De notre confrère laculturegenerale.com – Par Adrian
Le récit du mythe d’Osiris est surtout connu par un ouvrage, le Traité d’Isis et d’Osiris, d’un auteur grec, Plutarque (46 – 125 ap. J.-C.).
Comme le rappellent Nadine Guilhou et Janice Peyré (La Mythologie égyptienne), on retrouve aussi des mentions du mythe d’Osiris dans des textes égyptiens, comme le Grand Hymne à Osiris, qui se trouve sur une stèle du Louvre, ou le papyrus de Jumilhac, ainsi que d’autres textes épars.
La naissance d’Osiris
Osiris est le fils de Nout (que Plutarque assimile à Rhéa), déesse du ciel, et de Geb (équivalent de Cronos), dieu de la Terre. Cette union n’a pas échappé à Rê, le dieu du Soleil, qui voyait tout, et qui en est entré dans une grande colère. Il fit contre elle une imprécation : elle ne pourrait accoucher dans aucun mois ni dans aucune année. Plutarque raconte donc que Thot (l’équivalent d’Hermès), qui aimait Nout et qui en était bien traité, joua avec la Lune et lui gagna la soixante-dixième partie de ses clartés, dont il tira cinq jours échappant au regard de Rê : Nout pouvait accoucher. Nout eut de Geb quatre enfants en quatre jours dont Osiris était le premier.
À sa naissance, une voix retentit annonçant l’arrivée du maître de toutes choses. Selon une autre légende, un certain Palmylès, de la ville de Thèbes, étant aller chercher de l’eau dans un temple, entendit une voix qui lui demanda d’annoncer qu’Osiris, « le grand roi, le bienfaiteur de l’univers » était né. Geb ordonna à Palmylès de nourrir l’enfant. Selon Plutarque, Osiris était, pour les prêtres égyptiens, la source de toute humidité, la source de toutes productions, la susbtance des germes. Il incarnait le Nil.
Les Égyptiens disaient qu’Osiris était noir de son vivant parce que l’eau donne une teinte noire à la terre. Nadine Guilhou et Janice Peyré ajoutent qu’Osiris était beau, plus grand que tous les hommes (d’une taille de 4,5 mètres), que ses membres étaient d’or, que sa coiffure était de lapis-lazuli et que sa couronne était turquoise.
Le nom Osiris est transcription du grec ancien Ὄσιρις, étant lui-même une transcription de l’égyptien wsjr (asar, ousir, etc. en égyptien ancien). En hiéroglyphe, Osiris est représenté à l‘aide du signe de l’œil et de celui du trône.
Osiris : dieu civilisateur
Selon la légende rapportée par Plutarque, Osiris, roi du monde, était juste et sage. Il enseigna aux hommes l’agriculture. Parcourant la terre, il les sortit d’une vie misérable, leur apprit à honorer les dieux, à construire des villes, à rendre la Justice. En d’autres termes, Osiris civilisa les hommes, en adoucissant leurs mœurs, et les attira à lui par la force de la persuasion, par la parole et la musique, sans avoir souvent besoin des armes. Pour cette raison, dit Plutarque, il fut parfois pris par les Grecs pour l’équivalent de Bacchus.
Pendant qu’il parcourait la terre, Isis, la sœur d’Osiris, née le quatrième jour, administrait le royaume. Isis était aussi l’épouse d’Osiris, avec laquelle il se serait uni dans le sein même de Nout, pendant leur gestation, pour donner naissance à Horus l’aîné, appelé aussi le vieux Horus. Selon les Égyptiens, Isis incarnait la terre nourrie par le Nil, c’est-à-dire fécondée par celui qui incarnait le Nil, Osiris. Thot était un ministre d’Osiris.
Le complot de Seth
Seth (Typhon selon Plutarque), né le troisième jour, était jaloux de son frère Osiris. Contrairement à son frère, Seth incarnait la force brutale et le goût des armes. En tant que cadet, il régnait sur les régions non civilisées du monde, c’est-à-dire, pour les Égyptiens de l’Antiquité, le désert.
Pendant l’absence d’Osiris qui soumettait et civilisait le monde, Seth organisa une conjuration à l’aide de soixante-douze complices et la reine d’Éthiopie, Aso. Seth prit furtivement les mesures d’Osiris, et fit fabriquer un coffre à sa taille, richement orné.
Il donna un festin en l’honneur d’Osiris et, à cette occasion, présenta ce coffre. Faisant mine de plaisanter, il dit qu’il en ferait cadeau à celui qui se coucherait, et qui se trouverait de la même grandeur. Bien sûr, le coffre ne convint à personne sauf à Osiris. Au moment où ce dernier s’y coucha, les conjurés se précipitèrent sur le coffre, clouèrent le couvercle et le scellèrent à l’aide de plomb fondu. Les conjurés jetèrent ensuite le coffre près à l’embouchure du Nil, dans la branche proche de la ville de Tanis (non loin de la Port-Saïd actuelle). Ce complot aurait lieu au cours de la 28e année du règne d’Osiris, ou lorsqu’il avait 28 ans.
La recherche du corps par Isis
Le peuple fut terrifié à l’annonce de la nouvelle, et le monde fut menacé de plonger dans le chaos. Isis se coupa une mèche de cheveux et prit une robe de deuil. La déesse partit à la recherche du coffre d’Osiris. Elle rencontra un jour des enfants qui lui indiquèrent à quelle branche du Nil Seth et les conjurés jetèrent le coffre. De là vient l’opinion où sont les Égyptiens que les enfants ont la faculté de deviner ; et ils tirent des présages des paroles qu’ils leur entendent prononcer au hasard dans les temples Plutarque Au cours de sa recherche, Isis a notamment appris que Osiris s’était uni à Nephtys, une autre de ses sœurs, née le quatrième jour, parce qu’il l’avait pris pour Isis.
De cette union était né Anubis, qu’Isis a protégé de Seth, et pris pour gardien et compagnon. Isis apprit en suite au cours de sa recherche que le coffre avait été porté par les flots de la mer près de la ville de Byblos (au Liban actuel). La déesse ramena le coffre à Sebennytos, où Horus était élevé. Selon une autre version de la légende, Isis parvint à réveiller le phallus d’Osiris, malgré sa mort, pour être fécondée. Isis, qui avait pris la forme d’un milan, s’unit à son époux défunt pour donner naissance à Horus, fils d’un père mort, et héritier du royaume. Celui-ci dut être caché de la fureur vengeresse de Seth.
Seth coupe le corps d’Osiris en morceaux
Toutefois, Seth retrouva le coffre et coupa le corps d’Osiris en quatorze parties qu’il dispersa ça et là. Selon d’autres versions, Seth le découpa en vingt-six ou quarante-deux parties. Isis élevait des sépultures à chaque endroit où elle retrouvait des morceaux du corps d’Osiris.
Selon Plutarque, c’est la raison pour laquelle il y a plusieurs tombeaux d’Osiris en Égypte. Selon une autre hypothèse, Isis aurait fait plusieurs représentations du dieu qu’elle envoya aux différentes villes d’Égypte en leur faisant croire que c’était des morceaux du corps divin. Chaque région d’Égypte disposant d’un morceau du corps d’Osiris était assurée de la fertilité de ses terres. Le sanctuaire le plus prestigieux, parce qu’il gardait la tête d’Osiris, se trouvait à Abydos. Dans cette ville avait lieu un festival pendant lequel les principales étapes du martyre d’Osiris étaient rejouées.
De toutes les parties du corps d’Osiris, seul le phallus manquait, parce que Seth l’avait jeté dans le Nil, où il fut dévoré par des poissons, le lépidote, le pagre et l’oxyrinche, que les Égyptiens avaient donc en horreur. Isis fit faire une représentation du phallus d’Osiris, et les Égyptiens le célébrèrent. La déesse, munie de tous les morceaux du corps de son époux, le reconstitua à l’aide de morceaux de papyrus. Des épis de blé naissaient de son corps reconstitué. Ses humeurs (les liquides de son corps), recueillies dans le vase senou, se sont répandues en Égypte pour nourrir la terre et faire gonfler les eaux du Nil. Selon une autre version, c’est Anubis qui se chargea de reconstituer le corps d’Osiris, et de le momifier.
Osiris au royaume des morts
Osiris, reconstitué, partit en Occident pour régner au royaume de morts, là où disparaît le soleil. Il reçut des attributs royaux, un sceptre, un chasse-mouches et la crosse de berger. Son corps, reconstitué, était entouré de bandelettes, et sa peau devint verdâtre ou noir, couleurs de la régénération de la nature.
Signification du mythe
Osiris symbolise le prolongement de la vie, de l’ordre et de la civilisation après la mort. Sa mort et sa renaissance symbolisent le cycle de la vie. Les Égyptiens lui attribuaient le rôle de juge des morts, dont il pesait les actes. Osiris est un dieu attesté tardivement. Son nom est attesté, parmi les mentions les plus anciennes, sur le linteau du tombeau d’une princesse égyptienne, vers 2450 av. J.-C. (Hélène Bouillon, Les 100 mythes de l’Égypte ancienne).
La vengeance d’Horus
Osiris apparut des enfers à son fils Horus. Il lui demanda quel était l’action la plus glorieuse. Horus lui répondit :
C’est, répondit Horus, de venger les torts qu’auraient essuyés un père et une mère.
Son père lui demanda ensuite quel animal était selon lui le plus utile à la guerre. Ce à quoi Horus répondit que c’était le cheval. Osiris, surprit, lui demanda pourquoi il n’avait pas choisi le lion. C’est, répliqua Horus, que le lion est utile à ceux qui n’ont besoin que de défense ; mais avec le cheval on poursuit son ennemi et on le tue. Faisant suivre les actes de la parole, Horus rassembla des Égyptiens et commença un combat contre Seth, qu’il finit par vaincre. Isis libéra cependant Seth de ses chaînes, ce qui indigna Horus, qui porta la main sur sa mère, et lui arracha les marques de la dignité royale. En compensation, Thot lui donna un casque en forme de taureau. Horus, qui avait vengé son père, devint à son tour le maître du monde.