De notre confrère courrierdeuropecentrale.fr Par JEAN-CHARLES GESLOT
Le Courrier d’Europe centrale republie ici avec l’autorisation de son auteur l’article que l’historien Jean-Charles Geslot, maître de conférences à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, a récemment consacré au livre que le président de la République française a offert au Pape comme cadeau diplomatique et à la polémique suscitée par ce geste.
Un cadeau et une controverse
Le 24 octobre 2022, lors d’une visite officielle au Vatican, le président Emmanuel Macron offrait au pape François un exemplaire du Projet de paix perpétuelle du philosophe allemand Emmanuel Kant. La publication d’une photographie de cet ouvrage sur le compte Twitter de Vatican News déclenchait la polémique en Pologne : sur la page de couverture figure en effet un tampon indiquant que le volume a appartenu à une institution culturelle polonaise. Ce qui devait immédiatement déclencher une tempête de protestations au sein d’un pays particulièrement éprouvé dans le passé par les pillages culturels, au fil des occupations étrangères et des démembrements qui ont marqué son histoire, notamment à l’époque du nazisme.
L’absence de bibliothèque nationale en Pologne avant 1928 a favorisé, à partir du XVIIIe siècle surtout, la création de plusieurs riches collections publiques ou privées. Or, « la Pologne a perdu plus de la moitié de son patrimoine livresque pendant l’occupation nazie », rappelle ainsi Zdzisław Pietrzyk. La présidence de la République française fut donc immédiatement accusée, notamment par le journaliste polonais Stanisław Janecki, cité ici par le Visegrád Post, d’avoir offert un livre issu d’un pillage orchestré durant la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs voix cependant, en France comme en Pologne (à commencer par le ministre de la Culture Piotr Glinski), se sont rapidement élevées pour contester cette version des faits, en prouvant que l’ouvrage était arrivé en France bien avant l’occupation nazie. Au-delà de cette polémique qui n’a pas lieu d’être, l’affaire de ce cadeau diplomatique révèle une histoire qui n’est pas sans intérêt : celle d’un livre fabriqué à la fin du XVIIIe siècle dans ce qui est aujourd’hui la ville de Kaliningrad, aux confins de l’Europe de l’Est, qui se retrouve aujourd’hui, en 2022, à 2000 km de là, au cœur de la ville de Rome. De la Baltique à la Méditerranée, l’ouvrage est passé de ville en ville, faisant étape successivement à Lviv, dans l’actuelle Ukraine, puis à Paris ; il a circulé de main en main, depuis celle de Kant qui tenait la plume – soit l’un des plus importants philosophes européens du XVIIIe siècle – jusqu’à celles d’un président de la République française et d’un chef du monde catholique du début du XXIe. Retracer l’itinéraire – on pourrait presque dire les aventures – de ce volume d’une centaine de pages peut s’avérer passionnant.
Faire l’histoire d’un livre
Car les livres ont une histoire : ils naissent, vivent, circulent, s’abîment, se multiplient, prennent des formes variées, disparaissent, réapparaissent, meurent aussi parfois (pensons aux autodafés qui ont marqué l’histoire de l’imprimé, jusqu’à l’acmé particulièrement dramatique qu’ont représenté les destructions massives de livres par les nazis). On peut tenter de retracer ces itinéraires, enquêter sur les différentes éditions, suivre à la trace le cheminement de tel ou tel exemplaire. Cela a été fait, à plusieurs reprises : Robert Darnton a ainsi raconté L’Aventure de l’Encyclopédie, et Bert Andréas a fait de même pour le Manifeste du Parti communiste ; Antoine Vitkine et Claude Quetel ont eux étudié l’histoire de Mein Kampf, Pascale Nivelle et Alexander G. Cook le Recueil de citations du président Mao, plus souvent appelé le « Petit Livre rouge ». D’autres livres moins connus du grand public ont fait aussi l’objet de telles investigations : La Nef des fous de Sébastien Brant par Frédéric Barbier, la Vie de Jésus de Renan par Nathalie Richard, ou encore l’Histoire de France de Victor Duruy, par moi-même.
Tentons donc de faire l’histoire non pas du livre d’Emmanuel Kant dans ses différentes déclinaisons, mais simplement de l’exemplaire qui se situe au cœur et à la base de la polémique déclenchée en cette fin du mois d’octobre 2022.
Voyons d’abord ce qu’il en est de l’origine cet ouvrage. Le Projet de paix perpétuelle fut publié par Emmanuel Kant (1724-1804) en 1795. Il s’agit d’un essai de philosophie politique qui, d’après Véronique Le Ru, professeure de Philosophie à l’université de Reims, marque une étape dans la conception de l’idée de paix en Europe, ainsi qu’elle l’explique dans un article publié en 2016. Plus spécifiquement, le volume au cœur de l’affaire est une réédition de l’ouvrage, parue à Königsberg, en Prusse orientale (actuellement Kaliningrad), en 1796, et édité par le libraire Friedrich (Frédéric) Nicolovius (1768-1836).
Un volume rare et précieux
Il s’agit d’un livre rare, qu’on ne trouve plus aujourd’hui qu’à quelques exemplaires. Le catalogue WorldCat, qui centralise les données fournies par les bibliothèques nationales et universitaires d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, n’en indique la présence que dans six institutions : la British Library de Londres, la Bibliothèque nationale de France (qui possède deux exemplaires de cette édition), et quatre bibliothèques allemandes : la bibliothèque d’État de Berlin, celle des universités de Göttingen et Erfurt, ainsi que la bibliothèque Herzogin Anna Amalia de Weimar. On en trouve aussi un exemplaire à l’Université de Gand, en Belgique, et un autre à l’Université du Michigan aux États-Unis – tous deux consultables en ligne.
En France, cette édition est également présente dans le fonds précieux de la bibliothèque de Sciences humaines et sociales de l’Université de Lille, ainsi qu’à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. En Pologne, le catalogue Nukat indique la présence de trois exemplaires de cette même édition, à Varsovie (Polaczone Biblioteki, Bibliothèque de l’Université) et Cracovie (bibliothèque des Académies des Arts et des Sciences de Pologne).
La rareté de cette édition explique qu’elle ait pu faire l’objet d’un cadeau diplomatique, tout autant que le prix auquel on peut aujourd’hui le trouver en vente : 5 500 € sur certains sites de librairie en ligne. Les services de l’Élysée ont, eux, acquis l’exemplaire offert au pape à la librairie de Patrick Hatchuel, à Paris, qui l’avait mis en vente à 2 500 € – mais qui le leur a cédé, d’après ses dires, pour une somme moindre.
C’est l’Agence France-Presse qui a interrogé le libraire peu de temps après le déclenchement de la polémique et permis d’y voir plus clair sur cette affaire de cadeau empoisonné. Repris par plusieurs journaux, ainsi que sur le site ActuaLitté, son témoignage, complété par la notice descriptive de l’exemplaire en vente publiée par le journaliste Arnaud Bédat, permet en effet de retracer une partie de l’itinéraire suivi par le livre, depuis la Pologne jusqu’à la France, puis Rome. Une partie seulement, car si on peut être sûr aujourd’hui qu’à aucun moment l’exemplaire n’a été entre les mains des nazis, on ne sait à ce jour comment il est passé de Königsberg en Pologne, puis de Pologne à Paris.
Des indices à même le livre
Penchons-nous sur le principal facteur de la discorde, le tampon figurant sur la page de couverture figurant sur la photographie diffusée par le Vatican. Il porte une indication en polonais : « CZYTELNIA AKADEMICKA WE LWOWIE », ce qui signifie : « Salle de lecture académique de Lviv ». La ville de Lviv, située aujourd’hui dans l’Ouest de l’Ukraine, capitale de la région historique de Galicie, a pendant plusieurs siècles appartenu à la Pologne (sous le nom de Lwów que l’on retrouve sur le tampon), y compris lorsque celle-ci appartenait, pour sa partie méridionale, à l’Empire d’Autriche-Hongrie (1772-1918), avant d’être occupée puis annexée par l’URSS à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Comme on peut le lire sur le site Lviv Interactive (LIA), ainsi que sous la plume de l’historien polonais Adam Redzik, repris par le site Salon24, la « salle de lecture académique » en question est une institution culturelle fondée en 1867, une sorte de club ou de cercle réunissant des universitaires et des étudiants de la ville, à la fois lieu de sociabilité et de travail, offrant à ses adhérents, jusqu’à sa disparition en 1939, des programmes de conférences et une bibliothèque. C’est donc des collections de cette dernière que l’ouvrage offert au pape est issu : le tampon en fait foi, tout comme le chiffre « 784 » qui figure à ses côtés, lequel indique sûrement une cote ou un numéro d’inventaire.
Patrick Hatchuel, le libraire qui a vendu le livre à l’Élysée, nous révèle la présence d’un autre élément permettant de suivre l’itinéraire de l’ouvrage : une étiquette figurant sur le contre plat (soit au verso de la couverture) au nom de « L. Bodin » (on en voit une partie sur la photographie de l’ouvrage twittée par le ministre polonais de la Culture le 26 octobre). Il est relativement fréquent de trouver sur un livre ancien ce genre d’étiquette indiquant le libraire chez qui l’exemplaire a été acheté. C’est en général un indice précieux pour reconstituer l’itinéraire d’un livre.
Un libraire féru d’occultisme
Nous savons ainsi de façon certaine, grâce à ce petit bout de papier collé, que l’ouvrage a quitté, à un moment ou à un autre, les rayons de la Salle de lecture académique de Lwów/Lviv pour rejoindre la vitrine d’un libraire parisien. Ce libraire s’appelle Lucien Bodin, un homme dont le nom n’est pas inconnu des amateurs de livres anciens, mais sur la vie duquel nous savons peu de choses. Il est actif à la fin des années 1890 et dans les années 1900 à Paris, au 5 de la rue Christine, dans le sixième arrondissement, un quartier situé entre l’Odéon et le Pont-Neuf où l’on trouve encore aujourd’hui plusieurs librairies anciennes.
La Bibliothèque nationale de France conserve une dizaine de catalogues de ce libraire. La série en est lacunaire : n’y figurent que les numéros 2 et 3 (non datés), 4 et 5 (1898-1899), 18 à 21 (1904-1905), 31 à 34 (1907-1908). En tête du 34e, un avis informe les lecteurs que Lucien Bodin a cédé son fonds à une autre libraire Marguerite Claudin, le 29 juillet 1908. C’est vraisemblablement la fin de son activité. 31 ans avant l’invasion de la Pologne par les nazis.
Lucien Bodin est un libraire et éditeur original : sa spécialité, ainsi que l’indiquent bien ses catalogues, ce sont les « Livres d’occasion anciens et modernes relatifs aux sciences occultes et philosophiques ». On peut apprécier la mise en page de la couverture d’un de ses catalogues, qui regroupe en un triangle – forme caractéristique – l’ensemble des thématiques offertes par son fonds, de l’astrologie au spiritisme, de la chiromancie au vampirisme, du magnétisme à la sorcellerie, sans oublier la kabbale et la franc-maçonnerie. Tout ce qui peut sembler surnaturel, mystérieux, souterrain : voilà ce qui intéresse Lucien Bodin – et sa clientèle, dans un siècle où le culte du progrès scientifique et du positivisme n’est que l’avers d’une médaille au revers de laquelle figure une fascination marquée pour l’irrationnel (on se souviendra du goût de Victor Hugo pour les tables tournantes, et que c’est durant cette époque que se constituent des mythes littéraires emblématiques comme celui du vampire).
Qu’est-ce que le Projet de paix perpétuelle d’Emmanuel Kant peut bien venir faire dans cet assemblage hétéroclite d’ouvrages plus ou moins farfelus ? Notons tout d’abord que, si l’étiquette figurant sur l’ouvrage offert par la France au Vatican indique bien que l’ouvrage y fut en vente, cette information n’est pas confirmée par les catalogues conservés à la Bibliothèque nationale. On trouve bien des ouvrages du philosophe allemand, qui par ses écrits peut aussi inspirer les férus de réflexion mystique : sa Critique de la raison pure (catalogues n° 31 et 35), sa Critique de la raison pratique (n° 31), La Religion dans les limites de la raison (n° 32), ainsi qu’un exemplaire en allemand de l’Unique fondement possible de la preuve de l’existence de Dieu (n° 19). Mais point de Projet de paix perpétuelle : s’il a été en vente chez Lucien Bodin, c’est dans les années pour lesquelles ces catalogues n’ont pas été conservés, vraisemblablement en 1900-1903 ou 1906, en tout cas au tout début du XXe siècle.
De la Poltva à la Seine : questions autour d’un livre voyageur
C’est donc au plus tard au début des années 1900 que l’exemplaire, désormais conservé à Rome, est arrivé sur les bords de la Seine. Quand, pourquoi, et comment, nous n’en savons rien aujourd’hui. Il n’y a que deux grandes hypothèses possibles : soit il y est arrivé de manière illégale, frauduleuse, peut-être par l’intermédiaire d’un lecteur indélicat de la salle de lecture de Lwów/Lviv qui l’aurait volé – ou aurait au moins « oublié » de le rendre, ce qui revient au même. Soit, et c’est plus probable, cela s’est fait de façon tout à fait légale : la pratique du désherbage est fréquente dans les bibliothèques, lorsque, pour gagner de la place ou faciliter la gestion de leurs collections, elles se décident à se débarrasser de doublons, d’ouvrages trop anciens et/ou trop peu demandés. Il n’est pas rare alors qu’elles les donnent ou les vendent : les livres se retrouvent alors souvent dans les circuits commerciaux de la librairie d’occasion, et ceux-ci peuvent être internationaux. C’est particulièrement le cas en cette deuxième moitié du XIXe siècle, époque de mondialisation accélérée de l’industrie du livre.
On peut imaginer, par exemple, qu’un étudiant de Lwów/Lviv aura acquis l’ouvrage lors d’un désherbage (ou de façon moins honnête…), et que, venu en France dans le cadre de ses études, il aura pu vendre l’ouvrage pour se faire un peu d’argent. Ce n’est bien sûr qu’un cas de figure possible. Les élites polonaises, comme d’ailleurs les élites européennes, sont alors encore largement francophiles et francophones – en témoigne la présence dans la salle de lecture académique d’une édition de Kant en français. Le poète Adam Mickiewicz (1798-1855), le compositeur Frédéric Chopin (1810-1849), la scientifique Marie Curie, née Sklodowska (1859-1906) sont des figures bien connues aujourd’hui de personnalités polonaises du XIXe siècle ayant passé une grande partie de leur vie en France. Les relations culturelles étroites entre les deux pays fournissent un cadre privilégié, pouvant facilement expliquer que le livre en question ait traversé les frontières pour se retrouver à Paris.
La suite de l’histoire, c’est le libraire Patrick Hatschuel qui la raconte à l’AFP : acheté à Lucien Bodin par un client inconnu, l’ouvrage passe ensuite dans d’autres mains (mais combien ?), jusqu’à l’héritier de son dernier propriétaire, qui décide de le revendre au libraire. Avant que celui-ci ne le cède à son tour à la présidence de la République française, laquelle l’offre ensuite au pape François en cet automne 2022.
Livre, patrimoine et identité
En définitive, il semble bien compliqué de déterminer à qui l’ouvrage devrait être rendu, s’il doit l’être à quelqu’un. De nombreuses voix polonaises se sont élevées pour le réclamer. Mais la présence de ce tampon attestant une ancienne propriété polonaise suffit-elle à justifier une telle requête ? N’y a-t-il pas d’autres pays qui pourraient légitimement en réclamer la possession ? Attention les propositions de réponse qui suivent sont volontairement provocatrices, ça s’appelle un raisonnement par l’absurde. L’Autriche, puisque Lwów appartenait alors à l’Empire des Habsbourg ; l’Ukraine, puisque c’est dans ce pays qu’est aujourd’hui située la ville de Lviv ; l’Allemagne, puisque l’ouvrage a été fabriqué à Königsberg, qui appartenait alors à la Prusse ; et même la Russie, tiens, puisque, après tout, Königsberg, c’est aujourd’hui Kaliningrad.
L’histoire de l’Europe orientale est complexe : les questions de patrimoine et d’identité aussi. Les livres font partie du patrimoine, bien sûr, surtout les livres d’une telle ancienneté et d’une telle rareté. Il peut sembler normal, pour un peuple ou une nation, d’en revendiquer la propriété. De ce point de vue la réclamation exprimée par certains Polonais rejoint celles des anciennes colonies qui demandent depuis des décennies que les musées européens leur rendent les objets d’art pillés durant la colonisation. Il y a cependant une différence : c’est que, contrairement à ce que certains ont affirmé, et du moins jusqu’à ce que cela puisse être prouvé, le passage du livre de Lviv à Paris ne s’est pas fait par le biais d’un pillage ou d’une spoliation.
Il faut ici rappeler qu’un livre possède une double valeur : symbolique et matérielle. La valeur symbolique, c’est celle du contenu, de l’œuvre elle-même, de la plus ou moins grande puissance du message qu’il contient, de l’influence qu’il a pu avoir, tout autant que de la dimension patrimoniale qu’il peut recéler ; la valeur matérielle, c’est celle du contenant, de l’objet, cet assemblage prosaïque de papier, d’encre, de carton voire de cuir, qui n’est finalement qu’un produit comme un autre – n’était sa valeur symbolique –, qui s’échange sur un marché.
C’est ce qui est arrivé à l’exemplaire offert par Emmanuel Macron au pape : acheté au libraire Nicolovius, il a rejoint la salle de lecture académique, laquelle l’a vraisemblablement a son tour vendu, puis s’est retrouvé chez un autre libraire, Lucien Bodin, qui lui-même l’a revendu à un client, avant qu’une troisième libraire, Patrick Hatchuel, n’en fasse à son tour l’acquisition pour le revendre à l’Élysée… À moins donc de prouver que l’ouvrage a bien été acquis frauduleusement à une étape de son itinéraire, il est évident qu’il appartient, selon les logiques du marché du livre en vigueur depuis au moins le XVIIIe siècle, au dernier acquéreur en date. Et non à tel ou tel pays, à telle ou telle nation. N’en déplaise à tous les hérauts du nationalisme éditorial.
Certes, l’itinéraire ainsi retracé contient bien des lacunes. On ne sait ni comment l’exemplaire a rejoint les collections de la Salle de lecture académique de Lwów, ni comment il les a quittées pour se retrouver au milieu des traités d’occultisme et autres études sur les sorcières de la librairie Lucien Bodin. Comme souvent, les sources manquent pour faire une histoire complète du livre et, si elles existent, elles sont pour des raisons évidentes dispersées entre la Prusse orientale, la Galicie et l’Île-de-France. On en est donc, sur certains points, réduit aux conjectures. Mais en tout état de cause, ce cas montre, une fois de plus, qu’en faisant un peu plus d’histoire, et un peu moins de polémique, on s’éviterait bien des indignations infondées et bien des crises d’hystérie inutiles. Et on marcherait ainsi peut-être plus fermement sur la voie de cette paix perpétuelle rêvée par Kant il y a plus de deux siècles.