Écoute, je ne sais pas pour toi, mais moi, parfois je m’ennuie en tenue. Oui, quand j’entends une planche monocorde, sans saveur, aux reliefs émoussés, je n’apprends pas grand-chose ; alors, je n’avance pas.
Je me soumets aux formes profanes, l’académisme et l’encyclopédisme ravageurs. Relents scolaires sont nos comme tous victimes ; au collège comme à l’université, nous avons appris à nous taire ; révérencieux du « conférencier », comme on dit parfois dans certaines loges. On ne l’interrompt pas car il est car il est censé détenir la loi du savoir. La leçon sinistre fondée sur l’érudition, ses opinions ou ses propres connaissances. Bonjour bonsoir, messieurs et mesdames les historiens de la franc-maçonnerie et des vagabondages symboliques hasardeux ! Et, scolarité oblige, plus le conférencier parle bien : ton, débit, métaphores, effets de manche…réussis plus nombreux sont les Sœurs et les Frères qui sont enthousiastes. Ne reconnaissent-ils pas ; dans la sécurité et le plaisir le gabarit multi séculaire de la scolarité ? Et cette continuité qui permet de remonter aux jeunes années d
de la scolarité. Si nous continuons ainsi, nous allons sombrer, lors du grand « effondrement » annoncé, dans ce cul de bas de fosse pédagogique affirmé par les fumeuses Lumières. Remuons tout ce fatras et fonçons vers une andragogie (et toc, érudition ! c’est la pédagogie des adultes-).
Que ressent-on à l’écoute de ce modèle vieilli ? Et pour fuir la tristesse du modèle évoqué ci-après, comment faire pour trouver une pratique qui corresponde au génie de la franc-maçonnerie ?
Rappelle-toi toutes les fois où tu te sentis enfermé dans la prison triste des mots convenus et des idées reçues. Avec joie d’ailleurs née dans la sécurité des choses convenues. Tous les ingrédients de la mauvaise cuisine maçonnique mijotaient dans la platitude de laborieux efforts. Les voici en une sinistre enfilade. D’abord, une dégoulinade de savoirs ; ensuite, des références historiques ; enfin la lecture elle-même, qui ne pimente pas le discours, le plat alors réchauffé. Les anciens ronflent ! Alors qu’il s’agit de faire l’inverse : des émotions personnelles lisibles sous les idées, et juste quelques notes pour laisser un peu d’improvisation.
Les émotions ! Souvent en pagaille, volte-face et glissandos ; .J’entends les rétifs, les tenants de l’ordre: « mais ça va être décousu ! ». Dirimant : « I », Savant : « Pas de citations d’auteurs, ça manque de solidité ! » Est-ce ton avis ? C’est celui de beaucoup d’entre nous.
Mais moquons-nous de tous ces arguments d’une rhétorique chenue Au diable les autoroutes du raisonnement : vivent les lacis du cœur. Et il ne s’ouvre pas, ce cœur, c’est qu’il coincé, enfermé, castré dans une geôle dont nous sommes les barreaux tenaces ; Voici donc la lecture fastidieuse er réchauffée de quelques pages soigneusement rédigées. Laissons-nous respirer ! Vivre pour échanger nos joies, nos peurs, nos tremblements, nos plaisirs et nos découvertes intimes.
Comment mener une planche qui échappe aux rides et aux fripures ?
J’ai eu a chance en 52 ans de maçonnerie de travailler dans des loges frissonnantes de nouveautés bienvenues/ Au revoir le « conférencier » Et encore plus, un salut définitif à l’orateur. La grandeur exotique de ce mot draine les voix de Démosthène, de de Gaulle Mais, dans la bouilloire des maladresses agglutinées, le vol et le viol du plateau de l’orateur de la loge Cet Orateur, qui ne cesse de rappeler à tous que depuis notre plus jeune âge la Loi fait partie des conditions de vie dans la meute humaine. Et on y place, une Sœur, un Frère qui va lire trois feuillets. C’est la déroute d’un foutoir symbolique mal digéré.
Alors bazardons ce dispositif : D’abord le « plancheur » est debout entre les colonnes Pourquoi ? Parce qu’il est dans l’axe qui le mène des parvis au symbolique. Car il mêlera les deux sans s’en douter. Ensuite, il-elle commence : « Vénérable Maitre. Et vous tous mes Sœurs et mes Frères en vos grades et qualités. Le sujet que je vais traiter. »
Ca y est, ça recommence, la méthode miséreuse de nos ancêtre maçons Le retour dans les couloirs mal aérés de la transmission rigide, voire autoritaire.
Enfin, cherchons la pratique convenable à une loge qui se prépare pour demain. Partons de l’idée maçonnique qu’une loge est une symphonie de l’expression de tous ses membres, qui ont l’âge dès lors que le rituel est respecté. TOUS ses membres.
Conclusion :
Ce sont les Frères / Sœurs des colonnes qui prennent la parole les premiers avant la planche Proprement dite. Puis vient le temps où les colonnes sont muettes Alors, le plancheur, sans papier, ne dégoise pas, Il fait jouer le premier violon, celui des émotions, des sentiments Il réagit à ce qu’il a entendu qu’a-t-il savouré ? Sur quel point reste-t-il coi ? Qu’est-ce qui l’a hérissé, Sur quoi n’est-il pas d’accord ? Il a été remué : quand et pourquoi ?
Ce dispositif n’est pas une billevesée : Des loges, rares encore, l’ont adopté Car il répond à une lecture actuelle et à venir des relations de transmission. Mais surtout il n’est pas vaporeux, éthéré : il existe déjà, en évidence patente. Il concourt à un résultat : fondre le devoir neutre de la fraternité psalmodiée et faire s’épanouir le bleuet qui nait dans nos cœurs !