sam 23 novembre 2024 - 18:11

Toucher le pompon ou recevoir son salaire ?

Touchez le Pompon ! Ça porte bonheur ! Il y a une croyance qui perdure au fil des décennies, c’est celle qui prétend que toucher le pompon du béret d’un marin de la Marine Nationale porte bonheur. Mais attention, il ne s’agit pas d’opérer sans habileté… Il faut en effet toucher le pompon avec l’index gauche et sans que le marin s’en aperçoive. C’est alors l’assurance de vingt-quatre heures de chance !

Certains timides hésitent à franchir le pas. D’abord parce que sur terre le marin marche vite, dans la hâte de se dégourdir les jambes avant de rejoindre son enseigne qui va repartir en mer pour de longues journées et des nuits d’attente sans fin… C’est pourquoi surprendre un marin exige de savoir caler son pas sur le sien tout en restant discret dans l’approche ! Il faut garder l’œil sur l’horizon des pompons bien alignés lors des défilés officiels, mais le jeu mérite son salaire : en effet si dans une seule et même journée vous réussissez à toucher trois pompons, nombre symbolique par excellence, ce sont trois semaines de chances qui s’ouvrent alors devant vous !

Mais attention ! Si le matelot s’aperçoit qu’il est suivi par une jeune dame, il peut exiger un baiser de la belle… mais il n’est point sûr que cette tradition coquine résiste aujourd’hui à une probable dénonciation « en ligne » avec le # metoo. Prudence ! Prudence !

En loge, lorsqueles travaux s’achèvent, que la soirée s’est bien déroulée, que les débats leur ont plu, bien des Maçons ou Maçonnes se sentent obligés d’en témoigner en disant avec effusion : « J’ai reçu mon salaire ! ». La coutume est charmante, mais un peu anachronique, car personne, au contraire des ouvriers du monde médiéval, ne vient en ces lieux pour édifier une cathédrale… La déclaration étonne donc un peu, au moins les jeunes esprits qui n’ont connu ni les chantiers des cathédrales ni même apprécié les bons moments de la condition ouvrière aux grandes heures de la grande industrie capitaliste triomphante…

Pour faire évoluer le rituel – et vu que les tenues cherchent à transmettre le goût de construire ensemble des œuvres de l’esprit, que l’entreprise s’avère souvent difficile et que la réussite n’est pas toujours au rendez- vous -, nous ne pouvons suggérer pour autant que soit substituée la formule de satisfaction : « Mes S⸫, Mes F⸫, ce soir j’ai touché le pompon ! ». Il pourrait sous-entendre une équivoque qui pourrait bien n’être ni vraiment fraternelle ni si joyeuse que cela !

Sans autre forme de procès, préservons donc ces mots déclaratifs, rassurants même s’ils sont hors du temps. « J’ai reçu mon salaire ! » porte l’avantage de l’enrichissement et donc le droit, que dis-je le devoir, lors du passage du tronc hospitalier, que l’officier qui tend la sébile marque un arrêt insistant devant le visiteur et qu’enfin se profile le bel espoir de récupérer autre chose, ce soir-là, que de la menue monnaie !

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Claude Laporte
Claude Laporte
Cursus universitaire en Droit public, Organisation du travail, et Sociologie Politique. (Maîtrise en Droit Public (1972), à la Faculté de Bordeaux. Chargée de cours sur la « Sociologie Politique et des Institutions Internationales » aux élèves de 1ère Année de Droit (1972/1973). Puis, intégration professionnelle au sein de l’Assurance Maladie. Dernier poste occupé : Responsable de la Communication à la Direction des Systèmes d’Information à la CNAMTS. Autres diplômes : DESS Systèmes d’Information; DEA «Communication, Technologies et Pouvoir » (Université Paris-Sorbonne). Par ailleurs : des engagements dans le domaine associatif et culturel. Depuis mars 2020 une activité écriture/publications avec la création et l’animation du blog EMEREKA, journal d’opinions et d’humeurs ..

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