Roger Dachez – Éditions Dervy, 2021, 192 pages, 19,90 € – Format Kindle 13,99 €
Présentation de l’éditeur :
La maçonnerie du XVIIIe siècle hésitait entre la poursuite du mythe templier, la philosophie des Lumières et la découverte des troublants mystères de la théurgie.
C’est à Lyon, dans le paisible milieu des soyeux que l’un d’entre eux, Jean-Baptiste Willlermoz (1730-1824), va réaliser la synthèse qui verra naître le Rite Écossais Rectifié (RER), un système maçonnique à nul autre pareil.
Spiritualiste et chrétien dans une maçonnerie qui allait s’engager dans la voie de la politique et du laïcisme, le RER disparaît presque entièrement au XIXe siècle. C’est au début du XXe siècle, en pleine crise entre l’Église et l’État, un affrontement où la franc-maçonnerie tient le premier rang parmi les opposants au catholicisme, qu’il fait sa réapparition, presque à contre-courant de tout.
Ayant toujours réuni des esprits singuliers et engagés, son histoire est à l’image de celle de la France au cours des deux derniers siècles : passionnée et parfois contradictoire.
Cet ouvrage en propose une vision d’ensemble, servie par une iconographie remarquable.
Biographie de l’auteur :
Médecin et universitaire, Roger Dachez a été chargé d’enseignement à l’Université Paris 7- Denis-Diderot et président de l’Institut Alfred Fournier à Paris. Président de l’Institut Maçonnique de France (IMF) depuis sa fondation en 2002, il est aussi membre du Comité scientifique du musée de la Franc-Maçonnerie à Paris et Contributing Member de la Scottish Rite Research Society (Washington). Parallèlement, il dirige depuis 1992 la revue d’études maçonniques Renaissance Traditionnelle, créée en 1970. Considéré comme un historien majeur de la franc-maçonnerie, il est l’héritier de la méthode historique appliquée par son maître et père spirituel René Guilly (René Désaguliers). Depuis près de trente ans, il a présenté de nombreuses conférences en France et en Grande-Bretagne et il est l’auteur de nombreux articles de recherche sur les origines historiques et les sources traditionnelles de la franc-maçonnerie, publiés dans des revues françaises ou étrangères. Nous lui devons une vingtaine d’ouvrages, et notamment : L’Invention de la franc-maçonnerie (Véga, 2008), Régularité et reconnaissance, histoire et postures (Conform, 2015), mais également plusieurs volumes de la Collection « Que sais-je ? » aux Presses Universitaires de France – dont : Histoire de la franc-maçonnerie française (2003), Les 100 mots de la franc-maçonnerie (avec Alain Bauer, 2007), Le Rite Écossais Rectifié (avec Jean-Marc Pétillot, 2010). Plus récemment, il a publié un important volume sur la Nouvelle histoire des francs-maçons en France (avec Alain Bauer, Tallandier, 2020) ainsi que Les francs-maçons en 100 questions (Talllandier, 2021) et, en codirection avec Alain Bauer, Au coeur des loges – Le Livre de la franc-maçonnerie II (Que sais-je ?, 2021).
[NDLR : Depuis le 21 avril 2018, Roger Dachez est président des Loges Nationales Françaises Unies (LNFU), regroupant les Frères et les Sœurs de la Loge Nationale Française (LNF) et de la Loge Nationale Mixte Française (LNMF) dans une seule et même Obédience.
Reconnaissons-lui aussi un grand talent, bien au-delà de sa pédagogie : celui d’être un vulgarisateur sachant s’adapter à très large public tant maçonnique que profane – du latin profanus, de pro « devant » et fanum « lieu consacré » -, avec un souci permanent de transmettre.
Le moins que nous puissions dire c’est que le Président de l’Institut Maçonnique de France n’est pas triskaïdékaphobe… C’est-à-dire qu’il ne souffre pas de la peur du nombre 13, si souvent associé au malheur, même si on accorde peu de crédit en France à cette superstition aux origines floues, puisqu’il nous fait voyager au sein du Rite/Régime Écossais Rectifié en TREIZE chapitres !
Pour votre plus grand profit et plaisir, en voici d’ailleurs la table des matières :
Remerciements
Avant-propos
Chapitre I : Les sources françaises
Chapitre II : La franc-maçonnerie « écossaise » au XVIIIe siècle
Chapitre III : L’illuminisme maçonnique
Chapitre IV : La légende templière et la Stricte Observance
Chapitre V : Les pères fondateurs (I) – Martinez de Pasqually
Chapitre VI : Les pères fondateur (II) – Jean-Baptiste Willermoz
Chapitre VII : Les pères fondateurs (III) – Louis-Claude de Saint-Martin
Chapitre VIII : Structures et rituels rectifiés de 1775 à 1809
Chapitre IX : Renaissance et déclin de l’Ordre rectifié au XIXe siècle
Chapitre X : Le retour du RER et la création d’une obédience « régulière » (1910-1913)
Chapitre XI : Le RER en France de 1913 à la Seconde Guerre mondiale
Chapitre XII : Le timide réveil de l’après-guerre jusqu’à la création de la GLNF-Opéra
Chapitre XIII : Le RER depuis les années 60
Conclusion : Problèmes et perspectives du Rite Écossais Rectifié en France
Bibliographie sommaire
En premier lieu, les remerciements s’adressent à Catherine pour sa relecture ainsi qu’à Pierre Mollier, conservateur du musée de la franc-maçonnerie pour l’autorisation de reproduire plusieurs illustrations. Ronan Loaëc, photographe et auteur des très beaux clichés, en bénéficie tout autant.
Car la riche illustration est belle et bien désormais une labellisation des éditions Dervy, une marque du groupe Guy Trédaniel (cf. l’interview de Jean-Cyrille Godefroy, directeur éditorial, de mars 2021 sur le site GLNF rubrique « Rencontres » https://www.glnf.fr/)
Le but du dernier opus de Roger Dachez est de présenter une synthèse qui prend en compte les derniers éléments connus sur le Rite/Régime et de donner une vue d’ensemble d’un système maçonnique dont une partie n’est toujours ostensible (la fameuse classe de la Profession et de la Grande Profession). L’auteur nous offre ainsi une vision d’ensemble historique et doctrinale des plus complètes, tant pour le cherchant rectifié que pour celui pratiquant un autre rite.
Pour mémoire, le rite a quelques spécificités, comme les Trois Grandes Lumières que sont le Soleil, la Lune et le Vénérable Maître. De même au Rite Écossais Rectifié, l’Équerre et le Compas sont disposés sur l’Autel du Vénérable Maître à côté de la Bible et sont toujours entrelacés de la même manière, la branche droite du compas au-dessus de l’équerre, la branche gauche au-dessous. quel que soit le Grade auquel la Loge travaille.
Bien au-delà de cela, le livre retrace la cohérence d’un rite élaboré, en France, à la fin du XVIIIe siècle par des Francs-Maçons qui ont su « produire » un système à partir de matériaux symboliques et rituels d’origines différentes en en faisant une œuvre homogène, pédagogique et initiatique.
C’est l’objet des trois chapitres traitant des pères fondateurs.
Avec le théosophe thaumaturge Martinès de Pasqually (c. 1727-1774), véritable père spirituel, qui avait titré, en 1770 un énigmatique livre titrant à l’époque « La Réintégration et la réconciliation de tout être spirituel avec ses premières vertus, force et puissance dans la jouissance personnelle dont tout être jouira distinctement en la présence du Créateur. », ouvrage qui ne fut imprimé pour la première fois qu’en 1899.
Puis avec Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), ce grand Maçon lyonnais, initié à l’âge de 20 ans. Il rencontre Martines de Pasqually en 1767 et, séduit par sa personne et sa doctrine, devient l’un de ses disciples. Animateur des Élus Coëns de Lyon, il devient également Chancelier de la province d’Auvergne de la Stricte Observance dite Templière (SOT). Conscient de la nécessité d’une profonde réforme de la Maçonnerie, Jean-Baptiste Willermoz va être le principal instigateur avec Jean de Turckheim du « Renouvellement de l’Ordre » et de la création du Rite Écossais Rectifié, pratiqué encore aujourd’hui par près de 8000 Maçons en France.
Sans oublier le « philosophe inconnu », un nom que devait garder pour la postérité Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803).
Cette genèse du Rite Écossais Rectifié etle contexte maçonnique français – aujourd’hui nous dirions le paysage maçonnique français (PM) -, depuis l’apparition de la Franc-Maçonnerie spéculative, installée en France à partir de 1725, permettent de mieux appréhender le RER, dans une anarchie naissante de hauts grades dès le milieu du dix-huitième siècle… Une origine que nul ne peut ignorer depuis qu’en 1754 le baron de Hund (1722-1776) a fondé à Dresde en Allemagne une Maçonnerie chevaleresque ayant pour finalité la restauration de l’Ordre du Temple.
Si Jean-Baptiste Willermoz était convaincu que le but réel de la Maçonnerie est « d’éclairer l’homme sur sa nature, sur son origine et sur sa destination », gageons que cet ouvrage sera un guide pour comprendre ce qu’a été la rectification, ce qu’elle est encore et ce qu’elle sera toujours. Ce très beau et exigeant rite maçonnique se situe dans une perspective ésotérique qui transcende le Maçon.]