partie était encline à la transparence (plusieurs personnages liés au GOI offraient leur contribution à l’enquête) ; un autre voulait garder le secret le plus strict.
Francesco Narducci, ainsi que son père et son beau-père étaient inscrits au GOI dans la même loge, le « Bruno Bellucci », où se trouvait également Sergio Casoli, alors recteur de l’Université de Pérouse, maire de la ville , sénateur de la République et ancien magistrat.
Il est clair que les rites sanglants ou les châtiments archaïques ne pourront jamais appartenir au Grand Orient, ni à aucune autre obédience maçonnique de type ouvert, dûment enregistrée.
Mais selon le Dr Mignini, celles-ci, ainsi que sur l’entraide, seraient également fondées sur la présence du « secret intérieur », puisque « les maçons de grade inférieur, devant achever leur parcours initiatique, n’ont pas une pleine connaissance de quels sont les objectifs complexes de telles organisations ».
Cependant, cette incroyable histoire semble s’inscrire dans le cadre de la soi-disant « double appartenance » et de l’existence de la « frange franc-maçonnerie ». Pérouse serait, selon ce que Mignini a déclaré à la Commission, un carrefour de mouvements magiques, tels que les Rose-Croix et l’Église agnostique. Même l’avocat Giacomo Borrione, l’un des plus grands représentants de la franc-maçonnerie, qu’il connaissait personnellement, « appartenait à une loge maçonnique de type égyptien, mais il était aussi « évêque » de l’Église agnostique ».
Bref, quiconque gravite autour de la franc-maçonnerie marginale serait généralement affilié à une loge régulière, qui alors, avec d’autres, donnerait vie à des « conventicules de type déviant qui ne se reconnaissent presque plus dans la régularité maçonnique originelle ».
Un monde difficile à explorer. « Je me souviens de gens qui se sont mis à pleurer devant moi – ajoute Mignini – et m’ont supplié de ne pas leur poser de questions sur ce qui se cache au-delà de la réalité des « compagnons de collation » (le groupe de Pacciani, ndlr) ».
Un monde fait de doubles appartenances. Et, dans l’obscure situation de l’affaire Narducci, aussi d’un double cadavre.
La question demeure : le monstre de Florence était-il vraiment Narducci ? On parle aussi d’une lettre retrouvée chez le médecin, immédiatement après sa mort. Une lettre vue par la bonne et son mari, dans laquelle il a avoué avoir été l’auteur des crimes de Florence, demandant pardon au monde entier.
Mais lorsque Mignini, lors de l’audition des témoins, a tenté de fixer ce témoignage, la bonne a changé sa version : ce n’était qu’une carte de visite. Le mari n’a ni confirmé ni nié. Parce qu’entre-temps, lui aussi était mort.
George Clooney dans “The Monster of Florence”?
5 janv. 2011 à 12:00 sur Allociné
George Clooney va produire et pourrait tenir le rôle principal du thriller “The Monster of Florence”.
George Clooney va produire et pourrait tenir le rôle principal du thriller The Monster of Florence. Adapté du roman de Douglas Preston et Mario Spezi, The Monster of Florence raconte l’histoire du Jack l’éventreur florentin qui assassina pas moins de 7 couples entre 1974 et 1985, et qui ne fut jamais arrêté par la police. L’écrivan Douglas Preston et le journaliste italien Mario Spezi ont décidé d’enquêter pour les besoins du roman, mais de nombreux dirigeants ont tenté de leur mettre des bâtons dans les roues. Douglas Preston a été accusé de complicité de meurtre, d’entrave à la justice et menacé d’arrestation s’il remettait les pieds en Italie, Mario Spezi a pour sa part été accusé d’être lui-même le Monstre de Florence. Le projet, déjà annoncé en 2008, devait au départ être produit par Tom Cruise. Si pour le moment aucun réalisateur n’est attaché au long métrage, le scénario de The Monster of Florence sera adapté par Christopher McQuarrie (Usual Suspects) et Nathan Alexander (Walkyrie).
Laëtitia Forhan avec Variety
Suite de la saga
Le criminologue Francesco Bruno est décédé, il s’est occupé de l’affaire Sampieri Scicli
Rome – Le professeur Francesco Bruno, l’un des criminologues italiens les plus connus et professeur à l’Université La Sapienza, est décédé. Matteo Lettieri, maire de Celico, le centre de Cosentino d’où Bruno était originaire, l’annonce avec un post sur son profil Facebook. Il avait 74 ans.
«Ce matin – écrit Lettieri – Celico pleure la perte de l’un de ses concitoyens les plus illustres, le prof. Francesco Bruno, médecin et criminologue de renommée internationale. Le professeur. Bruno était un luminaire, engagé dans la résolution des crimes italiens les plus odieux. Grâce à ses études, il avait été possible de lier les meurtres du monstre de Florence à l’ésotérisme». Diplômé du lycée classique en 1967, Bruno s’inscrit à la faculté de médecine et de chirurgie de l’Université de Rome dont il sort diplômé en 1973. Au début des années 1980, sous l’impulsion de Vincenzo Parisi, alors directeur du SISDE, il publie le premier université d’étude qui relie les meurtres commis au « Monstre de Florence » avec l’ésotérisme et le but sacrificiel. Bruno avait acquis une grande notoriété en collaborant à diverses émissions télévisées consacrées aux tueurs en série, dont «Delitti» (La7), «Porta a Porta» (Rai 1) et «Maurizio Costanzo Show» (Canale 5).
Francesco Bruno et le meurtre d’Elisabetta Ciabani à Sampieri
Elisabetta Ciabani a étudié l’architecture à Florence. Elle avait 22 ans lorsque le 22 août 1982, elle a été retrouvée morte dans la buanderie de Baia Saracena, à Sampieri. Le corps, complètement nu, a été retrouvé avec un couteau planté dans la région du sein gauche. Le cadavre présentait d’autres blessures autour du nombril et une coupure de 12 cm qui remontait jusqu’au pubis. Aucune trace de violence ou de lutte n’a été trouvée. L’affaire a été rejetée comme un suicide.
En 1996, la réouverture de l’affaire À Florence, ils recherchent le monstre qui a tué seize fois et de Raguse, ils offrent un cadavre pour la solution du jaune.
« Et la victime n°17 », a plaidé le professeur Francesco Bruno, persuadé que le tueur en série de la forêt de Scopeti avait également tué, parmi les bungalows d’un village touristique sicilien entouré de figuiers de barbarie et d’agrumes. Une mort mystérieuse, une histoire jamais élucidée : le corps d’une jeune fille torturée par des coups de couteau, retrouvée nue dans la buanderie de la « Baia Saracena » à Scicli. La lame et le manche étaient profondément enfoncés dans le pubis. C’était il y a 14 ans. Quoi qu’il en soit, personne n’a alors cherché un tueur. Ou peut-être que personne ne voulait. C’était en août 82, période des vacances. Des enquêteurs ennuyés ont rejeté l’affaire comme un suicide, au grand étonnement des journalistes qui, dans leur empressement à être des détectives, avaient rempli leurs rapports de thèses suggestives. Un avant tout : celui du maniaque, comme le suggère le rituel macabre des parties intimes cicatrisées. Elisabetta Ciabani, la jeune fille retrouvée morte, avait vingt-deux ans, étudiait l’architecture à Florence, sa ville, et était une amie de Susanna Cambi, l’une des victimes du monstre. Une circonstance longtemps passée inaperçue et aujourd’hui relancée par le professeur Bruno, professeur de psychopathologie médico-légale à la Sapienza. Selon Bruno, Elisabetta Ciabani serait une autre victime du monstre de Florence. Pour le spécialiste, qui a trouvé des oreilles sensibles chez le procureur de Florence Piero Luigi Vigna, il y aurait suffisamment d’éléments pour croire que Susanna Cambi connaissait l’identité du maniaque et qu’elle a confié ses inquiétudes à son ami. Après la mort de Susanna, tuée le 22 octobre 1981 alors qu’elle était seule avec son petit ami Stefano Baldi, et après le massacre d’un autre couple, Antonella Migliarini et Paolo Mainardi, survenu l’année suivante, Ciabani aurait décidé de révéler ses suspects, probablement en parler autour de vous. Et devenir un témoin très dangereux. « Il y en a assez pour que l’affaire soit rouverte », lit-on dans une note de la maison d’édition Arbour qui évoque également la légèreté avec laquelle ils ont été examinés et ont répondu aux rapports médico-légaux. Bruno estime qu’une relecture attentive de ce crime (il n’emploie même pas le mot suicide) peut aider les magistrats florentins à dépouiller tout le lest d’investigation de seize années d’enquêtes pour retrouver le « vrai » monstre. Il n’a jamais douté de Pacciani : l’intelligence très raffinée dont l’exterminateur inconnu est certainement doté, capable de railler l’appareil d’investigation qui s’est si longtemps porté sur le terrain, ne peut être attribuée à un paysan de ce genre avec un énorme déploiement des forces. Le professeur Bruno ne se limite pas à formuler des critiques. En connaisseur, il propose également les coups pour débusquer la bête et clore définitivement la partie.